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Mes doigts se tordent sous l'impatience. Le défi lancé par Black tourne en rond dans mon esprit torturé encore par ce souvenir qui m'est revenu lors de ma chute. Mes yeux se lèvent instinctivement sur la Tour Eiffel lorsque son nom me revient en mémoire. Chat Noir. Malgré les mois qui me séparent de sa disparition, je ne parviens pas à me défaire de son nom. Il me faudrait le trouver mort pour enfin accepter de ne plus jamais le revoir. En toute franchise, je crois bien qu'il serait moins douloureux pour tout le monde de connaître enfin la vérité que de continuer à mettre nos espoirs dans quelque chose d'incertains.

Ce qui me ramène à Black. La bague qu'il porte au doigt détient la réponse à cette question fatale à laquelle je ne cesse de m'accrocher : Chat Noir est-il encore en vie ? Plagg le sait, je ne peux pas en douter. Mais à part Tikki et Wayzz, personne ne peut l'atteindre, personne ne peut lui arracher les mots tant attendus de la bouche. Je sais qu'il souffre, mais n'est-ce pas là une forme d'égoïsme ce refus à la parole ? Il faut que Tikki retente une nouvelle fois de lui parler. Il faut qu'elle lui expose les faits, l'état mental des amis de Chat Noir. Peut-être que si elle parvient à lui faire ouvrir les yeux sur la réalité qui l'entoure, il acceptera enfin de soulager nos douleurs à tous.

En plus de cette terrible question que je me pose depuis bien trop longtemps, il y a cette interrogation qui pèse tout autant dans mon crâne : comment ont réagi les proches de Chat Noir ? Au début de mes recherches, j'ai utilisé ceci comme indice. Mais aucune famille, le lendemain de la première attaque des mutants, n'a perdu d'enfant. Aucun Parisien n'a été la victime des mutants lorsque Chat Noir tombait du haut de la Tour Eiffel. Personne n'a été déclaré comme disparu. Ce qui m'a amené à penser que Chat Noir n'était peut-être même pas un Parisien, ou alors un habitant clandestin. Ne reste plus qu'à espérer obtenir une réponse à toutes ces questions qui me martèlent le crâne depuis de longs mois.

Dans ce silence royal, je perçois des pas légers, ceux d'une coéquipière fidèle, et également blessée par ces questions qui nous taraudent l'esprit.

– Bonsoir, Lady, fait-elle dans un murmure à peine audible.

Elle prend place à son tour sur le muret, dirigeant son regard sur la lune pâle dominant la nuit terrifiante. D'un geste anxieux, elle caresse lentement sa longue queue de renarde d'une main, et garde l'autre sur sa flûte.

– Qu'y a-t-il ?

Ses lèvres restent scellées au silence. Je voudrais lui prendre la main pour la rassurer, mais aucune de nous deux ne semblent prêtes à lâcher ses armes.

– Vous n'avez pas froid ?

Je détourne légèrement mon regard du paysage engloutie par une nuit angoissante et éprouvante pour déposer mes yeux aux motifs de coccinelle sur une longue chevelure blonde, caressant l'obscurité du bout de ses mèches teintées de noires.

– Quelque chose ne va pas ?

Le silence n'a jamais fait parti de ses options. Il lui faudra apprendre à tenir sa langue si nous voulons pouvoir apercevoir un jour Black dans nos rangs.

Le paysage nocturne paraît de plus en plus effrayant, comme s'il voulait nous avertir d'un danger en approche, comme s'il s'imprégnait des motifs de la peur. Je m'appuie à présent sur mes deux pieds, afin de tenter de voir au-delà des hauts bâtiments haussant la limite entre le ciel obscure et la surface tout aussi sombre. Les quelques lampadaires allumées éclairent faiblement les sentiers cheminant le parc dont l'herbe a pris une teinte grise en cette sinistre soirée.

– Les filles ? Que vous arrive-t-il ? Eh ! Je suis là, et je vous ai posé une question qui exige une réponse !

Elle tape du pied comme une enfant, mais son attitude inappropriée ne parvient pas à me détourner de l'inquiétude qui s'est emparée de moi. Quelque chose d'inhabituel est en train de se préparer, j'en ai le désagréable pressentiment.

– Non mais là s'en est trop ! Vous allez répondre oui ?!

– Ferme-la, Queen Bee.

Rena Rouge ne peut s'empêcher de m'adresser un regard interloqué. J'en suis tout autant de mes propres paroles. Mais il le fallait. Au moins, à présent, seul le silence nous perce les tympans avec ses hurlements à en déchirer une âme solitaire.

– Je te demande pardon ? Je sais que t'es pas toujours de bon poils, mais ce...

– T'as fini oui ? s'exaspère la renarde.

Queen Bee tourne les talons, offusquée par un tel comportement à son égard. C'est vrai que mademoiselle a l'habitude que l'on prête toujours attention à ses caprices, mais il faut que cela change. Il nous faut à présent faire preuve de plus de professionnalisme dans notre domaine. Nous ne pouvons plus nous permettre d'avoir des comportements infantiles, pas avec ce qui est en jeu.

– J'ai discuté avec Black, murmuré-je enfin.

Mes doigts se crispent sur mon yo-yo au souvenir de ce qu'il m'a dit.

– Qui ? s'interroge les deux jeunes filles.

– Le type qui a la bague du Chat Noir. Il s'appelle Black, et il a pour mission de récupérer nos Miraculous en cette fin de semaine.

Queen Bee manque de chuter, assommée par mes paroles.

– Comment... Il n'a pas le droit ! Mais il se prend pour qui ? s'agace rena Rouge en arrachant quelques poils à son costume.

– Il les rapportera à Maître Fu si nous ne faisons pas nos preuves durant cette semaine, poursuis-je en effleurant du bout des doigts mes boucles d'oreilles.

Il y a un mois de cela, je lui aurais rendu mon Miraculous sans discuter. À cette époque, le découragement était si grand qu'il m'avait enseveli sous un tas de problèmes et de douleurs. Mais aujourd'hui, à présent que je sais que la vérité est toute proche, et que peut-être la solution à nos problèmes l'est aussi, je ne peux pas me permettre d'abandonner les responsabilités qui m'ont été données par Maître Fu.

– Quoi ?! Depuis quand est-ce à lui d'en décider ?

La reine des abeilles ne peut s'empêcher de caresser du bout de ses doigts son peigne, le Miraculous de l'abeille.

– Il sait se battre, leur informé-je, et il n'hésitera pas à user de ses compétences pour récupérer les Miraculous. Il nous laisse une semaine, Queen Bee. Une seule semaine pour lui prouver que nous sommes dignes des Miraculous. Que nous sommes dignes de sauver Paris.

Toutes deux se taisent, effrayées probablement par un avenir sans Miraculous. Nous appréhendons certes chaque intervention, mais aucune ne se voit envisager d'être sous la protection d'un seul super-héros, aussi compétent soit-il. Je ne pourrais jamais me le pardonner si je venais à être condamnée à subir les attaques de ces Mutants.

– Mais... Que pouvons-nous faire pour être digne de sauver Paris, si nous ne le sommes pas déjà ? demande Queen Bee.

– Je n'en sais rien, lui avoué-je. Je crois qu'il veut que nous fassions preuve de plus de professionnalisme, mais je ne sais pas exactement ce que cela veut dire.

– Nous pourrions commencer par éviter les commentaires inutiles et inappropriés, suggère Rena Rouge en appuyant ses propros en fixant la femme au costume rayé.

Elle détourne le regard, une once de culpabilité perceptible malgré tout dans ses yeux dorés. Elle opine du chef, ses bras toujours croisés sur sa poitrine.

Il est temps pour nous de faire nos preuves.

Et voilà pour ce 22ème chapitre ! Alors, vos avis ?

Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant