Il dépose un tendre baiser sur ma joue avant de rejoindre un lieu sûr pour se dé-transformer. Avec un touche de rêverie, je le regarde qui s'éloigne gracieusement, tel un chat qui rentre fière après chasse convenable. À l'horizon, une lune pâle, fraîche qui disparaît lentement derrière les hauts bâtiments. Un de ses rayons blanc vient se refléter sur un objet argenté, posé au pied du antenne satellite. Le bâton de Chat Noir !Je me réveille en sueur dans mon... lit, vêtue de mon pyjama. J'ai une drôle de sensation. Comme s'il se passait quelque chose d'anormal. J'ai soudainement soif. Je me redresse, et sens mes poils se hérisser lorsque mes yeux tombent sur lui. Je veux parler, mais aucun son ne sort de ma bouche grande ouverte. Il se tient debout, le coude posé sur l'une de mes étagères, les yeux rivés sur ses pieds croisés. Depuis le temps que je l'attendais. Je bondis hors de mon lit et cours vers lui. Mais le sol semble défiler sous mes pieds, m'empêchant de me rapprocher de Chat Noir. Il lève ses yeux émeraude sur moi, avant de se laisser tomber en arrière. Il traverse la vitre, puis disparaît de mon champ de vision, engloutis par l'obscurité.
Je me réveille une nouvelle fois, mais cette fois-ci, dans mon costume. J'essuie les larmes qui m'ont échappé lors de cet affreux cauchemar.
- Tout va bien ? me demande Queen Bee en m'aidant à me redresser.
- Ouais, c'était juste un mauvais rêve.
- Je pense qu'il est temps de rentrer.
L'horizon s'est teinté d'un orange rosé : le soleil ne va plus tarder à se lever. J'acquiesce et me lève tout doucement, encore frissonnante de ce stupide cauchemar.
***
Dehors, l'air est doux, et seul le ronronnement des quelques voitures véhiculant résonnent dans les rues vides. Je rejoins ma chambre rapidement, afin de pouvoir profiter encore un peu de mon lit adoré.
Tikki se charge de ranger à ma place mon costume et mon yo-yo, pendant que l'oreiller imprime la forme de mon crâne. Je parviens à trouver le sommeil rapidement, ce qui me permet de profiter d'une demi-heure de sommeil supplémentaire.
Mon second réveille est difficile. Des cernes bistre témoignent de la longue nuit que j'ai passé. Bien que le contraste entre ma peau et ce signe de fatigue est flagrant, je ne prends pas la peine de cacher le tout avec un peu de maquillage. Mon esprit est déjà pris par les informations que j'ai demandées à Tikki hier. Cette dernière ne semble pas de meilleure humeur que moi, en vue de la triste moue qu'elle fait lorsque je lui pose la fameuse question :
- Que t'a dit Plagg ?
- Il a juste dit que Chat Noir n'est plus le même, soupire-t-elle.
- C'est tout ? Mais je sais déjà que Chat Noir est différent : on lui a coupé une jambe !
Tikki tombe soudainement au sol. Je m'accroupis aussitôt et la prends dans mes mains.
-Tikki, qu'est-ce qu'il y a ? sangloté-je.
De petites larmes blanches roulent le long de son petit visage crispé sous les sanglots. Je l'approche de moi, et m'accorde quelques larmes. Plagg est un de ses amis, et s'il est autant mal en point que l'a dit Wayzz, alors c'est tout à fait normal que cela affecte Tikki. Si seulement j'avais les mots pour la réconforter. Seulement, depuis que Chat Noir a disparu, je me suis un peu coupé des autres, et ai perdu l'habitude de rassurer. Je ne peux rien faire d'autre que la regarder se plier sous la tristesse qui s'est emparée de son minuscule corps.
- Marinette ! Prépare-toi, il est bientôt l'heure de partir !
D'un geste délicat, je sèche les microscopiques larmes de mon amie, et dépose un baiser sur son crâne chauve décoré d'un point noir. Je la couche sur mon lit, et la cache derrière une pile de peluches avant de descendre pour prendre mon petit-déjeuner. Maman m'embrasse tendrement puis me laisse m'installer autour du hublot centrale de la cuisine.
-Papa n'est pas encore levé ? remarqué-je.
Ma mère me fait signe que non avant de continuer à rincer la vaisselle d'hier. C'est dans un silence insoutenable que je mange mes biscottes.
- Il ne sent pas très bien, explique-t-elle.
-Ah.
Je ne sais pas quoi répondre d'autre. Je me contente de terminer mon petit-déjeuner et de partir pour le lycée. Je sors de la poche de ma veste mes écouteurs, que j'enfonce dans mes oreilles sur le chemin jusqu'à l'arrêt de bus, qui se trouve juste devant mon collège. Tout était tellement plus simple lorsque j'étais en troisième.
Si on n'y réfléchit bien, on peut s'apercevoir que le Papillon n'un rien d'un véritable méchant. Il n'a jamais tué quiconque. Tout ce qu'il a fait durant trois ans, c'est d'utiliser la colère des autres pour les manipuler afin qu'ils récupèrent à sa place nos bijoux, à Chat Noir et moi. Et puis pour vaincre les victimes de son enchantement, c'était plus que simple, et sans réels dangers.
La réalité du présent m'arrache un soupire d'exaspération. On m'a souvent répété que lorsque l'on grandit, on comprend enfin ce que nous ignorions quand nous étions petits. J'ai beau avoir dix-sept ans, je ne comprends toujours pas la raison de la venue de ces mutants. Ni la disparition de Chat Noir, d'ailleurs.
Le bus arrive enfin, après quelques minutes d'attente. Comme toujours, je m'assois au fond du bus, côté vitre, sans que personne n'occupe le siège voisin. Comme tous les matins, je regarde défiler le paysage de goudron et de métal sous mes yeux bleus mis-clos.
Lorsque enfin le bus s'arrête devant le lycée, je sens un étrange sentiment enfler en moi. Mon regard se pose aussitôt sur Adrien, qui me salue depuis le bas des marches. Je le rejoins en tentant de ne pas trop rougir.
- Salut, dis-je d'une voix chevrotante.
- Salut ! Tu as bien dormi ?
Quelle étrange question.
-Je... Oui, tu es très mignon.
Un de ses sourcils blonds m'informe que j'ai dit une bêtise.
- Dormi ! J'ai bien dormi, me rectifié-je aussitôt.
Un adorable rire s'échappe de sa bouche parfaitement dessinée. Il s'avance d'avantage vers les marches, puis se tourne vers moi, ses béquilles en main.
- Tu m'aides ?
- Qui ? Moi ? Euh... Oui ! J'arrive tout de suite !
Je l'aide à se mettre debout, sur ses quatre jambes. C'est avec une grande détermination qu'il grimpe les marches une à une, le poids de son corps soutenu par ses béquilles.
-Tu pourrais monter le fauteuil, s'il te plaît ?
-Oui, tu me plais, dis-je d'une voix mielleuse.
Son étrange regard me sort de ma rêverie.
-Le fauteuil... je... Je te l'apporte tout de suite !
Mes mains maladroites tentent tant bien que mal de plier son fauteuil roulant, mais n'y parviennent pas. Je finis par le porter comme il est, mais manque de justesse de tomber à l'arrivée. J'aide Adrien à s'y installer confortablement puis le débarrasse de ses béquilles argentées. Mon cœur s'arrête net. Ce n'est pas le bâton de Chat Noir, me rappelé-je, ce sont juste des béquilles. Juste des béquilles.
Je prends une profonde inspiration puis range ces maudits bâtons de fer.
Adrien a eu un terrible accident de voiture il y a dix mois. Je ne l'ai su que cinq mois après le tragique incident. Peut-être que si je n'avais pas été occupé à jouer les Lady pour les journaux en compagnie de Chat Noir, j'aurais pu être au courant plus tôt. Mais je n'étais pas la seule. Tout le monde a su pour l'accident seulement le jour où il est revenu au lycée. J'ignore comme cela se fait que même Nino, son meilleur ami, n'était pas au courant.
Mais peu importe. A cause de cet incident regrettable, Adrien ne peut plus faire carrière dans le mannequinat, mais le pire, c'est qu'il ne peut plus marcher. Il a perdu toutes sensations à partir du bas-ventre. Parfois, je me demande comment il fait. Perdre l'usage de ses jambes du jour au lendemain, ça ne doit pas être facile à encaisser.
Fin du septième chapitre !
VOUS LISEZ
Black - A Miraculous FanFiction [Réécriture]
Fiksi Penggemar/!\ risques de spoils /!\ Marinette Dupain-Cheng a seulement treize ans lorsqu'elle découvre Tikki, qui la fera devenir Ladybug, l'héroïne tant appréciée de Paris. Voilà que quatre ans sont passés depuis cette rencontre qui a donné un nouveau tourna...