Je repousse Black en lui donnant un pénible coup de pied dans le bassin. Dans un grognement furieux, il lève sa main. Je protège aussitôt mon visage avec mes bras.
– Non ! Ne me frappe pas, par pitié ! lui supplié-je d'une voix chevrotante. J'ai encore mal ! Je t'en supplie.
Une main vient tout de même entrer en contact avec ma peau. Mais elle ne se pose pas dans un geste violent, ni ne vient déposer un bleu douloureux, mais s'appuie juste sur mon épaule pour tenter de me réconforter. Black plonge son regard désolé dans le mien, et s'excuse, encore :
– Je suis vraiment désolé pour hier. Je ne voulais vraiment pas te blesser. Mais je ne pouvais pas te laisser, toi, me blesser. Soyons franc, je suis bien plus utile à cette ville que toi et ton équipe incompétente.
Je ne peux m'empêcher de le gifler.
– Si tu me frappes, faut pas que tu t'étonnes après que je te rende la pareille ! grogne-t-il en se frottant la joue.
– Fallait pas me chercher, ronchoné-je en ouvrant en deux mon yo-yo.
Je contacte Rena Rouge et Queen Bee. Peut-être qu'elles sauront faire changer d'avis Black, et le ranger à nos côtés. Mais ce dernier quitte le Repère avant même que je reçoive la réponse d'une de mes coéquipières. Il me contraint à la suivre, et à me débrouiller seule, encore une fois.
L'air, dehors, est bien plus frais que dans le Repère. Black bondit au-dessus de la haie et se réceptionne avec une grâce féline sur un lampadaire. Le sombre de son costume contraste avec le clair de la lune pâle. Et si je faisais une erreur en le voulant dans l'équipe ? Après tout, c'est tout de même un être extrêmement violent. Mais il sait se battre.
Son bond majestueux dans le bleu de la nuit me coupe de mes pensées.
– Black ! Attends, où vas-tu ?
J'escalade le muret et traverse les rues abandonnées de la ville avec une pointe d'appréhension. Mon cœur bat si fort qu'il pourrait percer le silence qui nous entoure, si cela était réellement possible. Je sursaute à la moindre ombre que je croise, surtout lorsque mon regard se pose sur la mienne qui est en perpétuel mouvement. Le chat noir disparaît derrière un haut immeuble. Je lance mon yo-yo et il s'enroule autour d'une cheminée de pierre. Je suis aussitôt propulsée dans les airs. La traction me déchire les épaules, mais je n'affiche aucune grimace sous mon masque rouge à pois noirs. Alors que je m'élève dans les hauteurs, la silhouette fine de Black se dessine au pied de la cheminée qui m'a permis de monter.
Alors que je suis sur le point de poser mon pied sur le toit, cet être démoniaque détache mon yoyo, et me regarde perdre de l'altitude, encore une fois. Je ferme mes paupières, comme si cela me permettrait de ne pas sentir le sol broyer mes os lorsque j'entrerais en contact avec lui.
Dans un flash éblouissant, comme si tout cela avait été encré sous mes paupières, un délicat souvenir me revient.
***
Je n'étais pas encore habituée à mon agilité, et ne contrôlais pas mon yo-yo à la perfection. Et malgré tout, Chat Noir m'avait lancé le défi d'arriver avant lui à la Tour Eiffel. J'essayais de m'accrocher à des cheminées pour me propulser en avant, mais très souvent, je m'étalais sur les parois des bâtiments, ou me propulsais bien trop fort, tournoyant dans les airs sans aucun moyen de savoir où je me trouvais, et où j'allais atterrir. Mais lorsque je déclarai forfait à mon coéquipier qui se trouvais à plusieurs toits plus loin, il s'arrêta net puis bondit sur moi, et me fit tomber dans le vide. Je ne sentais plus mon cœur battre, et les quelques mots que m'avaient chuchoter le super-héros masqué ne parvenaient pas à trouver de sens dans mon esprit alarmé par l'impact imminent.- Sauve-nous.
***
Mon cœur repart aussitôt, et propulse mon yo-yo dans les airs pour qu'il s'accroche à n'importe quoi, tant que cela puisse m'éviter une collision mortelle avec la surface. Je tire d'un coup sec sur le fil qui se tend aussitôt. Suspendue à quelques mètres seulement du sol froid, je me laisse retomber plus doucement cette fois-ci, accompagnée sûrement par mon fidèle yo-yo.
À peine mes pieds entrent-ils en contact avec le sol que je lève le menton pour plonger mon regard noir dans les yeux sombres de cet idiot. Mais que lui a-t-il pris ? Le plus effrayant dans tout cela, c'est qu'il parvient à trouver un semblant de fierté dans son action, en vue de son sourire diabolique. Il s'éloigne du bord d'une démarche fière et confiante. Le voir se conduire ainsi me rappelle la démarche amusante de Chat Noir, de cet ami qui a lui aussi risqué ma perte, mais pour que je prenne confiance en moi. Il est hors de question que je le laisse s'en aller comme s'il était le vainqueur de cette histoire. C'est après tout moi qui ai évité la mort, lui n'a fait que l'appeler.
J'accroche mon yo-yo à ma ceinture, frotte mes mains l'une contre l'autre, et recule prudemment dans l'obscurité inquiétante de Paris. Je gonfle à bloc mes poumons et me lance dans un sprint haletant. Je bondis sur le mur et m'aide des quelques prises que j'ai sur les briques pour me propulser le plus rapidement possible vers le haut. Je ne me ferais pas avoir, cette fois-ci.
Ma dernière propulsion me permet d'atterrir sur mes deux pieds, sur le toit de l'immeuble. J'aperçois Black jouer avec sa ceinture de l'autre côté. J'esquive les quelques cheminées qui font barrage à ma course énervée. Je bondis en avant, mes mains prêtes à se refermer sur sa gorge joliment décorée d'une cloche couleur or. Un rayon de lune vient se refléter sur cette dernière, et m'éblouis au passage. Je trébuche sur un objet, sans même savoir où suis-je en train de tomber. Dans l'air glacé de la peur, je sens une main brûlante de colère se refermer sur mon poignet, et me propulser contre une cheminée.
– Pourquoi m'avoir laissé tomber ? articulé-je, la mâchoire serrée.
Il me lâche dans un grognement terrible, et s'éloigne en quelques enjambées seulement. Je pars de nouveau à sa poursuite, mais cette fois-ci avec la volonté de le comprendre. Je veux savoir pourquoi agit-il de la sorte avec nous, mais surtout, pourquoi me déteste-t-il depuis toujours ?
J'effectue un bond de plusieurs mètres en avant, pour directement atterrir sur son dos. Il bascule en avant, mais je ne parviens pas à garder le dessus sur lui. Il me plaque au sol, et retient fermement mes poignets contre les tuiles gelés par la bise fraîche de la nuit
– Tu n'es qu'une enfant, qui croit qu'être une super-héroïne n'implique aucune responsabilité.
Dans le fond de ma gorge, je prépare le plus gros des missiles qu'il n'aura jamais reçu au visage. Dans un grondement, j'éjecte hors de ma bouche cette boule de salive. Je la vois, qui s'élève sous mon regard enflammé. Mais derrière ces flammes colériques, un tsunami de larmes s'y dissimule. Mon projectile se suspend dans les airs, à quelques centimètres du visage froid de Black, et retombe pour s'éclater sur mon visage.
Ma cible s'écarte de moi, un maigre sourire plaqué sur son visage. Je me redresse et le découvre tordu d'un rire silencieux. J'essuie mon visage d'un revers de manche, et m'approche de lui, une pointe d'amusement, je dois bien l'admettre, dans le regard. Je pose délicatement et prudemment ma main sur son épaule, et en se retournant, il disperse de petites larmes de joie autour de lui. C'était drôle à ce point-là ?
– Voilà la raison numéro deux pour laquelle je ne veux pas de vous comme équipe, fait-il sans pouvoir cesser de sourire. Non mais sérieusement, la gravité, ça te parle ?
– C'est pour cela que j'ai besoin de ton aide. Que nous avons besoin de ton aide.
Son visage se durcit aussitôt, mais son rire persiste dans son regard moins sombre à présent.
– Je vous laisse une semaine pour me prouver que vous êtes dignes de vos Miraculous, et également prêt à recevoir mon aide. Au cas échéant, vous vous verrez retirer vos Miraculous. Et si vous résister, je n'hésiterais pas à lever la main sur l'un de vous, même sur toi.
Il disparaît dans l'obscurité des ruelles, dans un silence angoissant. Une seule semaine pour lui prouver que nous ne sommes pas aussi idiots qu'il le prétend, et que nous ne sommes pas des adolescents inconscients. Ça risque d'être dur pour certains.
Hey ! Comment ça va ? Est-ce que ce chapitre vous a plu ? Si non, dites moi ce qui vous dérangé ! N'hésitez pas à m'informer des fautes qui sont parvenues à se glisser dans le texte, si vous en voyez ! Merci d'avance, et bonne lecture !
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Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]
Fanfiction/!\ risques de spoils /!\ Marinette Dupain-Cheng a seulement treize ans lorsqu'elle découvre Tikki, qui la fera devenir Ladybug, l'héroïne tant appréciée de Paris. Voilà que quatre ans sont passés depuis cette rencontre qui a donné un nouveau tourna...