Adrien a été contraint de partir suite à ma "crise de nerfs". Si seulement l'infirmière savait réellement pourquoi me suis-je mise à crier et pleurer si soudainement.Suite à cela, la journée m'a été accordée pour que je me repose au calme, chez moi. Mon père a été bien silencieux durant le trajet jusqu'à la maison. Mais j'ai bien compris ce que signifiait cette abstinence à parler. Il s'inquiète à mon sujet.
C'est vrai qu'en ce moment, je ne suis pas au plus haut de ma forme. J'ai encore un peu de mal à manger, mais je dors déjà plus, lorsque je ne dois pas veiller sur le Repère. J'ai repris au sérieux mes études durant ces dernières semaines. Alors au contraire, mon père devrait commencer à cesser de s'inquiéter autant pour ma santé.
La cloche de la boulangerie me fait comme un coup de massue sur la tête. L'odeur enivrante des pâtisseries m'apaise cependant aussitôt que j'ai passé le seuil de la porte. Ma mère se précipite sur moi, une bassine de médicament sous le bras.
- Je savais que ce n'était pas une bonne idée que tu te rendes au lycée ce matin ! Comment te sens-tu ?
Elle pose délicatement sa main sur mon front avant de m'enfoncer un thermomètre dans la bouche. Je le retire aussitôt, et la repousse d'un geste las de la main.
- Tout va bien, maman, la rassuré-je. J'ai juste besoin de dormir un peu.
Elle me laisse passer sans discuter d'avantage. Les marches qui mènent à ma chambre semblent interminables. J'ouvre ma porte avec difficulté, et Tikki se charge de la fermer. Je m'écroule au sol, incapable de tenir plus longtemps sur mes deux jambes. Elle dépose sur mon petit corps frêle une couverture, puis se blottit dans mes mains.
- Tu as vraiment mauvaise mine, me fait-elle remarquer.
Je me mords la langue pour ne pas éclater en sanglots une seconde fois. Mais mes efforts ne me font tenir que quelques secondes avant de fondre en larmes. Tikki s'allonge sur ma joue, tout en me chuchotant que tout va bien, qu'elle est encore là, elle.
- On le retrouvera, m'assure-t-elle de sa douce voix bienveillante. On le retrouvera, je te le promets.
Je ferme mes yeux et me bouche les oreilles. Je veux juste être seule. Seule ou avec lui.
***
- Marinette. Marinette, réveille-toi ma chérie. Marinette.Mes yeux boursouflés peinent à s'ouvrir. À travers la lumière éclatante du jour, je parviens à distinguer une silhouette dont les détails restent cependant imperceptibles. Il me faut cligner des yeux plusieurs fois avant de comprendre qu'il s'agit de maman. Ses grands yeux en amande me fixent avec tristesse. Elle dégage mon visage des quelques mèches qui sont sorties de mon chignon durant mon long sommeil.
- Comment te sens-tu, aujourd'hui ? s'enquit-elle en m'aidant à m'asseoir.
- Bien, répondis-je dans un bâillement.
J'avais vraisemblablement besoin de ces heures de sommeil. Au moins, maintenant, je suis sûre de pouvoir garder le Repère toute la nuit, sans que personne ne me relaye.
Je me relève sans trop de difficulté. Cependant, lorsque le sang afflue jusqu'à mes jambes, cela me fait la sensation d'un million de fourmis qui marchent sur elles. Je ne sens plus mes talons et mes jambes semblent rigides comme des bâtons. Je me démène comme je peux pour marcher avec ces fourmis sur les jambes. Ma démarche semble amuser maman, qui tente tant bien que mal de contenir ses gloussements. L'entendre rire dessine sur mon visage, toujours pâle, un léger sourire.
Je me sens déjà bien plus légère qu'avant cette journée de repos.
Et ce détail ne semble pas avoir échappé à papa, qui est encore et toujours dans son atelier, en train de préparer de délicieuses pâtisseries.
- Content de te voir de bonne humeur, ma chérie.
Je souris de plus belle. Le meilleur dans tout cela, je n'ai pas le moindre souvenir d'avoir rêvé de ce jour où... où tout a changé.
Maman me donne de quoi me faire un consistant petit-déjeuner, bien qu'il soit déjà onze heures passées.
- Je ne veux pas voire la moindre miette, m'avertit maman en me servant un grand bol de lait.
- Je ne pense pas que ce soit réellement une bonne idée de lui faire autant manger d'un seul coup, lui fait remarquer papa en avalant un des trois pains au chocolat qui avait été posé à côté du bol de lait.
Maman soupire, puis m'embrasse tendrement la joue.
- Manges ce que tu peux, murmure-t-elle avant de s'en aller aider papa en cuisine.
Comment ? Comment puis-je les faire souffrir, alors qu'ils font tout me faire sourire. Je dois prendre d'avantage sur moi, si je ne veux pas qu'un tel événement ne se produise de nouveau. Seule moi ai le droit de subir une telle douleur.
J'aurais voulu leur faire plaisir, et manger tout ce qui m'a été servi, mais j'ai été incapable d'avaler plus qu'un pain au chocolat, la moitié de mon bol de lait, et un kiwi. C'est déjà plus que ce que j'ai pu manger durant ces deux derniers jours. Malgré tout, mes efforts sont parvenus à faire sourire mes parents. Finalement, ce n'est pas si dur que cela de jouer la comédie, surtout lorsque l'on n'est pas éreinté après une longue nuit secouée par la frustration.
Un soupir m'échappe tout de même. Mentir à mes parents reste une chose qui pourrait me soumettre à la culpabilité. Enfin, je veux dire, mentir sur mon réel état mental. Car mentir sur la double-vie que je mène, cela est bien moins compliqué que ce qu'il y parait.
- Tout va bien ? me demande papa.
- Je me demandais juste quel jour nous sommes.
Je m'efforce de laisser paraître un sourire convainquant sur mon visage creusé par les mauvaises habitudes que je vais devoir abandonner.
- On est dimanche, m'annonce-t-il.
Ses petits yeux bleus se plissent sous les plis de son large sourire. Le mien, cependant, s'efface :
j'ai dormi deux jours !
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Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]
Fanfiction/!\ risques de spoils /!\ Marinette Dupain-Cheng a seulement treize ans lorsqu'elle découvre Tikki, qui la fera devenir Ladybug, l'héroïne tant appréciée de Paris. Voilà que quatre ans sont passés depuis cette rencontre qui a donné un nouveau tourna...