Ma main frôle à peine la poignée de la porte, laquelle s'ouvre, ouverte par Wayzz, le fidèle assistant de toujours de Maître Fu, et le kwami du Miraculous de la Tortue. D'une force insoupçonnée, il me tire à l'intérieur, à l'abri des regards indiscrets. Mais même ici, où le seuil de l'entrée n'a jamais été franchis par un ennemi, je ne me sens pas loin des oreilles perfides. Mais cette peur in-évoquée, ni par mes expressions, ni par ma parole, ne m'empêche pas de poser ces questions qui frappent douloureusement les parois de mon crâne, plus qu'impatiente de quitter leur prison embrumée qu'est ma conscience.
Un petit homme dont les traits témoignent de la fatigue dont il est la proie, paupières closes, doigts entremêlés sur ses jambes croisées, s'adonne à une profonde méditation, sans prêter la moindre oreille à ma présence. Mais ses paupières ne semblent être qu'un fin rideau qui se pose sur son regard lorsqu'il se veut donner l'impression d'être ailleurs que là où son corps est, car il lève un doigt pour m'indiquer qu'il sera bientôt à moi. J'ai pourtant prêté attention à ce qu'aucun de mes pas soit audible. Mais il faut croire qu'à Maître Fu, rien n'échappe, pas même les plus grands mystères. Wayzz me fait signe de prendre place en face de notre Maître, lequel ne cesse de marmonner des bribes de paroles entre ses dents.
– Maître ?
Ses grands yeux en amande s'ouvrent dans un souffle court, venant soulever quelques mèches de cheveux autour de mon visage. Il frotte ses mains nerveusement contre son bermuda, comme s'il voulait leur débarrasser de leur angoisse humide.
– Marinette, je sais ce qui t'amène.
– Alors vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Je déglutis difficilement, l'appréhension de ses paroles se faisant à présent plus forte dans ma poitrine compressée par cette angoisse.
– Et toi savais parfaitement que venir ici ne serait qu'une perte de temps.
Comme si le début cette appréhension n'avait été qu'une poudre attendant patiemment l'étincelle, elle s'enflamme violemment dans ma poitrine, et l'explosion entraîne la destruction de mon cœur, qui, bientôt, ne supportera plus ces sauts d'humeur soudain.– Non ! Vous n'avez pas le droit ! Si vous savez tant de chose, vous devez probablement connaître la douleur que m'inflige le doute, et ces espoirs qui filent sans que je sache où ils vont. Vous devez connaître la fatigue que mon équipe et moi, nous nous efforçons de dissimuler à notre entourage afin de ne pas les inquiéter. S'il vous plaît, Maître, faites nous part de votre savoir.
À mon plus grand désarroi, un rire se dégage de sa bouche entrouverte. Sa voix projette sur moi un million d'éclat de verre, qui s'enfoncent lentement dans mon corps. Les quatre murs joliment décorés par des dessins aux motifs très anciens semblent s'effriter, comme les murailles d'un château de sable submergé par la mer salée par les larmes des plaies les plus profondes qu'un Homme puisse posséder.
– Comment..., sangloté-je, une lueur de rage pointant le bout de son nez dans mes pupilles dirigées vers cet homme qui se dit être pourvu d'une grande sagesse, mais qui en réalité ne cache qu'un être sans cœur.
Un démon qui se languit de la souffrance de ses sujets, voilà ce que cache cette lumière qu'il prétend posséder. Si la fatigue n'avait pas eu raison de moi depuis des semaines, peut-être aurais-je eu la force nécessaire pour faire taire ces rires diaboliques. Mais je parviens à peine à me relever, secoué par mille et une douleurs qui roulent lourdement sur mes joues rouge de fureur.– Marinette, tout cela n'a rien avoir avec le savoir, m'explique-t-il doucement. Excuse moi ce rire, je ne voulais en aucun cas te blesser, ou te mettre en colère. Vous n'êtes pas mes sujets, mais mes alliés. Et j'essaie de ne pas me conduire en démon, mais plutôt en guide.
– Parfois, Maître, je me demande si vous n'avez pas des propriétés qui dépassent l'ordinaire, lui avoué-je, troublé par sa réponse, qui se rattache parfaitement à mes pensées.– Me penses-tu être un sorcier ? Détrompe-toi, je suis bien plus que cela, m'affirme-t-il dans un sourire faussement arrogant.
Un léger sourire s'esquisse sur mon visage mouillé par des larmes de déception, que j'efface d'un simple revers de la main. Cependant, cette blague ne m'écarte pas de la raison qui m'a amenée ici.
– S'il vous plaît, le supplié-je. J'ai besoin de savoir.
– Marinette... Il serait inutile, j'imagine, de te faire promettre une seconde fois cette promesse déjà dite.
– Effectivement, cela ne repousserait pas une nouvelle fois ce moment, qui semble vous effrayer. Ai-je de quoi m'inquiéter ?
Il secoue la tête, un message indéchiffrable planté dans le brun de ses yeux. Ses lèvres se scellent, comme si le devoir du silence l'y oblige.
– Dites-moi au moins si vous lui avez fait une promesse ! insisté-je, rongée par une détermination sans limite.
– Ce genre de distraction pourrait te coûter cher, Marinette. Tu devrais éviter de t'encombrer la conscience avec ces questions qui, et tu le sais mieux que quiconque, ne recevront aucune réponse venant de moi. Tu devrais plutôt te concentrer sur le pacte que tu as fait avec Black.
Un soupire de déception, frôlant l'exaspération, s'échappe péniblement de mes entrailles. Cependant, ce nom soigneusement articulé éveil en moi cette colère qui j'étais parvenu à faire taire.
– Vous comptez vraiment le laisser faire ? l'interrogé-je, terrifiée par mes propres paroles.
– Ses motivations sont justes, et sa détermination est intouchable. Quand bien même je suis le gardien des Miraculous, je ne pourrais pas vous les rendre si vous veniez à échouer. Personne ne peut arrêter une si bonne personne.
C'est de moi que s'échappe un rire, cette fois-ci. Mais le regard de Maître Fu m'informe que ses paroles ne sont pas à prendre à la légère. Je m'étrangle avec ma propre inconscience. Alors, il y a véritablement du bon en cette personne ? Ou du moins suffisamment pour la rendre intouchable aux yeux de Maître Fu ?
– Je ne peux pas le croire, déclaré-je. Même avec toute la volonté du monde, il ne pourra jamais sauver Paris seul.
– Qu'il soit seul, ou qu'il soit accompagné de tous les alliés que les Miraculous puissent lui donner, cela ne changerait rien. Quelque chose d'affreux se prépare, et tu l'as toi-même sentie. Quelque chose que même Superman ne pourrait arrêter.
Mon cœur fait un bond déchirant dans ma poitrine.
– Quoi donc ? m'empressè-je de lui demander.
– Je ne peux pas te le dire, au risque de détruire le fragile équilibre qui règne sur nos vies. Les choses ont été écrites ainsi, nous ne pouvons que nous plier aux lignes rédigées, même si elles sont d'une noirceur à en détruire des âmes. Le monde souffrira, mais ne disparaîtra pas, si tu acceptes les choses telles qu'elles sont. Car parfois, la chose la plus sage à faire est de cesser de résister.
Le château de sable n'est plus qu'un tas de grains parmi tant d'autres. Il y a donc bien un fil, sur lequel funambule, nous marchons dangereusement. Ce lien terriblement fragile et d'une finesse redoutable se briserait donc à cause de simples paroles, qui, à en croire les paroles de Maitre Fu, nous pousserait dans les tréfonds des terres souterraines ; les Enfers. Il est impossible pour nous de brûler les étapes, au risque de perdre l'équilibre et de fermer une dernière les yeux, sans jamais que la perspective de revoir le jour de la vie ne se présente à nous. Est-ce vraiment à cela que tiennent nos vies à tous ? Suis-je donc condamnée à suivre ce chemin tracé, sans d'autres alternatives ?
– Que dois-je faire ?
Ma voix se brise sous les coups de la réalité qui me rattrape. Comment puis-je pensé après tout ce qui m'a été dit que Maitre Fu me répondra. L'équilibre de nos vies ne tient qu'à un fil, l'avenir ne doit pas être compromis par des paroles au courant de ce qu'il réserve à chacun de nous.
– Les détails, Marinnette. Tes Miraculous en dépendent.
Heyyyy ! Voici le 26ème chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu ! Bonne lecture !
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Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]
Fanfic/!\ risques de spoils /!\ Marinette Dupain-Cheng a seulement treize ans lorsqu'elle découvre Tikki, qui la fera devenir Ladybug, l'héroïne tant appréciée de Paris. Voilà que quatre ans sont passés depuis cette rencontre qui a donné un nouveau tourna...