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J'ouvre la trappe tandis que Rena Rouge se démène pour tirer jusqu'à moi le monstre. Alors que je le libère de l'emprise de mon yo-yo, il sort peu à peu de sa tétanie. Sans la moindre hésitation, Rena Rouge le pousse dans le tunnel qui mène aux cachots, dans lesquels sont déjà enfermés une trentaine de mutants.

- Il faudra réfléchir à une autre solution, déclare Rena Rouge en refermant la trappe.

Elle a raison. Nous ne pourrons pas enfermer tous les mutants dans cette prison souterraine éternellement.
- Maître Fu travaille toujours sur l'antidote, lui rappelé-je.

- Oui, eh bien, il devrait arrêter de travailler et nous fournir plutôt un antidote efficace. J'en ai marre de prendre autant de risques juste parce que tu refuses de piquer ces bestioles !

-Ce sont avant tout des humains, Rena Rouge. Et mon devoir, qui est le tien également, ne l'oublie pas, est de protéger les citoyens humains, pas de les tuer.
- Ce ne sont pas des humains ! Mais réveille-toi un peu !

Je la repousse, rouge de colère, les larmes aux yeux.

- Tu crois que tuer nos ennemis arrangera tout ?! Ce sont des êtres vivants, Alya ! Des êtres vivants !

Elle me gifle sans le moindre scrupule. Elle prend mon visage dans sa main et m'oblige à la regarder droit dans les yeux.

-Premièrement, je ne suis pas Alya. Secondement, il n'y a plus rien d'humain chez eux. Ce ne sont que des monstres assoiffés de sang qui tuent pour le plaisir. As-tu déjà oublié ce qu'ils ont fait à Chat Noir ?

Mon souffle s'est coupé, mon cœur, arrêté. Je m'écroule, le poids de ses mots étant trop lourd pour que je puisse tenir sur mes deux jambes. Non, bien sûr que je n'ai pas oublié. C'est le cauchemar le plus fréquent que je fais., pensé-je. Et puis, comment pourrait-on oublier ce qui est arrivé à notre coéquipier de toujours, à notre meilleur ami. Comment pourrait-on oublier le jour le plus terrifiant de son existence ?

- Je... Je suis désolé, s'excuse Rena Rouge.

- Va-t-en. Nous n'avons plus rien à faire avec nos costumes. Rentre chez toi et repose-toi. Et ne prends pas la peine de venir ce soir.

Elle semble vouloir contester mes paroles, mais finit par abandonner l'idée et s'en va. Les larmes s'éclatent sur le sol de bitume. Des petits couinements m'échappent. Ma respiration saccadée résonne comme un long souffle. Je marche à quatre pattes jusqu'à un siège, puis murmure :

- Dé-transformation.

Mes yeux reprennent leur aspect et leur couleur original, tandis que toute la force et l'agilité extraordinaire que me donnait Tikki quitte mon corps tremblotant, secoué par des sanglots que je m'efforce de contenir en moi.
- Marinette ! s'écrie le Kwami.

Elle vole jusqu'à mon visage, et s'y frotte de toutes ses forces. Je lui tends ma main et elle s'y pose aussitôt.

- Neuf mois, Tikki. Et je suis toujours incapable de retenir mes larmes.

Je me laisse tomber sur le sol froid du Repère, sans pouvoir sortir cette phrase fatale de ma tête. As-tu déjà oublié ce qu'ils ont fait à chat Noir ? Si seulement, songé-je. Si seulement.

Ce vide, qui a creusé mon petit corps fragile, semble prendre de l'ampleur avec le temps. Je ne sais plus quoi faire pour guérir. J'ignore s'il faut que je fasse mon deuil, ou qu'il faut juste que je lui dise à bientôt. J'avoue ne pas savoir combien de temps vais-je pouvoir tenir ainsi.

- Allons voir Maître Fu, me suggère Tikki.

- Pour quoi faire ? Je n'ai pas besoin de thé.

- Wayzz a une bonne nouvelle pour toi. Enfin, je crois que c'est une bonne nouvelle.

Je bondis aussitôt sur mes pieds et me précipite vers la porte blindée du Repère.

-Attends ! Tu as encore ton costume, me rappelle le Kwami.

Ah, oui. Le costume. Celui de l'héroïne haït. Celle que l'on hue lorsqu'elle vient de sauver des centaines de vies. Celle sur qui on lance des pierres pour qu'elle s'en aille au plus vite. Celle qui fait la une des journaux de critiques. Celle qui cache à ses parents l'horrible personne qu'elle devient lorsque l'alarme qui alerte la venue de mutants retentit. Oui, c'est bien moi qui porte le costume de cette héroïne là.

Dans un coffre, je récupère les vêtements "de secours" qui sont à mon nom. Une fois ma chemise à pois et mon pantacourt enfilés, je plie mon costume et le cache dans un sac à dos que j'embarque avec moi.

La porte s'ouvre suite à l'identification de mes empreintes digitales par l'ordinateur installé par Nino. Ce dernier aussi me manque. Il a quitté l'équipe après s'être fait mordre par un mutant de type deux. Ce jour là, j'ai tué quelqu'un de mes propres mains.

Mon corps frissonne sous cette pensée effroyable. Qui suis-je entrain de devenir ?

Je chasse ce souvenir de mon esprit pour faire place à une pensée plus heureuse. La bonne nouvelle de Wayzz. Ton mon être frétille d'impatience d'en connaître l'objet, et espère plus que tout qu'elle ait un lien avec Chat Noir.

Les rues se remplissent de monde peu à peu. Personne n'est véritablement rassuré, alors on sort seulement si l'on est sûr qu'il n'y a plus de mutants dans les rues empoisonnées par la colère des métropolitains.

Je cours, bien que je sois exténuée. Cette pensée de recevoir de bonnes nouvelles illumine toutes mes perspectives qui sont plongées depuis trop longtemps dans l'obscurité de la mélancolie.

Mes ballerines font comme des claquettes à chaque pas que je fais. Mes poumons se remplissent d'air puis se vide d'un seul souffle. J'accélère lorsque la petite échoppe de Maître Fu entre dans on champs de vision. Une fois devant, je m'arrête un instant, le temps de reprendre mon souffle.

A peine ai-je abaissé la poignet que la porte s'ouvre en grand. Maître Fu me tire à l'intérieur et me pousse dans son bureau. Wayzz flotte au-dessus d'un tapis de paille décoré par d'étranges symboles, que je n'ai su déchiffrer.

- Marinette ? demande-t-il d'une voix posée.

- Je suis là. Quelle est donc la bonne nouvelle ?

Ses grands yeux verts s'ouvrent pour me fixer longuement.

- J'ai été mis en contact avec Plagg.

Les Kwamis ont la faculté de communiquer entre eux lorsqu'ils dorment. Un Kwami peut interagir avec le monde humain uniquement grâce au Miraculous auquel il est attaché. Si un Miraculous est perdu, le Kwami qu'il détient devient prisonnier de ce monde où tous les Kwamis se rejoignent durant leur sommeil. Mais si le porteur se débarrasse volontairement de son Miraculous, dans le meilleur des cas, il reste prisonnier du Miraculous, dans le pire des cas, si le bijou est détruis par le porteur, le Kwami disparaît pour toujours.

Alors apprendre que Mayzz est parvenu à parler avec Plagg, c'est plus qu'une bonne nouvelle. Chat Noir n'est donc pas mort.

-Cette nouvelle n'a pas la signification à laquelle tu pense, Marinette, m'avertit Maître Fu en posant sa main sur mon épaule. Elle signifie tout simplement que le Miraculous de Chat Noir a soit été perdu, soit un porteur l'a réactivé. Mais je pencherais plus pour la seconde option, car sinon nous aurions eu des nouvelles de Plagg il y a fort longtemps maintenant.

- Vous voulez dire que Chat Noir a lui même retirer sa bague ?

Le petit Kwami aux traits de tortue opine du chef. Pourquoi aurait-il fait cela ? Qu'est-ce qui a bien pu pousser Chat Noir à faire une croix sur ses pouvoirs ? Mais surtout, pourquoi le réactiver seulement maintenant?

- Marinette, poursuit le Kwami, si j'ai souhaité t'en parler, c'est uniquement parce que Plagg semble... malheureux. Il a refusé de parler de son porteur. Je crois... Je crois que ce n'est pas Chat Noir qui détient la bague.

Et voilà pour ce quatrième chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu !

~~~~~~~Notes~~~~~~~

Nino : il s'agit de l'ex petit-ami d'Alya. Si vous n'êtes pas encore à la saison deux, je ne vais rien vous dire de plus à son sujet ;)

Plagg : c'est plus rappel, mais bref. Il s'agit du Kwami du Miraculous de Chat Noir.

~~~~~~~Et voilà !~~~~~



Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant