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Mon téléphone se met à vibrer, m'obligeant à quitter mon lit douillet. C'est l'heure. Je me lève dans le plus grand des silences et m'approche de la fenêtre à pas de velours. Je m'assure que les volets sont bien fermés avant de chuchoter :

- Tikki, transforme-moi.

***
Paris tout entier dort paisiblement. Je profite de la magnifique vue que j'ai de la métropole depuis le sommet de l'hôtel de ville quelques instants. Tout ce silence, tout ce calme, m'apaise. Un vent frais me rappelle à quel point la vie ici peut être rude, et terrifiante.

Je repars furtivement, telle l'ombre d'un jour qui n'existe plus. Après quelques galipettes dans les airs, j'arrive enfin au Jardin des Plantes. Près d'un petit pommier, dissimulé dans ses feuilles verdoyantes, un petit levier que j'abaisse. Aussitôt que je le lâche, il se redresse. Un petit "clic" m'indique que l'entrée vers le Repère est déverrouillée. Camouflée par les hautes herbes, la trappe qui donne accès à ma cachette devient invisible aux passants qui visitent le parc. Je me faufile dans l'étroite ouverture puis referme la petite porte rectangulaire avant de descendre l'échelle jusque dans l'obscurité. Un couloir haut d'un mètre vingt mène jusqu'à la pièce principale, où m'attend Queen Bee. Rena Rouge n'est pas là.

- Ah bah enfin ! Soupire la jeune femme à la chevelure d'or, dans laquelle se mêle deux petits rubans noirs, qui lui font comme des antennes d'abeille. Je commençais à croire que tu ne viendrais pas !

- Désolé.

- Oh, mais arrêtes de t'excuser : je rigole ! Alors. Qui prend le premier tour ?

Je lui fais signe qu'elle peut aller se reposer puis monte à l'étage, qui se trouve lui aussi sous terre. Seulement, grâce à un jeu de miroirs, on peut observer l'extérieur depuis cette petite pièce close. Il y fait assez chaud, surtout à cette période de l'année, où l'été approche à grand pas.

Les coudes posés sur les genoux et la tête posée sur mes mains, je reste ainsi à observer le dehors à travers cette sorte de périscope, fabriqué avec des matériaux de récupération par Rena Rouge et Carapace.

Le ciel obscur est caché par les imposants nuages gris du monde moderne. Parfois, lorsque le temps commence à se faire long, j'imagine le jour où à travers ce tuyau, j'apercevrais Chat Noir s'approcher du Repère de sa démarche fière et assurée. Ça me réchauffe toujours un peu le cœur lorsque je me dis que tout espoir n'est pas encore perdu, qu'il reste une infime possibilité que Chat Noir soit encore des nôtres.

C'est avant tout pour lui que je suis ici, accroupie dans cette pièce souterraine, dégoulinante de sueur. C'est dans l'espoir de le revoir un jour que j'ai organisé ces veillées nocturnes. Et également pour m'assurer qu'aucun mutant ne vienne embêter les Parisiens. Mais surtout pour lui.

Bien que j'ignore qui se cachait derrière son masque, j'avais l'impression de tout connaître de lui. Nous étions meilleurs amis. Bien que je ne me montrais pas toujours attentive à ses blagues, je l'écoutais, et je souriais dans son dos. Il y a tant de choses que je regrette désormais. Comme le fait de ne pas lui avoir dit que je l'aimais moi aussi.

Quelques larmes s'échappent de mes yeux rouges, et mon cœur se serre. Il y a tant d'excuses que je dois. Je ne peux pas tenir plus longtemps. Des nouveaux sanglots secouent mon corps épuisé par son absence.

Queen Bee débarque, alertée probablement par mes couinements. Pour la première fois, elle me prend dans ses bras, et me parle comme si elle était sous les traits de Chloé.

- Il reviendra, j'en suis sûre. Tu comptes trop à ses yeux pour qu'il t'abandonne. Il doit peut-être encore se remettre de ses blessures.

J'espère profondément qu'elle a raison. Nous restons ainsi, chacune dans les bras de l'autre, sans dire un mot, durant plusieurs minutes. Étrangement, sa présence réchauffe doucement mon cœur gelé. Si seulement Alya pouvait voir cette facette de Chloé, elle cesserait de douter de sa fidélité et de penser qu'elle joue la comédie. Cela fait bien trop longtemps qu'elle est ainsi pour faire semblant.

C'est bête que notre amitié n'est débutée qu'en première, depuis le temps qu'on se connaissait. Elle était seule à une table, et j'avais appris que l'année passée, elle l'avait terminée seule. Sabrina, sa meilleure amie, a déménagé à la fin de l'année. C'était la première fois que je la voyais aussi triste, et seule.

J'ai mangé avec elle sans dire un mot. Je ne l'ai pas vu me lancer le moindre regard. J'ai quitté la table un peu déçu par son comportement. Mais ma colère est vite retombée lorsque le mot "Merci" est sorti de sa bouche sous la forme d'un timide chuchotement. Je me suis retournée vers elle, et je l'ai vu sourire. Un sourire reconnaissant, accompagné d'une larme. Qui l'aurait cru ? Moi, j'y ai cru. Derrière ses manières de peste, il y a toujours eu un petit cœur fragile et délaissé. Je n'ai jamais regretté depuis ce jour d'avoir cru en une possible amitié entre nous deux.

J'espère à présent qu'Alya acceptera à son tour Chloé. Ce n'est qu'une question de temps. J'en suis persuadée.

- Va dormir un peu, je prends le relais, m'assure-t-elle d'une douce voix agréable.

Je rampe à quatre pattes jusqu'à l'escalier qui mène à la pièce principale, et juste avant de descendre, remercie Queen Bee pour son soutien. Ce qui fait d'elle une si bonne amie, c'est probablement le fait qu'elle n'a pas la vie si parfaite que l'on a peut s'imaginer.

En bas, il fait déjà un peu plus frais. L'air qui passe par les minis-bouches d'aération rafraîchît l'air de cette salle circulaire. Avant de me coucher sur le lit, je remets à sa place le sac à dos que j'avais emprunté hier, et dépose de nouveaux vêtements d'urgence.

À peine ma tête se pose-t-elle sur le petit oreiller que mes paupières se ferment.

Et voilà pour le chapitre 6 ! Dites-moi ce que vous avez pensé en commentaire ;) Bonne lecture  pour la suite !

~~~~~~~Notes~~~~~~~

que je l'aimais moi aussi. : Chat Noir était fou amoureux de Lady Bug.

~~~~~~~Et voilà~~~~~~

Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant