Chapitre 14 _ La mort d'un proche

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Le voyage en mer fut long, interrompu par de nombreuses escales à différents ports pour ravitaillement, que ce soit pour de la nourriture ou pour des sacs en plastique pour Ofelia qui avait dû mal à supporter les transports. Néanmoins, Athéna avait prévu cela, aussi elle avait tout programmé pour que le bateau s'arrête au Sud de la France. Le reste du trajet s'était donc fait par bus. Argol ne les avait pas suivi jusque là, mais leur avait tout de même souhaité un bon séjour.

Le temps de route leur sembla encore plus long que celui en mer. Mais Sophia était aux anges. Elle avait du mal à réaliser que, enfin, elle avait revoir son père. Elle espérait de lui un chaleureux accueil, une marque d'affection, bien qu'au fond elle se doutait qu'il serrait étalé dans son fauteuil, une bouteille à la main. Mais tout de même... Pour le retour de sa fille, ne pouvait-il pas faire un effort ? Aurait-il le courage, la force, la décence de se lever pour elle ? Pourrait-il enfin témoigner un geste d'affection à son égard, comme il le faisait lorsqu'elle était enfant avant de sombrer dans la dépression et l'ivresse de la boisson et de la paresse ?

Sortant de ses pensées qui commencèrent à l'affliger plus qu'autre chose, Sophia observa le paysage à travers la vitre, et reconnut ce qu'elle avait toujours vu dans son enfance. De biens doux souvenirs lui revinrent, et, d'une voix pleine d'espoir, elle déclara :

- Voilà notre arrêt. Il nous faudra marcher un peu.

- Pas de soucis, tant que je sors d'ici... répondit faiblement Ofelia serrée entre deux femmes qui cherchaient à la bousculer

Elles s'extirpèrent du bus, et profitèrent de tout l'espace qu'elles avaient pour se reposer un peu, après quoi elles se mirent en route. A chaque pas qu'elle faisait, Sophia se sentait de plus en plus pressée, accélérant son allure bien que son amie peinait de plus en plus à la suivre. Enfin, la française s'arrêta devant une maison. Une charmante habitation, qui se différenciait aisément des autres de part sa girouette en fer forgé qui se mouvait régulièrement grâce à la légère brise.

- Alors c'est ici... murmura Ofelia en observant la maison

- Oui... répondit Sophia sans cacher son émotion.

La jeune espagnole jeta ensuite un coup d'œil au jardin, en se penchant au dessus de la barrière. Il était bien clos, sans aucun vis-à-vis grâce à l'immense haie qui bordait le grillage. Elle pu apercevoir, près d'une petite fontaine aux allures bien sombres, une balançoire en bois qui, comme la girouette, bougeait lentement. Ofelia, prise d'un sentiment d'effroi, ne put s'empêcher d'imaginer le fantôme d'un enfant, là, jouant à se balancer, les observant avec un sourire qui s'étirait jusqu'aux oreilles, et dont les larmes de sangs s'écoulaient de ses orbites vides jusqu'aux hautes herbes bien vertes.

- Oh mes dieux... murmura-t-elle en se cachant les yeux. Je viens d'imaginer une chose horrible.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

Ofelia secoua simplement la tête, se disant qu'elle avait largement besoin de sommeil. Sophia haussa les épaules, avant de pousser le portillon. Elle passa la première, puisque son amie ne bougeait toujours pas, et marcha sur l'allée de pavée. Elle se souvenait avoir longtemps joué sur ce chemin avec ses poupées, lorsqu'il faisait soleil, sous le regard bienveillant de son père. Oui... A cette époque, il agissait comme un homme bon, vaillant, fort et aimant. Avec remord, elle se demanda ce qui avait bien pu le faire tant changer, tout en s'arrêtant devant la porte.

- Voilà le moment que j'attendais avec impatience... souffla Sophia.

Ofelia hocha simplement la tête, ne pouvant qu'imaginer ce qu'elle pouvait ressentir. La française, s'armant de son courage, toqua à la porte, puisqu'elle n'avait plus les clefs. En bonne civilité, elle attendit patiemment qu'il lui ouvre. Mais rien...

Les Élues des Dieux _ Tome 4 _ L'avant GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant