Au lieu de quoi, je n'ai droit qu'aux caresses doucereuses de ce garçon à qui je donne un espoir inexistant. Cette lueur a cessé de briller dans mes yeux, mais je continue de lui sourire, comme si mon cœur battait toujours autant pour lui.
J'aimerais prendre son visage dans mes mains, pour qu'il ne s'efface pas lorsque je lui dirais ces mots. Mais le courage me manque, et je n'ai qu'avec moi une poignée de larmes, et de lâcheté. Rien qui puisse éviter de le briser plus qu'il ne l'est déjà, par ma faute déjà. Ladybug lui a arraché la dernière chose qui lui restait, et je ne sais pas si Marinette saura toujours le regarder
lorsqu'elle lui aura avoué cette chose monstrueuse qu'elle garde en elle depuis des jours déjà.
Les paroles sont des choses tellement insignifiantes, et pourtant, les ravages qu'elles peuvent infliger sont parfois plus meurtriers que les actes.
Adrien se hisse dans son fauteuil, sans pouvoir m'aider à me relever, parce qu'il en est incapable. Et si je venais à lui révéler la vérité quant à mes sentiments, qui ne pourra plus se relever ? Lui, ou moi ?
Je chasse loin de moi ces pensées, parce que je ne me sens pas de taille à les affronter, comme toutes ces responsabilités qui filent entre mes doigts, alors que je n'essaie que de m'y accrocher plus fermement qu'auparavant, parce que je veux que tout se règle au plus vite, avant que les choses ne deviennent hors de contrôle - si elles ne le sont pas déjà.
– Où est-ce que tu es passé ? Nino t'a cherché partout. Est-ce qu'au moins ça va ?
Non. Non, je ne vais pas bien, Adrien. Et tu seras dans un état pire que le mien si je te dis tout. Ça me brise le cœur, plus que tu ne puisses l'imaginer, de garder tout ça pour moi. Mais pour le moment, tu ne me laisses pas le choix. Personne, ni rien, ne me laisse la possibilité de choisir.Je relève le manteau, brûlante de colère, sous cette injustice qui s'écroule sur mes épaules déjà exténuées. Le silence inouï qui règne en ces lieux semblent m'inciter à le briser, avec des mots qui me trancheraient la gorge si je venais à les prononcer.
– Tout va très bien, réponds-je, les poings fermés sur les bretelles de mon sac.
Je détourne mes yeux de son regard inquiet. Nous quittons le hall d'entrée pour rejoindre le place peuplé de lycéens à bout de souffle, et soulagés de pouvoir rentrer chez eux, dernier endroit encore sûr dans cette ville.– Marinette, murmure-t-il.
Sa voix me caresse la peau comme une nuée épineuse, menus de crochets près à m'arracher la vérité du fond de la gorge. Il caresse ma main du bout de ses doits chauds, mais je m'écarte aussitôt. Je ne m'hérite rien de tout cela.
J'aperçois au loin, près d'une petite voiture grise, Luka, qui discute avec sa sœur, Juleka. Lorsque je ferme les paupières, je nous revois tous ensemble, sur le bateau de leur mère, instruments à la main, mélodie dans le cœur, et sourire aux lèvres. J'avais treize ans, à l'époque. Et nous jouions l'air endiablé d'un morceau de rock, avec les paroles délicates composées par Rose.
– Marinette, j'ai besoin de toi, s'il te plaît.
Je me fige à ces mots. Les événements me ravissent tout l'air qui habitait mes poumons, pour se mêler au brouillard pollué. Je remonte aussitôt les marches, et tends les béquilles à Adrien, avant de le suivre, son fauteuil en main.
– Est-ce que...
Le reste de ses paroles se noie dans la sirène stridente qui fait trembler mes oreilles, et qui secoue violemment mon cœur.
Le sol se remue sous mes pieds, soudain en proie à un séisme. Mais pas n'importe lequel. Le tremblement de terre s'accentue au fur et à mesure que la créature s'avance sur la place, désertée à toutes vitesses par les parisiens affolés, se bousculant, et se marchant dessus, sans prendre le temps de tendre la main à ceux qui sont à terre.
Une voix me crie de faire vite, de faire un choix. Mais l'indécision me cloue au sol, laissant mon yo-yo dans mon sac, lui qui pourrait éloigner Adrien de ce monstre sans pitié, et qui pourtant, dans un temps qui semble paraître lointain, a connu une once d'humanité dans sa vie d'avant.
La masse vivante s'approche d'un pas lourd dans notre direction, sans que la moindre solution ne perce les brumes de mon esprit. Mon souffle se coupe soudain, alors qu'une main se referme sur ma taille, pour m'emmener loin de cette scène.
Mes lèvres s'écartent pour prononcer le nom de ce garçon que j'abandonne, mais aucun son ne s'échappe de ma bouche, lorsque mon regard croise les yeux verts d'Adrien.
Le sol défile sous mes yeux effarés, et mes pieds le survolent sans le moindre effort. Mon corps ne semble être qu'un vulgaire sac, qu'Adrien transporte sans mal, appuyé sur ses deux jambes.
Nous passons le porche de pierre d'une boutique, dans laquelle nous trouvons refuge. Adrien me lâche dans un gémissement de douleur, et s'écroule au sol, les larmes aux yeux.
Dans un hurlement où la colère se mêle à un autre sentiment indéchiffrable, il frappe de son poing un mur, avant d'étouffer ses sanglots dans ses mains tremblantes. Je me laisse glisser contre un mur, interdite, en proie à l'incompréhension. D'étranges sentiments transpercent mon cœur encore secoué par ce qu'il vient de se passer, et viennent me nouer l'estomac.
Adrien inspire profondément, encore tremblant de douleur, à en croire la grimace qui distord son visage mouillé par les larmes. Il ramène doucement sa jambe droite à sa poitrine, les dents grinçantes.
– Est-ce que tout va bien ? demande-t-il.
Ses yeux d'émeraude transpercent mes pupilles dilataient par la surprise. Je ne sais quoi répondre à sa question. Mais j'en ai cependant une qui me traverse l'esprit.
– Comment ?
Ma voix se brise, sous l'impression d'avoir été trahie, moi qui essaie de tromper Adrien avec mes sourires hypocrites.
Il détourne aussitôt son regard larmoyant, une main refermée sur sa jambe parfaitement fonctionnelle. Ça me fait mal de savoir qu'un garçon aussi gentil que lui puisse mentir sur une telle chose. Non, je ne devrais pas le juger. Mais peut-être ai-je là l'occasion de lui dire toute la vérité. Ce serait moche, ce serait lâche, ce serait vicieux, je le conçois. Tout cela a-t-il encore de l'importance, dans cette circonstance ? Je le crains que non. Je suis plus fautive qu'il ne l'est avec son mensonge, mais il n'est en aucun cas innocent.
– Marinette... Je suis vraiment désolé. Je... Je ne voulais pas vous tromper avec ce fauteuil, je te l'assure ! C'est juste qu'il y a cette douleur, que je n'arrive pas à accepter. Je n'arrive plus à marcher sans avoir mal. Je ne peux même pas me lever sans avoir cette douleur qui me pince les jambes. Enfin, celle qu'il me reste.
Les mots me brûlent la gorge, la vérité veut se libérer, mais le moment a été prompte, anéanti par les explications d'Adrien, qui me fixe, en attente d'une quelconque réaction. Je suis vide de sentiment, démuni de toute faculté de réflexion. Comment ai-je pu croire que ce qu'il cachait avec son fauteuil était le moment parfait pour tout lui avouer, sur le fait que je ne me sens pas réellement prête à l'aimer ?
Hey ! Voici le 28ème chapitre ! Alors, vos impressions ? Cette révélation, que vous a-t-elle fait ? Je vous tout savoir ! Sur ce, bonne lecture à tous !
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Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]
Fanfic/!\ risques de spoils /!\ Marinette Dupain-Cheng a seulement treize ans lorsqu'elle découvre Tikki, qui la fera devenir Ladybug, l'héroïne tant appréciée de Paris. Voilà que quatre ans sont passés depuis cette rencontre qui a donné un nouveau tourna...