Ma respiration est saccadée par le rythme inquiétant de mon cœur. Ma vue se brouille, mon estomac se noue, mon cœur se tord de douleur et mon corps se refroidit. Je n'ai ni la force ni le courage d'affronter son regard fusilleur, ou même sa voix puissante et terrifiante.
J'ai l'impression que le paysage tourne autour de moi ; toutes les couleurs se confondent en une seule masse de couleur, sans limite, sans contours.
Je m'écroule au sol, le poids de la peur pesant trop lourd sur mes épaules maladivement maigres. Je voudrais arrêter mon cœur, cesser d'avoir peur, pouvoir lever la tête sans craindre ce qui va tomber sous mes yeux. J'ai trop peur. Mon cœur va imploser s'il ne se montre pas maintenant, si je ne connais pas la raison pour laquelle il se tenait derrière sa voiture, à m'espionner au travers des vitres.
Son regard m'a paru tellement sombre, que même une allumette n'aurait pas su l'éclairer. Peut-être a-t-il juste voulu s'assurer que je n'étais pas avec son frère ? La fatigue est en train de me faire délirer.
J'essuie mon front dégoulinant de sueur d'un revers de la main, et referme mes mains moites sur les bretelles de mon sac. A force d'affronter des monstres, je finis par penser que tout le monde en est un, qui me veut du mal. Si seulement je pouvais mettre ma vie sur pause, ou alors tout régler en une nuit. Est-ce vraiment possible ? L'espoir est beau, n'est-ce pas ? Si seulement il pouvait être réel.
– Marinette ?
Je bondis si haut que la chute en est douloureuse. Mes poings se crispent malgré ce que je viens de me dire.
– Je...
Il se mord la lèvre. Voir quelqu'un d'aussi dur et confiant avoir une telle attitude me surprend beaucoup. Je ne pensais pas que Félix était vraiment capable de douter. Son visage se durcit aussitôt, comme si mes pensées avaient été jusqu'à lui.– Je voulais te dire que je sais, m'informe-t-il sèchement.
Il pivote sur ses talons, et s'éloigne de moi pour s'en aller accueillir son frère dans sa voiture. Mon col roulé semble m'étrangler, à présent. Le monde s'effondre sur moi, comme si je n'étais pas assez enseveli, comme s'il était possible de sombrer plus bas encore. Mais que sait-il ? A-t-il finalement fait le lien entre les boucles d'oreilles et mon identité secrète ? Comment ?
Je m'écroule. Une journée lui a suffi.
Impossible d'éjecter l'air qui s'est accumulé dans mes poumons. De lourdes larmes d'effroi et d'épuisement roulent difficilement sur mes joues.
Une alarme stridente résonne dans les ruelles secouées soudainement par une panique générale. Je veux me relever, mais la peur ne me donne pas la force nécessaire pour me relever. Que je meurs. Qu'on en finisse avec tout cela.
La terre tremble sous mes larmes. Je ne veux pas relever les yeux. Je ne verrais probablement que le visage difforme d'un de ces fichus mutants, encore, et toujours. Ma poitrine se lacère péniblement sous les coups dévastateurs de la peur. Tout ce qui se trouve en moi est engloutie par un immense trou noir, par l'absence de tout courage. Mon corps n'est plus qu'un pantin, dont on agite le corps sans vie, sans volonté.
Le monstre sans cœur s'approche de moi d'un pas lourd. Je suis seule sur la place, sans personne à qui m'accrocher, sans personne pour venir à mon secours. Du coin de mon œil larmoyant, j'aperçois les pieds boursouflés de la créature s'avançant lentement vers moi, intriguée, probablement, par l'absence de toute volonté de fuir en moi. Je risque tout de même un regard dans sa direction. Tous ses membres sont atrocements gonflés, et ses yeux morbides me fixent comme si mon dé avait déjà été jeté. Son regard me parle ; il me dit que je vais finir comme lui.
Tout ce noir dans ce regard me rappelle une promesse que je tiens péniblement entre mes doigts depuis des mois : retrouver le véritable Chat Noir.
Je ne peux pas mourir, pas sans savoir. Mon cœur repart à toute vitesse, les larmes montent douloureusement et roulent sur mes joues gelées par la perspective de mourir en cet instant, où je me rappelle que je ne peux pas abandonner la vie, pas maintenant, pas sans Chat Noir à mes côtés.
