Chapitre 1

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Point de vue Shoto

Six mois. Six mois se sont écoulés depuis ce fameux camps d'été. Six mois que le secret d'All Might a été découvert. Six mois que le symbole de la paix n'est plus. Six mois que Midoriya est porté disparu malgré les recherches actives menées par les héros. Six mois qu'on nous répète en boucle que ça va s'arranger. Six mois. Depuis tout ce temps, chaque jour, je peux voir les avis de recherche du vert. Je n'aime pas cette photo, celle prise à l'école. Elle ne représente pas bien Midoriya. Elle ne montre pas toute la bonté qui l'habite. Elle ne montre pas qui il est vraiment : une personne au grand cœur, prêt à tout pour aider ses amis.

Je dépose les fleurs que j'ai prises sur la tombe de l'homme à qui je suis venu rendre visite. L'homme qui a été plus qu'un simple professeur pour nous tous. L'homme qui a donné jusqu'à sa vie pour arrêter les vilains. L'homme qui a été plus qu'un simple symbole.

- Bonjour All Might. Comment allez-vous ?

Je me sens bête de demander ça. Je sais que je n'aurai jamais de réponse mais c'est plus fort que moi.

- Ici ce n'est pas la joie. Midoriya est toujours introuvable peu importe les efforts quotidiens des héros. Et les vilains sont de plus en plus actif. Encore la semaine passée ils ont tenté une attaque sur yuei. Aucun élève n'a été blessé mais le moral est au plus bas. Les professeurs font tout ce qu'ils peuvent mais eux-mêmes sont à bout. Même present mic ne hurle plus autant qu'avant. C'est plus calme mais je préférais quand il était plein de vie.

Je souris tristement.

- Vous savez que même Bakugo a arrêté de vouloir tout exploser ? Apparemment il tient à Midoriya lui aussi même s'il ne le montre pas. On dirait presque une tsundere. D'ailleurs Kirishima ne s'est pas gêné pour le lui faire remarquer. Vous auriez dû voir ça tête. J'ai cru qu'il y allait avoir un meurtre.

Je rigole d'un rire sans joie. Et reste un temps sans rien dire.

- Ah et je n'ai pas réussi mon second examen pour le permis provisoire. Tout ça parce que je n'étais pas assez attentif. C'est bête non ? Je suppose que je vais devoir attendre encore un peu avant d'avoir un minimum d'autonomie. Mais bon, c'est sûrement que je n'étais pas encore prêt. Selon les examinateurs je suis trop "distrait et j'éprouve des difficultés à me décider rapidement ce qui pourrait être fatal en situation d'urgence".

Je regarde ma montre. Il est déjà huit heure quart.

- Je dois vous laisser All Might. Je reviendrais la semaine prochaine. J'espère que d'ici là, nous aurons plus de nouvelles.

Je tourne lentement les talons et me dirige vers le lycée. Même si nous dormons toujours tous au dortoir, j'ai pris l'habitude de faire un détour par le cimetière, rendre visite à notre ancien professeur. Pourquoi ? Je ne le sais pas moi-même. Peut-être parce que cela me donne l'illusion qu'il est toujours parmi nous ? Perdu dans mes pensées, je ne m'aperçois même pas que je suis déjà arrivé à destination.

Il y a encore quelques jours, l'air résonnait de salut en tout genre, de joie et de bonne humeur. Aujourd'hui seul une longue file d'attente silencieuse et morose me fait face. Nouvelle mesure de sécurité. Chaque étudiant qui entre ou sort du campus doit être fouillé. Je ne pense pas que cela puisse arrêter les vilains. Le seul et unique moyen durable serait de mettre la main sur eux. Mais malgré les efforts de tous et chacun, chaque tentative se solde par des échecs de plus en plus cuisants alors que nos adversaires ne cessent de progresser. Oui, depuis la mort de symbole de la paix, bien des choses ont changé. On pourrait presque croire que les vilains ont l'avantage.

***

- Non mais t'es pas sérieux là, me hurle Bakugo. Bordel.

Je lui ai dit pour le permis et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne l'a pas très bien pris. Je me demande d'ailleurs pourquoi ça le préoccupe autant. Au moins il ressemble plus au Bakugo que l'on connait. Pas comme ce à quoi nous avons eu droit ces derniers temps.

- Tu avais pourtant toutes tes chances, Todoroki, renchérit Iida. Je ne comprends pas. Que s'est-il passé ?

Je n'ai pas envie d'en parler. Pourquoi est-ce que je leur ai dit ça moi ? J'aurais mieux fait de me taire. Pour l'instant je peux juste attendre que les choses passent. Oui attendre. Encore attendre. Toujours attendre. Tout n'est qu'une question de temps. Et je déteste ça. Tous les jours on nous répète que ce sera bientôt fini. Que nous finirons par vaincre. Que les vilains payeront pour leurs actes. Tous les jours. Depuis six mois.

- Retourner vous assoir, le cours va commencer, annonce d'une voix morne monsieur Aizawa.

Chacun rejoint sa place. De mon côté, je regarde distraitement notre professeur sans vraiment faire attention à ce qu'il dit. Mes notes vont encore en pâtir mais je m'en moque. Au moins ça a le mérite de faire enrager l'homme qui me sert de père. D'ailleurs ça me fait penser que je n'ai plus été voir ma mère depuis longtemps. Je pense que j'irais lui dire bonjour à la fin de la journée.

- Hé Todoroki, reviens parmi nous, me chuchote Yaoyorozu.

Je lui fais signe de me laisser tranquille mais elle ne lâche pas pour autant l'affaire.

- Je sais que tu t'inquiètes mais il faut vraiment que tu te ressaisisses. Tu penses vraiment que c'est en enchainant bourde sur bourde que les choses vont évoluer ?

- Yaoyorozu, fous moi la paix. J'ai le droit d'avoir un coup de mou non ? Dis-je, passablement énervé.

- Mais...

- Bon les deux dans le fond taisez-vous, nous rabroue notre professeur. J'ai autre chose à faire que de m'occuper de gamins.

Je jette un regard noir à ma voisine de table avant de resombrer dans mes pensées.

La journée touche enfin à sa fin. Je ramasse rapidement mes affaires et sors avant que quiconque ne puisse me retenir. Je ne passe même pas déposer mon sac dans ma chambre. Je marche les mains dans les poches en direction de l'hôpital. J'espère que je pourrais la voir. C'est la seule personne à me comprendre. Elle seul sait m'écouter sans me juger ou me dicter ma conduite.

Alors que je passais devant un énième bâtiment, j'entends un cri étouffé. Il provient d'une petite ruelle sombre, à peine visible. D'ailleurs, je pense que je ne l'aurais même pas remarquée si ce bruit ne m'avait pas interpellé.

Je reviens sur mes pas et m'approche en essayant de faire le moins de bruit possible. La rue semble se finir en cul-de-sac : aucune lumière ne me parvient depuis l'autre côté. Et elle est très étroite. On pourrait à peine marcher à deux de frond.

Au fond, j'aperçois deux formes indistinctes. Plus j'avance, plus celles-ci se précisent. L'une d'elle semble penchée sur le corps de la seconde, couchée au sol. Je reconnais avec effroi le reflet d'une lame, probablement un couteau, dans la main de celui ou celle qui semble être en train d'agresser l'autre.

C'est dans un moment comme celui-ci que je regrette vraiment de ne pas avoir ce foutu permis. La seule option qui s'offre à moi est de faire demi-tour pour aller chercher des secours. Seulement, il y a de fortes chances qu'à mon retour, ils aient disparu.

Celui du dessus se redresse finalement. Il n'est pas très grand et porte une chemise rouge recouverte d'un veston sans manche noir ainsi qu'un pantalon de la même couleur. Ses cheveux verts aux reflets sombres en bataille ne laissent aucun doute quant à son l'identité.

- Midoriya, je chuchote.

Surpris, il se retourne vivement. C'est bien lui. Mais avant que je puisse comprendre ce que m'arrive, il se retrouve dans mon dos et me frappe violemment à la tête, me faisant perdre connaissance.

Ce que je suis devenu ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant