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L'épais brouillard se dissipe peu à peu, laisse un clair de lune caresser mes pupilles chargées de larmes froides. Les premières secondes qui se passent me paraissent interminables, qui plus est, passées dans un paysage flou, sans forme. Doucement, les premières silhouettes s'esquissent, tandis qu'un violent coup m'est donné à la tête. Non pas depuis l'extérieur, mais depuis l'intérieur. Comme si on frappait mon crâne depuis mon cerveau.

— Enfin, tu te réveilles, soupire une douce voix.               

— Ouais, il était tant.

Un faible rire caresse mes oreilles sifflantes, pendant qu'une main presse délicatement la mienne.

— Comment te sens-tu ? me demande Alya.

La lumière blafarde de la lune forme un halo autour de sa silhouette recroquevillée au-dessus de moi. Mes lèvres s'écartent dans un craquèlement pénible, mais dans ma gorge s'évanouissent les mots que je ne parviens pas à former avec ma bouche asséchée.

Comme si mes pensées avaient été formulées à voix haute, Chloé me tend un verre d'eau, soucieuse. Ses longues mèches pâles dansent dans la lumière blafarde, se hasardent sur son front plissé. Alya, prudemment, comme si elle craignait de me briser quelque chose, m'aide à me redresser pour que je porte sans soucis l'eau à mes lèvres striées, probablement même tuméfiées.

— Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ? s'enquit-elle délicatement.

Je manque de m'étouffer tant l'exhumation des événements est brusque. Une peur viscérale violente soudain mon cœur, fait trembler le verre dans le creux de mon poing blafard. Heureusement, Chloé me le fait lâcher avant qu'il ne cède entre mes doigts crispés.

— Black, soufflé-je dans un sifflement pénible.

— Black ? Il était avec toi ? s'étonne la blonde en s'humectant les lèvres furieusement.

Les mots ne parviennent pas à se faufiler au travers de ma respiration saccadée par les battements douloureux de mon cœur, rythmé par l'angoisse envahissante. Malgré mes bras ankylosés, je me débarrasse du drap qui me couvrait jusque-là et bondit sur mes pieds. Mais une douleur insoupçonnée me lance dans la cuisse. Mes genoux flanchent sous le poids de cette blessure oubliée et mes mains tremblantes s'écrasent dans la douceur d'un tapis brun. Aussitôt, ma respiration cesse, obstruée par cette vive surprise.

— On est... chez toi ?

Alya acquiesce, s'affairant pour me coucher au plus vite sur le canapé.

— Pourquoi ?

— En faite, c'est ici qu'on t'a retrouvée, explique Chloé en triturant nerveusement une mèche de cheveux.

Les étoiles de mon esprit s'agitent, refusent de former une constellation ordonnée. Les vertiges me prennent lorsque je m'enfonce d'avantage dans cette profonde réflexion, tentant d'exhumer les pièces du puzzle manquantes. Comment aurais-je pu arriver ici ?
Par-dessus les coussins qui ont accueilli ma nuque suintante, j'aperçois Alya lancer un regard perplexe à Chloé, laquelle hausse les épaules, les sourcils froncés sur un problème que je semble avoir soulevé.

— Peut-être que c'est ce Black qui l'a amené ici, suggère Chloé dans une moue de dégoût.

Alya peine à retrouver son souffle. Ses mains s'enfoncent douloureusement dans l'oreiller, ses ongles manquant de peu ma peau reluisante d'anxiété.

— Tu veux dire qu'il saurait où j'habite ? murmure-t-elle, les traits contorsionnés par la quiétude agonisante.

— Il sait... Il sait qui je suis. Et ça ne m'étonnerait pas qu'il sache pour vous. Pour nous tous.

Chloé porte une main tremblante à son front fiévreux, se laisse lourdement tomber sur une chaise, la mine grave. Le bleu de ses yeux est soudain traversé d'un point sombre : une mélasse aussi ténébreuse que l'objet de cette peur indicible.

— Merde, lâche-t-elle, le souffle coupé.

Une larme se dépose délicatement sur le dos de sa main, contenant le tremblement de ses lèvres. Alya enfouit aussitôt sa tête dans son oreiller, tentant en vain de calmer sa respiration chaotique.

— Mais il est de notre côté.

Je suis presque sûre entendre leur cœur s'arrêter, au fur et à mesure que mon écho s'infiltre dans chaque recoin de la pièce, jusqu'à mourir dans les cendres qui remplissent l'âtre. Sur la peau brune de la jeune fille, une expression tire douloureusement ses traits d'habitude si tendres. Ses lèvres s'agitent, mais aucun mot ne parvient à échapper à la peur qui forme un étau autour de ses cordes vocales.

— Nous avons passé un accord, poursuis-je, en tendant une main qui se veut attendrissante à Alya.

Cette dernière recule aussitôt, manquant de justesse de faire tomber le vase qui gisait paisiblement sur la table basse.

— Q-Quoi ?! s'étrangle Chloé. Quand ? Quand ?!

Ses yeux se révulsent de terreur, tandis que son visage se tord de déception. Dans ses larmes limpides, je peux presque apercevoir mon reflet, l'image qu'elle me donne présentement : celle d'une traîtresse.

J'inspire profondément. Ce moment devait arriver. J'aurais certes préféré que ça se passe dans de meilleures conditions, mais désormais, je n'ai pas vraiment le choix.

— Il sait se battre. Il pourrait nous apprendre. Et puis son sens de l'observation pourrait bien...

— Non ! crache Alya, les poings crispés le long de son corps frémissant. Son sens de l'observation nous a toutes mis en danger ! Si lui sait, rien ne nous assure que ce n'est pas le cas pour ces mutants de merde !

Le vase se brise, rejoint l'écho terrifiant de sa peur intrusive, qui semble couler dans nos veines depuis trop longtemps. Dans un élan d'espoir, je tourne mon regard en direction de Chloé, laquelle détourne le sien, les mains crispées sur les accoudoirs de son siège grinçant. Elle finit par se relever, le visage tordu par une myriade d'expressions, mêlant l'effroi, le mépris, et le désespoir.

— Sors de chez moi.

Chloé paraît subitement aussi surprise que moi d'entendre ces mots. Et la douleur qui me tiraille la jambe semble me supplier de raisonner Alya. Mais la colère qui luit dans ses larmes a déjà déclaré la sentence. Et il n'y a absolument rien que je puisse faire.

— Alya, je...

Son poing s'écrase rudement contre la pierre finement ouvragée du foyer, mais la douleur que ce geste a probablement dispersé dans son corps ne trouble pas la colère qui gronde entre ses lèvres entrouvertes.

— Je n'abrite pas les traîtresses. Dégage de chez moi. Je ne veux plus te voir. Est-ce que t'as compris ?!

Son rugissement sonne comme un cri de désespoir. Une main tendue vers une lumière disparue. Pourtant... pourtant, je ne peux me résoudre que ce soit déjà fini. Mais le regard de mes coéquipières hurle pourtant cette défaite. Ma défaite.

J'ai d'abord perdu Chat Noir. Puis mon héroïsme. Et enfin, une des rares choses pour laquelle je pourrais me battre jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Ladybug, son masque écarlate barré d'un croix assortie. Rouge comme le sang que je ne peux contenir dans le cœur des civils. Sous les larmes du ciel, dans l'obscurité de la haine qui remplie les ruelles désertes, je peux au moins admettre une chose : ils ont raison. Ils ont toujours eu raison de me détester. Parce que c'est moi, le véritable mutant. Celui qui effraie, et qui brise les espoirs.


Désolé.e, vraiment pour cette absence qui s'est sacrément prolongée... Mais c'est bon ! Je la tiens, la fin ! Les mots filent à toute vitesse. Tellement que je me lasse déjà d'écrire ce petit mot d'excuses, que je vous dois pourtant... mais je pense qu'un chapitre est une excuse bien plus intéressante que celle-ci, non ? Bref, merci infiniment de continuer à lire, à voter, à me soutenir, et à partager mon histoire. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me... fou la pression XD mais ça me fait surtout énormément plaisir. Bref bref, je vous laisse, j'ai encore 5 chapitres à écrire moi ! Et vous, à lire ! :p


Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant