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Je garde un écouteur à l'oreille, pour masquer un minimum les voix insupportables qui s'agitent dans le hall majestueux. J'avance lentement, aux côtés d'Adrien.

-Marinette, commence-t-il.

Je sens mes joues se réchauffer. Des centaines de papillons virevoltent dans mon ventre. Je me baisse légèrement, afin d'être au plus près de lui.

- Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandé-je en m'efforçant de ne pas laisser paraître le résultat d'un cœur emballé.

- Tu détestes les super-héros ?

Sa question me glace le sang.

- Oui, un peu, répondis-je, le cœur serré. Pourquoi ?

Un soupire de déception lui échappe. Il secoue la tête, faisant remuer ses mèches dorées. Il repart, la tête baissée. Je voudrais le rattraper, et lui demander son opinion à l'égard de Ladybug et ses coéquipières, mais je ne trouve pas le courage de poursuivre cette discussion.

La poitrine empreint à la souffrance que m'inflige ma propre réponse, je fais de mon mieux pour sourire à Alya qui approche. J'ai menti à Adrien. Rare sont ceux qui apprécient encore les Justiciers de la ville, et ces derniers sont souvent victimes de représailles. On les soupçonne souvent d'être des super-héros, alors que ce n'est jamais le cas. Je ne pouvais pas répondre autre chose, au risque de devenir un ennemi pour Adrien. Mais j'en déduis par sa réaction qu'il n'est pas du même avis que la plupart des Parisiens. Mais comment aurais-je pu m'en douter avant ?

- Salut, fait Alya, le regard rivé sur ses baskets bleues. Je suis désolé pour hier.

Je la prends aussitôt dans mes bras. Une minuscule larme roule le long de ma joue, pour se déposer sur le tee-shirt de mon amie. Il brille comme un cristal sous les rayons du jour.

-À moi aussi, il me manque, me confit-elle dans un murmure.

-Il nous manque à tous.

La sonnerie retentit, nous obligeant à nous séparer. Tandis qu'elle rejoint sa classe en compagnie de Nino, je rejoins Adrien pour mon cours de français. Ce dernier ne dit pas un mot durant toute l'heure, ses yeux verts baissés sur son cahier.

Il faut bien avouer que je n'étais pas très présente non-plus. À vrai dire, je ne cessais de repenser à ce qu'a dit Maître Fu, il y a deux mois de cela. Il avait parlé de "localisation télépathique". Le seul inconvénient de cette pratique employée par les Kwamis, c'est qu'elle ne fonctionne que lorsque le Kwami que l'on souhaite localiser n'est ni dans le Miraculous auquel il appartient, ni dans ce monde où toutes ces créatures se rejoignent durant leur sommeil. Mais si le Miraculous du Chat Noir est à nouveau utilisé, alors il y a une chance que Wayzz ou Tikki parvienne à le localiser. Entre autres, on pourrait retrouver Chat Noir ! Ou du moins, le porteur du Miraculous.

Mais j'ai comme l'intuition que Maître Fu n'acceptera pas. Car quand bien même on parviendrait à localiser Chat Noir, personne ne pourra l'approcher, au risque d'amener les Mutants à lui. Et... et il est hors de question que le même incident ne se produise une seconde fois.

La journée s'écoule lentement. Lorsque, enfin, sonne l'heure du déjeuner, je fais un détour par les casiers, afin d'y récupérer mon repas. Un étrange bruit attire mon attention.

Je sors en silence mon yo-yo de mon sac, sans pouvoir atténuer les tremblements de mes membres. J'inspire profondément, mais cette tentative pour me rassurer reste vaine. Malgré tout, je parviens à trouver une once de courage qui me permet de faire un bon sur le côté. Un soupire de soulagement m'échappe lorsque je découvre Adrien qui ramasse ses cahiers, qui sont probablement tombés de son sac, qui se trouve à une dizaine de mètres de lui.

Je recule lentement, afin de ne pas attirer son attention : il ne faut pas qu'il me voie avec le yo-yo. Mais dans un mouvement maladroit, je frappe un casier avec mon poignet. Adrien se retourne brusquement dans un sursaut.

-Ma... Marinette ?

Son regard s'est arrêté sur l'objet révélateur.

-C'est toi...

Mon cœur rate quelques battements, et le yo-yo glisse entre mes doigts moites. Il percute le sol, pour ensuite rouler tout droit en direction d'Adrien. Paralysée, je ne peux rien faire d'autre que regarder l'effroyable scène. Il se baisse pour ramasser l'objet, et le contemple longuement.

- C'est toi qui l'as fait ? me demande-t-il, les yeux emplis d'admiration.

Sa question me trouble. Je ne m'attendais pas vraiment à cela. Je m'avance vers lui, les jambes flageolantes, et le coeur qui reprend peu à peu un rythme normal et régulier.

- Il est vraiment magnifique, me complimente-t-il, les yeux scintillants.

J'aperçois au coin de ses grands yeux verts une larme. Il ferme soudainement ses paupières et mord sa lèvre inférieure, comme s'il résistait à l'envi de pleurer. Sans me regarder, il me tend le yo-yo, que je récupère sans hésitation. Je repars aussitôt vers mon casier avant de reprendre enfin mon souffle. C'était... étrange. Sans attendre une minute de plus, je range le yo-yo dans mon sac de cours, que j'enferme à double tour dans mon casier. Mais alors que je verrouille le cadenat, un sanglot me parvient.

Je contourne la rangée de casiers afin d'espionner Adrien depuis une colonne, laquelle l'empêche de me voir. Mais pourquoi pleure-t-il ? Un sentiment de culpabilité rejoint mon corps qui se remet lentement de cette surprise. Est-ce moi qui l'ai blessé ? Il n'y a qu'une façon de le savoir.

- Adrien ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Il sèche du mieux qu'il peut ses larmes, mais en vain, impossible de faire cesser ses pleurs.

- Rien, tente-t-il de m'assurer.

Je m'approche de lui, mais il me tourne le dos, afin de me faire comprendre qu'il ne veut pas que j'insiste. De toute façon, je ne peux rien pour lui.

Je repars donc, le laissant larmoyer dans son coin, seul.

***

Durant tout le repas, je n'ai cessé de songer à lui, sans pouvoir éloigner de moi cette idée que je sois à l'origine de son chagrin. Tout de même, son comportement était curieux. Quel genre de malheureux souvenir le yo-yo de Ladybug pourrait-il rappeler à Adrien, au point de le faire pleurer ?

Je ne me souviens pas lui avoir fait du mal en tant que Ladybug. Et pourtant... Je redresse la tête. L'explication à tout cela me fait l'effet d'un poignard dans le cœur : c'est moi qui ai arrêté et emprisonné Gabriel Agreste, alias le Papillon, son père. C'est un orphelin par ma faute. Comment ai-je pu oublier cela ?

-Marinette, tout va bien ? s'inquiète Chloé.

J'enfouis mon visage dans mes mains, afin de cacher mon chagrin aux autres. Mais alors... si ce n'était pas de l'admiration dans son regard, qu'était-ce ?

Bonjour ! Désolé pour le retard. Enfin bref, voici le chapitre huit !



Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant