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C'est drôle tout de même, de savoir qu'une simple invitation peut vous redonner l'envie de sourire bêtement. Il m'a été impossible de rester concentrée en classe après cela, malgré les nombreux rappels à la réalité de mes professeurs.

D'un air penseur, je n'ai cessé de scruter les moindres mouvements des aiguilles de l'horloge accrochée au-dessus du tableau blanc du professeur de Science. Ce dernier a abandonné l'idée de me faire descendre de mon petit nuage paradisiaque depuis une vingtaine de minutes déjà.

Cependant, lorsque la sonnerie retentit enfin, il ferme la porte, empêchant quiconque de quitter son cours.

- Tant que Marinette n'aura pas résumé le cours, personne ne sortira de cette pièce, nous informe-t-il d'un pieds ferme.

Sa posture démontre sa grande détermination : les bras croisés sur la poitrine, le menton fièrement levé, le regard étincelant de conviction. Il pense déjà avoir gagné. En toute franchise, il a raison. Je n'ai pas envie de perdre mon temps ici, à jouer à la plus maligne avec lui, alors j'avoue ma faute, afin de ne pas faire attendre plus longtemps mes camarades.

Seulement, j'ai eu tord de croire que cela pourrait être aussi facile : à part moi, toute la classe se retrouve dehors. Adossé contre le porte pour faire obstacle entre moi et la liberté, il me fixe de ses grands yeux bleus.

- Marinette, soupire-t-il, je t'ai trouvée étrangement distraite. J'ignore ce qu'il se trame là-haut, fait-il en me tapotant gentiment le front, mais cela ne devrait pas t'empêcher de travailler comme il se doit. C'est ta dernière année au lycée, ce serait bête de la recommencer.

Ses paroles me font froid dans le dos. Redoubler fait partie des choses que je redoute le plus, après les films d'horreur. Mais si seulement il savait combien de fois je l'ai sauvé des griffes d'un mutant, il serait bien plus indulgent et compréhensif. Je ne peux pas cependant me permettre de lui dévoiler mon alter ego pour des fins personnelles. Et puis de toute façon, je n'ai pas besoin d'aller jusque-là.

- Excusez-moi, monsieur. Je veillerais à ce que cela ne se reproduise pas.

Sans plus attendre, mon professeur me laisse la voie libre. Je m'en vais sans lui adresser le moindre remerciement. Je ne pensais pas réellement mes dires, alors comment pourrais-je le remercier d'un geste que je ne méritais pas ? Je sais, tout cela n'a aucun sens. Mais ce que je veux dire par-là, c'est qu'aucun "Merci" ne tienne, surtout s'il vient d'une langue mensongère, telle que la mienne.

Bah, mentir aux professeurs n'est pas une nouveauté. J'ai pris l'habitude d'accumuler mes propres déceptions. Cependant, ce que je ne supporte toujours pas, ce sont les mensonges que je suis forcée de donner à mes amis pour les préserver d'un chagrin empoisonné, ou tout simplement de méchants, dans le cas d'Adrien. Ce sont des choses que je dois accepter ; après tout, c'est pour les préserver en vie que je fais cela.

***

Le reste de la journée se passe trop lentement à mon goût, impatiente que la fin des cours soit annoncée. Mon vœu est exaucé après une longue heure de philosophie, durant laquelle j'ai élaboré un plan minutieux, qui me sera probablement d'une grande utilité lorsque je serais chez Adrien.

Mais autant que je le sache, rare ont été les fois où je suis parvenue à suivre le plan. Enfin, ce n'est pas ce minuscule détail qui va me faire regretter ma décision. Et puis, cette après-midi ne pourra qu'être bénéfique à mon moral dépressif.

Il va s'en dire qu'une tornade de maladresses se prépare doucement, attendant le moment propice pour déployer ses ailes tournoyante afin de créer une série d'incidents autour de moi. Mais c'est telle une délicate brise que je m'avance vers Adrien. Au fur et à mesure que je me rapproche de lui, ma sérénité s'estompe peu à peu, pour laisser place à une fanfare déchaînée, jouant du tambour de toutes ses forces dans ma poitrine. Toutes mes forces sont concentrées sur mes jambes tremblantes, qui peinent de plus en plus à me faire avancer. Ne tombe pas, pensé-je en inspiration profondément. Mais j'ignore comment, je parviens à me faire un croche-patte pour finir aux pieds d'Adrien.

Il me tend aussitôt sa main, mais j'hésite à l'attraper. La mienne est terriblement moite. Et cela n'est pas près de s'arranger, au vu du stress qui pompe à toute vitesse mon cœur. Ma tête, martelée par ces battements puissants, m'empêche de réfléchir. Ma respiration devient lente et difficile.

Je frappe le sol de mon poing, afin de chasser toutes mes angoisses. Peut-être aurais-je du mettre un plan qui me serait utile pour ce genre de situation, uniquement.

Je me relève sans son aide, aussi rouge qu'une tomate.

- Tu ne t'es pas fait mal ?

Je secoue la tête, sans pouvoir le regarder. Il doit probablement se regretter en ce moment même l'invitation qu'il m'a faite. Qui voudrait d'une catastrophe comme moi chez lui ?

- Tu dois repasser chez toi, ou je t'emmène directement chez moi ? demande-t-il en se plaçant à côté de moi.

- Je... Toi. Maison. Chez toi. Enfin, non ! Euh... Je... Je n'ai pas besoin de passer chez moi.

Même après une profonde respiration, je ne parviens pas à ramener le calme en moi. Le chauffeur attitré d'Adrien nous fait signe que l'heure tourne. Je plante mes ongles dans ma paume, en espérant que cela m'évitera d'autres accidents embarrassants.

J'entre dans la spacieuse limousine sans trébucher sur quoi-que-ce-soit. Le trajet se passe dans un silence insupportable. Adrien semble étrangement tendu. Il ne cesse de frotter ses mains sur son jean noir. Une petite lumière vient éclairer mes maigres espoirs en ce qui concerne les sentiments qu'il pourrait avoir à mon égard. Mais peut-être me trompe-je. Il a probablement peur pour les objets de valeur qui sont exposés chez lui. Il me faudra être plus qu'attentive à mes moindres faits et gestes si je ne veux pas casser l'un d'eux, et causer la perte de plusieurs milliers d'euros.

La limousine s'arrête enfin devant une immense demeure qu'est le Manoir Agreste. Mais ce n'est pas la beauté du bâtiment qui attire mon attention : des papillons ont été peints, ainsi que quelques menaces, qui semblent commencer à se désagréger.

Adrien roule jusqu'à l'entrée, sur un chemin de pierre bordé par un verdoyant jardin. Je marche derrière lui, suivis de près par un majordome. À peine avons-nous passé le seuil de l'imposante porte que l'homme au costume noir et blanc me propose de récupérer mes affaires. Je ne lui confie que ma veste, ayant besoin de mes affaires de cours pour aider Adrien à confectionner sa fiche de révision.

Le hall d'entrée est digne d'un palace avec son lustre de cristal, accroché à un plafond se trouvant à une hauteur d'au moins cinq mètres. Cette pièce est terriblement vide ; seul un tapis de soie blanc et un porte-manteaux s'y trouvent. Un impressionnant escalier en pierre grimpe en colimaçon jusqu'au premier étage. Une étrange cabine en métal a été posée dans un coin sombre de la pièce immense. On dirait... un ascenseur.

Adrien se dirige vers lui, un large sourire plaqué sur son visage d'ange. Dans son regard scintille un étrange sentiment. Il presse un bouton sur la cabine, afin que les portes de cette dernières s'ouvrent pour qu'il puisse s'y engouffrer.

- Le premier arrivé en haut a gagné ! me lance juste avant que les portes ne se referment.

Je jette mon sac sur mon dos, et commence à grimper les marches deux à deux.

Et voilà pour ce quatorzième chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu !

Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant