Le moteur assourdissant du bus me martèle le crâne, comme s'il n'avait pas déjà assez souffert hier. Encore un jour, encore une journée fastidieuse à laquelle survivre. Mais cette fois-ci, il me faudra non-seulement lutter contre le sommeil, mais aussi contre la douleur provoquée par tous ces hématomes qui recouvrent mon corps.
Lorsque les portes du bus s'ouvrent sur la place qui borde le devant du lycée, je manque de m'écraser au sol, à cause d'une simple marche loupée. Je peine à marcher, ma peau déchiquetée par les coups d'hier. J'aperçois au loin Alya et Chloé, qui m'attendent, avec encore ces mètres ridicules qui les séparent. À chaque battement de paupière, je les vois encore dans leur costume, s'élever dans les airs, tandis que moi, je tombe désespérément, impuissante, terriblement seule.
Mes genoux se fracassent contre le bitume, mon cœur s'effrite un peu plus. Je n'ai plus la force d'avancer. Je n'ai plus envie de me battre. Je veux juste retirer ces boucles d'oreilles, et n'être que Marinette. J'en ai marre de finir au sol, écrasée par les événements. Je ne veux plus avoir à lever le poing, je ne veux plus me lever avec des blessures. Je veux me réveiller en appréhendant l'alarme, parce que je devrais me cacher, et non tenter de m'élever au-dessus de ces mutants. Les larmes roulent douloureusement sur mon visage meurtri par la fatigue.
– Marinette !
Le sol vibre sous mes mains au rythme des tours de roues. Je veux me relever, m'éloigner d'Adrien pour lui éviter des souffrances inutiles. Je ne suis qu'un couteau, qui n'attend que le moment propice pour s'enfoncer dans vos plaies. Je ne suis qu'un rappel des douleurs passées. Mais je n'ai pas la force nécessaire pour me redresser, ou même pour le repousser lorsqu'il se laisse tomber de son fauteuil pour pouvoir me prendre dans ses bras.
– Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ? s'inquiète-t-il en me serrant plus fort.
J'ai mal de partout, et il ne fait que me faire souffrir d'avantage en me serrant contre lui. Mes bleus me brûlent, frappent à grands coups mes os fébriles. Mais je ne dis rien, et me contente de verser des sanglots muets.
Tout cela me paraît si étrange. Hier encore, je me demandais comment je devais agir avec lui, et aujourd'hui, je me demande comment lui dire que finalement, je ne veux pas de "nous deux". Pas tant que ces boucles d'oreilles pendront à mes lobes. Pas tant que je serais Marinette et Ladybug.
– Marinette ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Réponds-moi !
J'ai mal, Adrien. J'ai mal à la tête, j'ai mal à la peau, j'ai mal aux os et j'ai mal au coeur. Hier, vois-tu, je me suis battue contre Chat Noir. Enfin, non. Pas le vrai. Puisque le vrai ne m'aurait jamais jeté du haut de la Tour Eiffel. Oui, Adrien, c'est moi, Ladybug. La fille qui t'a rendu orphelin.
Mon coeur se serre violemment dans ma poitrine déjà compressée par son étreinte. Je voudrais hurler, mais j'ai peur. Peur d'attirer ces fichus mutants. Comme si mon hurlement désespéré pouvait percer le brouhaha qui nous entoure. Je ne pourrais jamais crier plus fort que ces voitures, je ne pourrais jamais faire entendre ma peur, ou même ma douleur, parce que je suis trop faible. Trop impuissante.– Marinette !
Son hurlement fait taire tous les lycéens qui discutaient tranquillement autour de nous, jusqu'à qu'Adrien leur rappelle notre existence. Mon existence.
Je me mords la langue pour empêcher d'autres larmes de naitre au coin de mon oeil.
– Ça va, lui répondis-je, la gorge serrée. J'ai... Je suis juste exténuée.
Un rugissement terrifiant m'arrache un frisson, et j'aperçois au loin la limousine des Agreste s'éloigner à toute vitesse.
Ne t'en fais pas, je te promets que je n'approcherais plus ton frère.
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Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]
Fanfic/!\ risques de spoils /!\ Marinette Dupain-Cheng a seulement treize ans lorsqu'elle découvre Tikki, qui la fera devenir Ladybug, l'héroïne tant appréciée de Paris. Voilà que quatre ans sont passés depuis cette rencontre qui a donné un nouveau tourna...