J'ai bien trop mal pour affronter ce géant sanguinaire à mains nues. Même avec mon costume, seule, je ne peux rien contre lui. Je ne peux que fuir, encore.
Mes jambes tremblent sous mon poids, et le regard de la créature s'est à présent enflammé. Non, je ne peux pas te laisser m'ôter la vie, pas encore. Un simple pas en arrière m'arrache une grimace de douleur. Le mutant accélère le pas et lève le poing. Mes jambes ne veulent plus m'obéir. J'ai l'âme qui tremble de terreur, les yeux qui sautillent de peur dans leur orbite, et le cœur qui court à toute vitesse, sans pouvoir m'entraîner dans sa course effrénée.
Tel un éclair déchirant les yeux à une vitesse foudroyante, il déplie son bâton d'argent pour se propulser sur le torse de la créature enragée, la gueule écumeuse, prête à se refermer sur tout ce qui pourrait passer sous ses crocs acérés. Ses bottines noires repoussent le monstre quelques mètres plus loin. Il atterrit majestueusement sur ses quatre pattes, comme tout félin qui se respecte, et dirige ses grands yeux verts dans ma direction, une main gantée tendue vers moi.
– Viens, fait-il de sa ténébreuse.
Lui prendre la main et par la même occasion lui confier ma vie, hors de question. Je peux très bien me débrouiller sans lui. Mais avant même que je ne commence à rejoindre un lieu plus sûr que ses bras, il m'attrape violemment le bras et nous projette dans les airs à l'aide du bâton de Chat Noir. En plus de lui voler son identité, il lui a volé ses outils. Je le griffe de mes ongles battants, mais il refuse de me lâcher. Nos pieds touchent les tuiles d'un toit dans un silence impressionnant.
Il me repousse, en poussant un râle de douleur. Je suis parvenue à traverser le tissu de son costume pour planter mes ongles dans sa chair. Son costume en est un qu'il a lui-même confectionné, sinon jamais je n'aurais plus le blesser comme je l'ai fait. On ne lui a donc pas délivré le Miraculous : il se l'ai procuré. Sinon, le véritable Chat Noir lui aurait donné par la même occasion son costume, qui lui est indestructible.
– Non mais ça va pas ! Tu aurais pu nous tuer !
Il fait tourner nerveusement sa bague sur son index tout en observant le Mutant au loin, qui ne bouge plus.
– Qui es-tu ? Espèce d'imposteur !
Il ne bronche pas d'un poil. Ses longues mèches blondes platines s'agitent autour de son long visage.
– Mon nom est Black, et je suis loin d'être imposteur. Je suis le seul véritable héros dont Paris a besoin.
Si j'en avais la force, je l'étranglerais pour lui faire ravaler sa fierté. Il se laisse tomber dans le vide, et rebondis gracieusement sur ses pattes de chat pour bondir au cou de cet créature, qui n'est pas plus monstrueuse que lui. Dans son bond, il range avec agilité son bâton dans sa ceinture. Il noie le mutant sous des coups puissants. Le plus impressionnant dans tout cela, c'est qu'il s'est se battre. Aucun membre de mon équipe ne sait. On frappe, mais jamais comme il le faut, jamais là où il le faut.
Il tourbillonne dans les airs comme un chevalier volant, et plante ses griffes dans les yeux de la créature, sans jamais toucher le sol après chaque attaque. Il se sert de son ennemi comme tremplin, pour rebondir toujours plus haut, et le frapper toujours plus fort. Un imposteur, même entraîné, n'aurait jamais pu se battre avec autant de professionnalisme. Il a déjà été un super-héros, et peut-être a-t-il déjà été Chat Noir.
Et voici pour ce 19ème chapitre ! Alors, qu'en avez-vous pensé ?
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Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]
Fanfic/!\ risques de spoils /!\ Marinette Dupain-Cheng a seulement treize ans lorsqu'elle découvre Tikki, qui la fera devenir Ladybug, l'héroïne tant appréciée de Paris. Voilà que quatre ans sont passés depuis cette rencontre qui a donné un nouveau tourna...