Allah yadfaeuna beyda ean alfatn (Que Dieu nous éloigne de la tentation)

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J'avais demandé à Jelila un peu plus de temps pour réfléchir à sa proposition.

Elle me comprenait.

Avant tout je voulais parler à Karim.

Je le cherchais dans la maison. Où as t-il pu bien partir ?!

Je tournais en rond dans la maison, je l'aperçu enfin vers la fontaine.

Trop de monde y passait. Mais comment attirer son attention ?

Je pris une pierre et la lança vers lui. Il se retourna et je lui fit signe de me rejoindre sur le toit.

J'attendais patiemment sur le toit.

Karim se montra enfin.

- On embrasse pas son homme ?

- Je veux qu'on parle Karim.

- De quoi veux-tu qu'on parle ?

- Tu es sûre que tu l'ignore ?

Il s'avança vers moi et me saisit par les hanches.

- T'inquiètes pas il n'y a que toi qui compte. Disait-il en m'enlaçant.

- Alors enfuyons nous ! Allons nous en loin d'ici et vivons notre amour.

Ses bras me lâchèrent. Il se retourna.

- Je croyais que c'était clair pour nous deux. Dit-il sèchement.

- De quoi parles-tu ?

- On ne peut pas être ensemble Soraya, tu es la femme de mon père.

Je sentais mes jambes lâcher. Mon coeur, lui n'existait plus.

- Alors pour toi je ne suis qu'un fantasme ?

Ma gorge nouée par des larmes de colère, m'empêchait de parler.

Karim me laissa là et s'en alla.

Ça voulait tout dire. Le sentiment d'abus que je ressentais me brisait.

Comment ai-je pu croire que le bonheur m'était aussi destiné.

" Écoute ton coeur ". Je ne commettrais plus cette erreur vu que ce coeur est en mille pièces maintenant.

Ce soir dans le désert, c'était bel et bien un viol.

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J'étais toujours sur le toit. Mes larmes avaient séché mais mon coeur saignait toujours autant.

- Soraya ? T'es là ?

Je n'avais même plus de force pour répondre à la seule personne qui comptait pour moi.

Celle qui me comprenait mieux que ma mère.

Celle qui n'était plus qu'une simple co-épouse mais ma sœur.

Quand Jelila me vit, elle accouru vers moi et me serra dans ses bras.

Je ne pu m'empêcher d'éclater en sanglots.

- Lors de la mort d'Ibrahim, en voyant le Prophète (saw) pleurer, son compagnon Abd Rahman Ibn Awf (ra) fut surprit et lui demanda « Toi aussi, Prophète de Dieu ? ». Ce à quoi le Messager de Dieu répondit « Ibn Awf, cela est une miséricorde ». Alors pleure Soraya, qu'Allah apaise ton coeur.

Je restais ainsi dans les bras de Jelila.

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Quand mon esprit fut apaisé. Je partageai ma souffrance avec Jelila.

- Ce n'est pas ta faute Soraya. Tu recherchais du réconfort après tant de frustration dans ce mariage, hélas Karim en a profiter pour assouvir ses désirs.

Elle me regarda droit dans les yeux et repris.

- Il est temps que tu te réveilles Soraya, que tu prennes conscience de tes atouts et ton pouvoir de femme. Ne te laisse plus manipuler par un homme.

Jelila avait raison. J'ai beau prétendre que je ne suis pas comme ma mère ou les autres femmes soumises, mais ma vie n'a tourné qu'autour des choix de mon père et aujourd'hui ce chagrin .

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Ma mère me rendit visite le lendemain.

- Comment tu vas ma fille ?

- Bien maman.

- Je voulu te rendre visite plus souvent mais ta soeur avait besoin de moi.

- T'inquiètes pas je comprend.

- Soraya

- Oui maman.

- Je t'aime autant que ta sœur n'en doute jamais.

Ma mère avait les larmes aux yeux.

Ça me chagrinait de la voir ainsi. Je ne veux pas être l'enfant qui faisait pleurer sa mère.

Toute ma vie je n'ai agit que pour son honneur.

Même si mon bonheur en pâtissait.

La voir pleurer ainsi me fit réaliser que jamais je ne pourrai constamment lui fait honneur.

Il faut que je commence à vivre pour moi.

- J'ai pris un Rendez-vous avec le médecin de ta sœur. Elle fait des prouesses. Tu tombera enceinte en un rien de temps Inch Allah !

- Je t'ai dit que je vais bien maman.

- Alors pourquoi n'enfantes-tu pas ?

- Parce-que ce n'est pas le bon moment.

- Sais-tu que Majid a dit à ton père qu'il te radierait si tu n'enfante pas avant l'an prochain ?

Je n'en croyais pas mes oreilles. Ma mère bluffait ou Majid avait-il vraiment osé ?

- Alors qu'il le fasse !

Ma voix était déterminée et imprégnée de colère.

Ma mère fut surprise de ma réaction.

- C'est facile pour toi de le dire. Il a aussi menacé de ramener ton père à ses dettes. Celui-ci ne dors plus,ne mange plus depuis cette nouvelle. C'est pour cela qu'il m'envoie vers toi.

Oh Allah ! Pourquoi moi !

Pourquoi ne suis-je pas comme toutes les autres femmes soumises et dociles ?

Ces mots de ma mère sonnaient comme une condamnation pour moi.

Je ne connaîtrai jamais le bonheur.

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Je retrouvai Jelila et lui raconta ce que ma mère m'a annoncé.

- C'est ignoble de la part de Majid. Pauvre Soraya. Désolée que tout cela t'arrive.

- J'ai l'impression qu'Allah m'a oublié. Ou peut-être que c'est mon destin.

- Ne dis pas ça Soraya. Je sais ce que tu ressens actuellement, mais en aucun cas Allah ne t'as oublié. C'est plutôt toi qui ne doit jamais l'oublier.

Jelila trouvait les mots justes pour me ramener à la raison.

UNE CO-EPOUSE PAS COMME LES AUTRESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant