Chapitre 16 _ Inquiétudes

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Le retour au Sanctuaire des deux jeunes femmes ne passa pas inaperçu. Tous s'en étonnèrent, chacun à leur façon, et évidemment ils eurent la curiosité de demander ce qu'il était advenu pour que leurs semaines de voyage se transforment ainsi. Et lorsqu'ils apprirent la mort du père de Sophia, ils offrirent volontiers leur soutient pour la jeune française. Mais cette dernière s'était renfermée comme une huître, se refusant à toute visite, à toute joie, à tout bonheur. Même Aiolia n'avait pas le droit de venir la voir, et Ofelia se faisait régulièrement rejeter bien qu'elles vivaient sous le même toit.

Abattue d'être inlassablement repoussée, la jeune espagnole se rendit au grand hall. Il n'y avait presque personne, néanmoins Shura, Aiolia et Aiolos y étaient rassemblés. Aussitôt Ofelia se dirigea vers le Capricorne, et se lova contre lui, exactement comme un chat l'aurait fait. Elle était suffisamment petite pour s'installer ainsi sur ses genoux. Le Chevalier ne la rejeta pas, au contraire il l'accueillit en passant ses bras autour d'elle, pour l'empêcher de tomber.

- Comment va-t-elle ? s'enquit Aiolia

Ofelia ne lui accorda aucun regard, restant blotti contre Shura, fixant le vide près d'elle. Elle était bien au courant de ce qui s'était passé juste avant leur départ, puisque sur le bateau Sophia s'était empressée de lui raconter ce tout premier baiser. Et elle ne comprenait pas pourquoi son amie ne cherchait plus aucun soutient.

- Mal, répondit-elle enfin.

- Il faudra pourtant qu'elle s'en remette, rétorqua Shura

- Elle a perdu son père ! protesta la jeune femme.

- Cela ne change rien, intervient Aiolos. Il faut aller au-delà des décès. La guerre est ainsi.

- Est-ce que c'est comme ça que vous avez réagi à la mort de Saga ?

Elle obtint en guise de réponse un silence lourd qui la scandalisa. Elle quitta la chaleur des bras de Shura, et déclara, la voix tremblante de ses émotions :

- Nous n'avons rien à voir avec vos guerres. Même avec tout ce qui s'est passé, je continu de nous considérer, Sophia et moi, comme des humaines tout ce qu'il y a de plus normales.

- Mais vous êtes...

- Oui, nous sommes des élues. J'en ai eu la preuve pour mon cas. Mais j'ai beau être née liée à une divinité, j'ai grandit humaine. Je souffre, je ris, je hais et j'aime comme une humaine. Et je mourrais comme je l'entendrais, il en va de même pour Sophia. Et chaque humain prend le décès d'une manière différente. Laissez la donc en paix, qu'elle le surpasse seule. Nous finissons toujours par surpasser la mort.

Shura se leva à son tour, et attrapa la jeune femme par la taille pour la soulever.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? s'indigna-t-elle. Pose-moi par terre !

Mais il ne l'écouta pas, et sorti du grand hall avec elle, en ignorant ses vives protestations. A cette scène forte étrange, les deux frères écarquillèrent de grands yeux de surprises.

- Que vient-il de se passer ? demanda le Sagittaire d'une voix lente en observant la porte

- Je ne veux même pas savoir... maugréa le Lion

Aiolos termina le verre qu'il s'était prit plus tôt, se délectant de la douce sensation que cela lui prodigua. Puis, lorsqu'il reposa l'objet sur la table, il se tourna vers son frère, une lueur suspicieuse dans le regard.

- Nous n'avons pas eu le temps de discuter, tous les deux.

- A quel sujet ? s'étonna Aiolia sans se douter de rien

Les Élues des Dieux _ Tome 4 _ L'avant GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant