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Un rire mélodieux traverse tout Paris.

- Qu'y a-t-il de drôle ? lui demandé-je en posant mon menton sur son épaule.

-Tu aurais dû voir ta tête !

Il se lève et jette un œil à sa bague, laquelle n'affiche plus que deux coussinets. Ses yeux verts de félin se tournent vers moi, et ses mèches dorées sont écartées de son doux visage par une bise légère et fraîche.

- Tu sais, ma Lady, je pense qu'il est temps pour nous de révéler certains de nos secrets.
Mon cœur bondit dans ma poitrine tandis qu'il s'approche de moi d'une démarche légère. Il se penche un peu, afin que nos visages soient à la même hauteur. Mon regard ne peut se détacher du sien.

- Je t'aime, murmure-t-il.

- Je sais, soupiré-je, soulagée qu'il ne me demande pas mon véritable nom.

Une lueur de tristesse se lit dans son regard qu'il baisse. Il se redresse et ferme délicatement ses paupières.

- Alors pourquoi...

Je pose un doigt sur ses lèvres tandis que mes boucles d'oreilles m'avertissent de ma dé-transformation imminente. J'embrasse tendrement sa joue froide avant de disparaître derrière les hauts immeubles de béton, projetée par mon yo-yo magique.

Je me réveille à bout de souffle, comme si j'avais cessé de respirer durant ce souvenir apaisant.
Ma tête me fait souffrir le martyre, sans que je puisse me souvenir ce qui a bien pu me valoir la bosse qui orne l'arrière de mon crâne. Je suis prise de vertiges dès l'instant où je me redresse. Un faible bourdonnement peine à parvenir jusqu'à mes oreilles. Mes yeux, quant à eux, ne parviennent pas à mettre un peu de clarté sur ce qui m'entoure.

Prisonnière d'un monde sourd, sans rien d'autre que des tâches floues pour décors, je ferme mes paupières, l'esprit focalisé sur le souvenir de la lettre. Les mots flottent dans ma tête douloureuse, et l'odeur enivrante me plonge dans un champ de roses. Les phrases se répètent en boucle, tandis qu'une mélodie me revient. Celle d'une douce chanson qu'il avait composée pour moi, un jour.

Mon imagination me projette aussitôt sur un haut bâtiment : le Manoir Agreste. Pourquoi a-t-il choisi ce majestueux bâtiment comme scène pour chanter de tout son cœur ces paroles composées pour moi ? Je ne l'ai jamais su.

Mais en attendant, mon esprit, exténué par la douleur, me replonge dans ces mélodieuses minutes passées à écouter mon partenaire interpréter sa composition d'une voix sans égale. Le son qu'il produisait était d'une beauté envoûtante. J'écoutais attentivement son chant de basse, sans prêter attention aux moindres sons qui nous entouraient. Sa voix était tellement belle que j'en avais oublié d'écouter les paroles. Il ne m'a jamais excusé cette inattention.

J'ouvre les yeux sur un paysage plus net. Tandis que les meubles de la salle principale se redessinent, mon ouïe se débarrasse enfin de cet insupportable bourdonnement, pour laisser place à l'anxiété de mes coéquipiers.

- Enfin, tu es réveillée ! s'exclame Rena Rouge en plaquant ses mains gelées sur mes joues brûlantes de fièvres.

- C'est bon ? La Belle au bois dormant a terminé sa sieste ? maugrée Queen Bee en retirant d'un coup sec la couverture qui me maintenait au chaud.

- Non mais ça ne va pas ! rouspète la renarde masquée en arrachant la couette des mains de la reine des abeilles.

- Les filles, s'il vous plaît, soupiré-je en me redressant.

Ces dernières s'échangent un terrible regard noir avant de prendre connaissance de mon état.

- Tout va très bien, les rassuré-je. Tout va parfaitement bien.

Les jeunes femmes s'échangent un étrange regard puis se tournent vers Carapace, un air penseur plaqué sur sa mine épuisée. Il pose un puissant regard sur moi, avant de s'avancer dans ma direction. Intimidée, je ne peux que détourner les yeux de son imposante carrure de tortue.

Le géant d'écailles pose une main attendrissante sur mon bras squelettique.

- Ladybug, Chat Noir n'est plus ton partenaire.

- Quoi ? lui demandé-je, sceptique. Je connais Chat Noir mieux que quiconque, et pour rien au monde, il déciderait de m'abandonner.

Les trois super-héros s'échangent un regard lourd de sens, que seuls eux parviennent à décrypter. Rena Rouge m'aide à me mettre debout et tous trois m'entraînement dehors, sans me laisser le temps de recouvrer tous mes sens.

L'air frais de la nuit m'arrache un long frisson. Malgré mes lourdes paupières, je parviens à lever mes yeux rouges sur cet être vêtu de noir. Deux grandes oreilles assorties se dressent sur sa chevelure d'or. Mais lorsque son regard croise le mien, un sentiment de peur me parcourt l'échine. Le sentiment d'être devant un inconnu est oppressant. J'aimerais affirmer que le voir en vrai me fait drôle au point de me donner l'impression d'être en face un tout nouveau Chat Noir, mais ce serait un mensonge.

- Qui es-tu ? demandé-je, la mâchoire serrée.

Cet imposteur m'irrite plus que tout. Comment ose-t-il porter un costume semblable à celui de mon meilleur ami ?

- Je te retourne la question, fait-il d'un air malicieux.

Il descend de son arbre pour s'avancer vers moi d'une étrange démarche. Ses mains, armées de microscopiques griffes noires, s'approchent dangereusement de mon visage. Mais Queen Bee le repousse avec sa tendre violence. Son visage me paraît d'avantage détaillé, maintenant qu'il ne se trouve qu'à quelques centimètres de moi.

Tout son visage se crispe sous l'effet d'une colère soudaine.

- Où est Redna ? articule-t-il lentement, probablement pour contenir la rage immense qui enfle en lui.
- Qui ? demande Queen Bee en plaçant un bras devant moi, ayant elle aussi pris conscience de la colère qui s'est emparé de ce pitoyable imitateur.

Mais c'est contre toute attente qu'il referme sa main sur le visage de Chloé.

-Ne jouez pas au plus malin avec moi, nous avertit-il, ou vous risquerez de le regretter.

Il lâche mon amie et recule sous le regard supérieur de Carapace.

- Quant à toi, grogne-t-il en me fixant de ses yeux menaçant, tu vas me le payer.

Et il disparaît de notre vue, propulsée par un bâton argenté. C'est donc lui, le nouveau porteur. Pourquoi lui as-tu confié ton Miraculous, me demandé-je, exaspérée par tant de cruauté. Cet être ne mérite aucunement de posséder un si grand pouvoir.

Carapace avait raison : Chat Noir n'est plus mon partenaire. A vrai dire, il n'est plus lui.

Suite à cette irritante confrontation, je préfère rentrer chez moi, afin de souffler un peu, et de mettre de côté cette nouvelle menace, ne serait-ce que pour une journée.

Tadam ! Et voilà ce onzième chapitre ! Qu'en avez-vous pensé ? Dites-le moi en commentaire !

Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant