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Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas joué à un tel jeu. Bien que les marches n'en finissent jamais, mon large sourire ne parvient pas à quitter mon visage rayonnant de joie. Mais lorsque je lève les yeux sur mes pieds me propulsant d'une marche à l'autre, mon sang se glace.

Debout, les bras croisés sur sa poitrine, il me fixe d'une étrange façon. Ses yeux gris me fixent comme si j'étais une inconnue, un imposteur dans cette famille de haut rang. Il descend quelques marches, afin d'être au plus près de moi.

- Sympas, les boucles d'oreilles, me complimente-t-il avant de poursuivre sa descente gracieuse et lente.

Est-il réellement possible qu'un corps aussi frêle et squelettique puisse produire une voix aussi virile et puissante ? Mais le plus troublant dans tout cela, ce sont les mots qu'il a prononcés. Mes boucles d'oreilles, même lorsqu'elles ne sont pas activées, portent les motifs de Ladybug. Je laisse toujours de petites mèches les cacher. Et malgré cela, lui, ce garçon étrange, est parvenus en l'espace d'une journée à les remarquer.

- Tu es déjà arrivée ?! s'étonne Adrien en sortant de l'ascenseur.

Je souffle, afin d'effacer l'angoisse qui a pu se dessiner sur mon visage, puis me tourne vers Adrien.

- Oui... Je... Je me suis dépêchée, dis-je en lui adressant un sourire. Dis-moi, comment s'appelle ton frère ?

- Félix. On va dans ma chambre ?

Ma respiration se coupe aussitôt, et une profonde exaltation mêlée à un terrible sentiment d'anxiété bouillonne en moi. Mes joues s'enflamment aussitôt, et je peine à opiner du chef.

Nous traversons silencieusement un long couloir aux murs argentés. Seul le bruit de nos pas ose résonner dans cet immense endroit. C'est presque impensable d'imaginer la création d'une si grande demeure. Mais plus incroyable encore : la raison qui puisse pousser Adrien à rester ici, dans cette grande maison vide. Personnellement, je serais incapable de vivre dans un si grand endroit, seule. Ce silence finirait par me rendre folle, et toutes ces pièces vides me rappelleraient chaque jour dans quelle solitude je vivrais.

Enfin, nous arrivons à sa chambre, qui pourrait bien être à elle seule un duplex de luxe. En tant que Marinette, c'est la première fois que je m'aventure dans cette immense pièce. Mais Ladybug, elle, est déjà venue maintes fois. Et malgré tout, tout cela me parait nouveau. Lorsque je ferme les yeux, je vois encore chaque objet qui était présent dans cette pièce. La plupart d'entre eux n'y sont plus.

Le baby-foot, disparu. L'imposante télévision, remplacée par un petit écran posé sur un meuble en bois. Plus de canapés, plus de lit ovale, plus de livres dans la bibliothèque, ni de CD. Il ne reste que son ordinateur, de sa chambre d'avant. Mais où sont passées toutes ses affaires ? Il disait adoré écouter les vinyles de sa mère, et pourtant, je ne parviens pas à remettre les yeux sur son tourne-disque.

- Eh bien, ta chambre est vraiment très grande, sifflé-je en espérant qu'il m'annonce que ce n'est pas la sienne, et qu'il a déménagé ses affaires dans une autre des innombrables pièces de la maison.

- Ouais, fait-il en passant un doigt sur son bureau recouvert d'une fine couche de poussière.

Impossible de décrypter son expression. Mais je doute à croire qu'il me fasse une blague. Cette pièce qui a été dépouillée de toute sa beauté et de sa richesse est bel et bien sa chambre. Reste à savoir ce qui a bien pu se produire.

- Marinette, pourquoi es-tu si gênée en ma présence ? Ai-je quelque chose à me reprocher ? demande-t-il dans un soupire.

- Qu... Quoi ? Non ! Surtout pas ! Je...

Tu peux le faire, m'encourage une petite voix dans ma tête. C'est parce que tu hésites que tu ne tiens pas sur tes pieds. Il est temps d'en finir avec cette comédie. Dis-lui.

- Je... Je pense qu'il est temps de se mettre au travail !

S'il n'était pas là, je me serais giflé et aurais frappé ma tête contre un mur jusqu'à ce que toute bêtise m'abandonne. Je n'arrive pas à saisir ce qui a de compliquer à avouer ses sentiments, et pourtant, je n'y parviens pas.

- Ce n'est pourtant pas compliqué de dire "Je t'aime" !

Mais pourquoi ne lui ai-je pas dit ? C'était le moment opportun pour le faire ! Et comme toujours, j'ai gâché ma chance. Je suis véritablement qu'une bonne à rien.

- Tu... Ma...

Je lève les yeux sur Adrien, qui a viré au rouge écarlate. Un air abruti collé sur le visage, son index tremblant pointe dans ma direction.

-Marinette, tu... Tu m'aimes ?

Tous mes muscles se raidissent, m'empêchant de me cacher quelque part. Mon cœur fait des bonds gigantesques dans ma poitrine, manquant à chaque fois de la transpercer.

- Je... poursuit-il, les joues en feu, ... Tu me plais aussi.

Bizarrement, mon cœur parvient à reprendre un rythme plus ou moins normal. Mais mon visage ne parvient pas à retrouver sa pâleur. Le soulagement que me procure cette nouvelle me fait l'effet d'une caresse. Cela fait quatre ans que je tente de lui faire part de mes sentiments, et il a fallu attendre que je mette en colère contre moi-même pour parvenir à lui dire la vérité, et pour entendre les mots dont j'ai toujours rêvé.

Mais bien que cette grande étape soit passée, un mystère reste un résoudre : que devons-nous faire, à présent ? Plusieurs mètres séparent nos corps en proie à la tétanie. Mais bien qu'il soit l'un des acteurs de cette gêne qui a envahi l'espace qui nous entoure, je ne vois plus que le rouge de ses joues.

Mais cette bulle fantastique dans laquelle seul Adrien existe éclate alors que Félix fait irruption dans la pièce.

- O.K... fait-il en lançant de drôles de regards tantôt dans ma direction, tantôt dans celle de son frère. Excusez-moi de vous déranger, mais Pierre a préparé des crêpes, si vous en voulez. À moins que vous soyez trop occupés à faire des grimaces.

La porte claque, replongeant Adrien et moi dans un long silence embarrassant.

- Des crêpes... ça te dit ? demande-t-il en frottant sa nuque avec sa main.

Je hoche le menton, incapable de formuler le moindre mot.

La pensée qui se dessine en moi m'oblige à retenir des gloussements. Je l'ai fait, pensé-je. Au sentiment étrange qui s'est engouffré en moi depuis l'événement, s'ajoute une drôle d'impression. Maintenant que toute cette comédie qui tournait autour d'Adrien et moi est terminée, que va-t-il se passer ?

Bonjour ! Je suis vraiment désolé  pour le retard que j'ai pris pour poster cette partie. Je n'ai pas été très disponible durant ces derniers jours donc voila... enfin bref, j'espère que ce chapitre vous aura plu !

Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant