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Sa main meurtrit mon poignet, mais son regard caresse mes pupilles, comme s'il souhaitait m'apaiser, malgré la douleur qu'il m'inflige.

– Je peux savoir ce qu'il te prend ? grogne-t-il.

Je sens ses ongles chatouiller mes veines, et son souffle irrégulier giflé mon visage baigné de larmes impuissantes.

– Black... J'essaie, je t'assure. Mais j'ai l'impression que plus je construis, plus les choses s'écroulent. Que plus j'avance, plus je blesse. Je n'en peux plus, et j'ai l'impression que rien de tout cela ne sert.

Il me lâche, comme lassé de ces jérémiades. C'est pour cela que je retire mes boucles d'oreille, parce que gémir ne me mènera nul part. Je les lui tends, le regard fixé sur ces habits de civils. À présent, il n'existe plus que Marinette, et personne d'autre.

Il donne un violent coup dans ma main, puis attrape avec force mon visage et m'oblige à le regarder droit dans les yeux.

– Alors quoi ? Tu abandonnes ?

– Black, je suis un monstre. Pire encore que ces Mutants.

L'air est fendu par sa main, ma joue imprime sa forme, et la teinte d'une couleur rouge. Les larmes glissent sur elle, sans pouvoir m'arracher plus que d'autres perles limpides, coulant lamentablement sur mon visage distordu par la douleur.

– Ne les laisse pas entrer dans ta tête ! maugré-t-il. Je t'avais dit qu'être un super-héros n'est pas un jeu. Maintenant, tu m'as fait promettre de te laisser une semaine pour prouver ta capacité à protéger cette ville, alors tu vas remettre ces boucles d'oreilles, et tenir ta part du marché ! Tu pourras me les donner lorsque le temps accordé sera écoulé, et que tu auras véritablement échoué.

Je pose les boucles d'oreilles à ses pieds, et porte une main à ma joue encore douloureuse. Il n'y ait pas allé de main morte, alors que je suis sous ma forme la moins dangereuse.

– Black, tu ne sais pas ce qui s'est passé aujourd'hui. J'ai blessé deux fois le même garçon, et une fois aujourd'hui un autre qui était prêt à tourner la page, il me semble. Je ne me suis ni conduite en une bonne amie, ni en rien d'autre, d'ailleurs... J'ai juste enchaîné les coups, et fait tombé mes amis les uns après les autres. Et pas que, d'ailleurs...

Je songe à mon père, dont la conscience m'oppresse le cœur, enfonce d'avantage le poignard, parce que c'est la seule chose que je mérite.

– Si je blesse autant de monde en tant que Marinette, continué-je dans un soupir, qu'est-ce que ça sera en tant que Ladybug ? Et même sous cette forme, je n'ai rien fait de très glorieux. Prends ces Miraculous, s'il te plaît.

L'obscurité se répand dans son regard comme un voile vitreux, et il me plaque au sol, la bouche écumeuse.

– Tu abandonne, c'est ça ? hurle-t-il.

Ses veines enflent sous la colère. L'orage éclate dans sa voix monstrueusement forte.

– Est-ce que ta famille t'abandonnerait, elle ? Est-ce que tes amis te laisseraient tomber ? T'es qu'une lâche, Marinette. Une lâche ! Dès que les choses se compliquent, tu te dérobes, et tu laisses le sale boulot aux autres, parce que mademoiselle n'a pas envie de fournir le moindre effort. Sale égoïste ! Aujourd'hui, aux yeux de tous, tu n'es pour le moment qu'une ado qui fait des erreurs comme tout le monde. Mais si t'abandonnes ton entourage, tu deviendras un véritable monstre à leurs yeux. Ne donne pas raison aux vicieux ! Ne me donne jamais raison ! Relève-toi, et prouve-moi que ce marché qu'on a passé vaut le coup !

Il se retient de me gifler, même si l'envie brûle ses doigts livides sous la pression qu'il exerce autour de mon menton. Les larmes ruissellent sur mes joues, mais je ne parviens pas à trouver les mots. Tout ce qu'il dit est si... faux.

– Je suis déjà un monstre. Si cela devient d'avantage évident si j'abandonne, alors tue-moi.
La désillusion me broie le cœur, strie mes veines, voile mon regard qui se perd dans le ciel que je m'apprête à rejoindre, pour toujours. Je n'aurais plus à souffrir, et je ne ferais plus de mal. Je serais loin de ces terres souillées par la haine, et ces mutants que je ne suis pas fichue de tuer. Parce que je suis égoïste, parce que je fais passer mes peines avant celles d'autres. Et tout cela doit cesser. Je dois cesser d'exister.

Black m'attrape la gorge, me soulève juste au-dessus du vide, et je ne peux m'empêcher de fermer les paupières sur ces dernières images d'une existence insignifiante, qui n'aurait eu que semer la douleur dans son sillage.

– Très bien, acquiesce Black. Je te tue, et tes parents, ainsi que tes amis tomberont avec toi.
Sa main remonte lentement vers mon visage, glisse sur ma peau, laisse mon corps se rapprocher du sol petit à petit. Ses paroles percutent mon crâne, et le martèlent jusqu'à soulever des paroles presqu'insensées dans cette situation.

– Non ! Attends.

Son étreinte se resserre suffisamment pour m'épargner une chute fatale.

– Si tu meurs, poursuit-il d'un ton ténébreux, personne ne protégera ta famille, ni même tes amis. Tu es prête à les retrouver là-haut ? Es-tu prête à vivre l'enfer au paradis, parce que ta conscience sera lourde de remords ?

– Non, sanglotai-je.

Il me jette sur les tuiles froides de l'immeuble, et enfonce les Miraculous dans le creux de mes mains tremblantes.

– Marinette, ajoute-t-il plus calmement, si un jour, tu as à nouveau l'envie de te suicider, rappelle-toi d'une chose : même si tu n'es pas fière de ce que tu as accompli, sache qu'abandonner ne fera qu'allonger la liste de tes défaites, et tuer d'autres personnes.

Il disparaît dans un bond leste, et je suis prête à mettre ma main à couper qu'il m'a même adressée un clin d'œil avant de tomber dans une ruelle, son bâton en main. Alors qu'il y a plusieurs encore j'étais prête à abandonner toutes mes responsabilités, et tous ceux qui font battre mon cœur malgré le poison que me servent ces mutants inconscients, mon esprit est éblouis par une idée.

Malgré mes mains tremblantes, je parviens à accrocher ce bijoux minuscule, et pourtant si puissant, à mes lobs d'oreille, le regard rivé sur cette perspective rayonnante, qui caresse doucement ma conscience de moins en moins sombre. 

Je sais tout de même que cette idée est un risque majeur à prendre, mais d'un autre côté, je suis persuadée qu'elle nous mènera, mes coéquipières et moi, là où nous voulons aller.

Une silhouette se dessine doucement sous mes yeux, et quelques tâches noires viennent troubler ce flux lumineux rosé, lequel se matérialise en cette créature en qui j'ai confiance. Et même si les pouvoirs qu'elle m'offre me sont désormais inutiles, je trouverais le courage de les utiliser à mon escient, parce que j'ai besoin de Black. Nous avons tous besoin de lui.

Je me redresse, aspire cette aire pure, qui me fait l'effet d'une bombe vivifiante, qui sèche doucement mes larmes, tandis que Tikki s'approche, pour se coller contre ma joue.

– J'étais sûre que tu ne nous abandonnerais pas, murmure-t-elle.

– Je suis heureuse de l'apprendre...

Alors que moi-même étais prête à mourir. J'éloigne de moi cette pensée obscure, pour me concentrer sur ma mission. J'ai un mutant à chasser.

– Tikki, tra...

Elle m'empêche de prononcer la formule, et m'examine de la tête au pied, avant de soulever un problème auquel je n'avais même pas songer :

– Ton costume est dans ton sac ! Comment vas-tu faire pour le récupérer ?

Sa petite voix aigüe creuse dans mon esprit, mais aucune solution n'en émerge. J'emprisonne le courage dans mes bras, et prononce la formule avant de me jeter dans la vide, étouffée par mes vêtements trop raides pour ce corps souple et rapide.


Hey ! Voici le 30ème chapitre quelque peu délicat à rédiger...

Je voulais savoir, est-ce que le déroulement de cette histoire est cohérent ? Oui, ou non ? S'il vous plaît, répondez, j'ai vraiment besoin de savoir... Merci d'avance pour les secondes que vous m'aurez accordé, et je vous dis à trèèèèèès bientôt pour un 31ème chapitre :)

La fin est proche hihi

Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant