Ce que je suis devenu ✔️

Chapitre 6

Point de vue Izuku

Je suis seul, perdu au milieu d'une immensité de noir. Où que se porte mon regard, je ne vois rien d'autre.

- Ressaisi toi Izuchou ! Tu en es capable. Ne te laisse pas dominer. Tu es fort et capable de surmonter cet obstacle, me hurle une voix.

Je n'y prête pas attention, trop occupé à tenter de sortir de cet endroit. J'ai une impression d'oppression ici. Ça ne me plaît pas. À chaque pas que je fais, j'ai l'illusion de marcher sur place. C'est à en devenir fou.

Brusquement, je sens quelque chose sur mes lèvres. Je ferme les yeux et tente de chasser cette sensation. Mais rien n'y fait. Lorsque je me décide enfin à les rouvrir, ce monde sombre a disparu. À la place Toga est face à moi, ses mains sur mes joues et elle m'embrasse. Elle finit par s'écarter de moi.

- T-Toga ? Je... Qu'est-ce que...

Je ne comprends pas. Que s'est-il passé ? Je tourne la tête et avise Todoroki à terre, blessé. Je regarde à nouveau la blonde. Ses mains n'ont pas bougé de place. Elle les retire vivement.

- Je... Ne me dis pas que j'ai...

Non pitié pas ça. Ça ne peut pas être vrai. Ce n'est pas possible. Je n'ai plus rien depuis un long moment : ça devrait être fini.

- Si, Izuchou. Tu as recommencé.

Les jambes tremblantes, je m'éloigne et m'approche de celui qui a été ma victime et de Dabi, à son chevet. Je m'accroupi pour être à sa hauteur.

- Il... Est-il...

J'ai peur de sa réponse. Je sais que c'est tout à fait possible, que mon pire cauchemar se soit réalisé.

- Non, répond simplement le brûlé. Mais je ne sais pas quand il se réveillera. Ça peut être dans une heure comme dans cinq. Je vais le mettre dans une des chambres à l'étage et demander à quelqu'un de plus expérimenté que moi de l'examiner.

Il attrape le corps inconscient. Et monte à l'étage.

Malgré un grand sentiment de soulagement, je suis tout simplement effondré. Je n'arrive même pas à me relever. Je tente de réfréner les petits sanglots que je sens monter en moi. Toga, je suppose, m'enlace délicatement.

- Tu peux pleurer Izuchou. Je ne le dirais à personne.

Après chaque crise, je suis tout simplement lamentable. Je me morfonds et broies du noir. J'ai beau essayer de ne pas craquer c'est plus fort que moi. Comme si la violence dont j'avais fait preuve quelques instants auparavant avaient besoin d'être compensée. Je me retourne et enfui ma tête dans son épaule, rendant les armes face aux larmes qui roulent maintenant sur mes joues. Je m'agrippe à son pull. Je ne veux pas qu'elle m'abandonne. J'ai peur. Peur de la réaction des autres lorsqu'ils apprendront ce que s'est passé. Peur qu'ils me chassent. Peur que Todoroki ne s'en remette pas. Peur de moi-même et de ce dont je suis capable quand je suis dans cet état.

Toga me laisse faire. Jamais je ne pourrais assez la remercier pour tout ce qu'elle fait pour moi. Sans elle, je ne sais pas ce que je deviendrais.

Je m'écarte d'elle, les yeux encore un peu humides.

- Pardon, je murmure.

- Ne t'inquiète pas pour ça. Viens, on va rejoindre les autres. On n'a pas encore fini la visite. Et je veux voir le jardin. Il a l'air super grand.

Elle se lève et me tend la main avec le sourire. Je sais qu'elle fait ça pour me réconforter. J'attrape sa main et me mets sur mes pieds.

- Tu sais quoi ? Reprend-elle d'une voix surexcitée. On va aller le visiter tout de suite. Comme ça on sera bien tranquille rien que tous les deux.

Je reconnais bien là la Toga que j'ai vu la première fois. Une vraie gamine doublée d'une folle.

- Si tu veux, je réponds.

En vérité ça m'arrange. Je dois encore avoir les yeux rouges et je ne me sens pas capable de faire face aux regards interrogateur du reste du groupe. Pas tout de suite.

Nous sortons par la grande porte-fenêtre que j'avais aperçue quelques instants auparavant, située derrière les escaliers. La lumière m'éblouit quelque peu.

- Izuchou viens voire, c'est trop beau.

Mes yeux finissent par s'habituer à la luminosité. C'est vrai que c'est magnifique. Une grande pelouse verte s'étend devant nous. Au centre, un petit chemin en pierre rejoint une fontaine en marbre. De chaque côté du point d'eau, une autre voie part et donne je ne sais où. Un grand nombre de haie et de buissons parsème le gazon. Toga est légèrement devant moi et se dirige vers le point d'eau où elle s'installe sur le rebord. Elle tapote la place à côté d'elle.

- Viens t'asseoir.

À peine me suis-je assis qu'elle repart déjà, empruntant l'allée de gauche. J'esquisse un mince sourire. Ça au moins c'est une chose qui ne changera jamais. La blonde est une boule d'énergie à l'état pur. Elle est incapable de rester en place plus de cinq minutes.

Je retire mon gant et laisse ma main tremper. La sensation de froid me fait du bien et m'aide à éclaircir mes idées. Je ferme les yeux et profite simplement de l'instant.

- Oh Izuchou c'est trop mignon ici.

Ça y est qu'est-ce qu'elle a encore trouvé ? Je me lève lentement et remet mon gant. Je m'approche de la source de sa voix. Une fois que je l'ai rejoint, je ne peux que lui donner raison.

En face de moi se tient une haie taillée de manière à former une arche. Au-delà de cette sculpture, j'aperçois une petite table et fer accompagnée de quelques chaises dans le même matériel. Le tout est élégamment décoré. Derrière cet ensemble, un petit banc en bois blanc est visible. Nous nous dirigeons vers ce dernier et nous y installons.

Curieusement, pour une fois, elle reste calme et se contente de se coller à moi.

Depuis que j'ai refait ma crise, une idée me tourne en tête. Je sais que je dois lui dire, et surtout mettre en application cette idée. Mais je sais aussi qu'elle s'y opposera. Tant pis. Je ne veux rien faire dans son dos. Je prends une grande inspiration.

- Toga, j'ai mal agi avec Todoroki.

- Ne t'inquiète pas, personne ne t'en voudra. Tout le monde sait que tu fais tout pour ne pas perdre le contrôle.

- Mais pas lui. Je... Je pense que je devrais aller lui expliquer la situation et m'excuser.

Point de vue Toga

Comment ça "s'excuser" ? Il n'est pas sérieux quand même.

Je le regarde dans les yeux. Si, il l'est. Et déterminé en plus. Je sais bien que, actuellement, c'est l'ancien Izuku qui a repris le contrôle mais quand même. En allant s'excuser, il perdrait toute crédibilité aux yeux de bicolore. Et ça il en est hors de question.

- Izuchou, tu n'as pas à t'en faire pour lui.

- Mais... Et sil venait à me détester maintenant ?

Il s'en soucie tant que ça ? Apparemment oui.

- Ce n'est pas grave. Tu es un vilain maintenant tu te rappelles ? Tu vas inévitablement te faire des ennemis chez tes anciens amis. Et c'est normal.

- Oui mais je...

Il a l'air au bord des larmes. Je le prends dans mes bras.

- Tout va bien se passer. Nous sommes là tu sais ? Jamais nous ne te laisserons tomber.

Il se blotti contre moi et fini par s'endormir. Je lui caresse les cheveux et laisse sa tête reposer sur mes genoux. Il a l'air tellement innocent quand il est comme ça.

Il ne sait rien de ce qui l'attend si jamais il va tout expliquer à Todoroki. Et surtout il le regrettera par la suite. Je dois à tout prix l'empêcher de commettre cette bêtise.