Chapitre 26 _ Brisure

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C'était la nuit. Le Sanctuaire entier était en deuil. La venue du Juge connu sous le nom d'Eaque avait détruit le village de Rodorio, et volé quelques vies encore présente dans le village à cause des explosions. Mais la plus grosse perte que l'ordre des Chevaliers Sacrés déplorait était celle du Chevalier d'Or du Capricorne. On louait alors son courage pour avoir défendu les villageois, son courage pour avoir affronté un Juge des Enfers, son courage pour avoir donné sa vie pour Athéna.

La plus affectée n'en restait pas moins Ofelia. Cette nuit là encore, malgré la pluie qui tombait, ce qui était chose rare, elle s'était rendue à la Chapelle Ardente, et restait devant la porte sans rien dire. Sophia l'accompagnait toujours malgré l'heure tardive.

- Viens sous mon parapluie, déclara-t-elle doucement. Tu vas attraper froid.

Mais elle n'obtint aucunes réponses. Sophia soupira légèrement, attristée par les évènements, et pour son amie. Elle s'était à peine remise de la mort de Camus, et maintenant...

- Sorento nous attend toujours, annonça-t-elle en espérant lui faire penser à autre chose. Nous pouvons aller au Sanctuaire Marin...

- C'est inutile, protesta enfin Ofelia

Elle avait une voix lente, monotone, lassée de la guerre, lassée de la mort. Elle était déprimée, pointée d'anxiété, d'amertume, comme si la vie n'avait plus aucune importance.

- Je dois partir, déclara d'un coup l'espagnole

Elle fusa en direction de la maison. Sophia, d'abord abasourdie, la suivit finalement en courant presque. A l'intérieur de leur demeure, la française observa son amie, qui mettait ses vêtements les plus chauds dans sa valise de manière précipitée, sans faire attention à les laisser bien plier.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? s'étonna-t-elle finalement

- Je ne laisserais pas toutes ces morts impunies, répondit-elle simplement en sortant de sa chambre

Ofelia alla dans la salle de bain, et rassembla toutes ses affaires de toilettes, avant de les engouffrer dans la valise.

- Où as-tu l'intention d'aller ?

- Cela ne te regarde pas.

- Oh que si, ça me regarde ! Je ne te laisserais pas y aller seule !

L'espagnole s'arrêta, avant de faire face à son amie, le regard noir.

- Tu as Aiolia, ici. Profites-en.

Puis, elle la contourna pour se rendre dans la cuisine, où elle se servit un grand verre d'eau. Elle allait si vite...

- La mort de Shura t'aveugle ! s'emporta Sophia en la rejoignant

- Oh, oui, je deviens complètement folle !

- Les venger ne les ramènera pas ! Ils sont morts, Ofelia ! Morts !

La française pleurait. Mais son amie restait stoïque, buvant lentement son eau. Puis, sans prévenir, elle lâcha son verre, qui se brisa en entrant au contact du sol. Elle porta sa main à sa bouche, et fonça en direction de la salle d'eau, où elle rendit le peu de ce qu'elle avait mangé ces derniers jours. Sophia alla lentement vers elle, très inquiète.

- Hier aussi, tu as été malade... murmura-t-elle

- La guerre me rend malade... rétorqua faiblement Ofelia

Sophia l'observa simplement tandis qu'elle restait penchée vers les toilettes, pâle comme un linge. Elle semblait perdue dans sa réflexion, avant de demander subitement :

- Combien as-tu de semaine de retard ?

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? s'énerva-t-elle

La française s'accroupit près d'elle, en posant doucement une main contre son dos.

- Ofelia... Combien ?

La jeune espagnole explosa en sanglot, en tapant lentement contre la cuvette.

- Deux... répondit-elle faiblement

- Tu sais ce que ça veut dire ?

- Je refuse... Je ne veux pas !

- Cesse de te mentir à toi même, Ofelia...

Sophia prit son amie dans ses bras, et pleura avec elle. Elle avait suffisamment observé ces symptômes chez certaines de ses amies restées en France pour affirmer ce qui arrivait à Ofelia. Mais l'espagnole avait jusque là refusé de se l'admettre. Elle n'en n'avait certainement pas eu conscience jusqu'à maintenant.

- Il faut prévenir le Grand Pope, déclara Sophia en la lâchant.

- Non, non...

- Ofelia, tu ne peux pas rester comme ça. Il faut que tu sois encadrée. Va t'allonger un peu, je reviens tout de suite.

La jeune espagnole préféra obtempérer. Elle avait, en réalité, du mal à réaliser ce qui lui arrivait. Sophia s'assura qu'elle l'écoutait bien, avant de foncer, sans prendre la peine de se protéger de la pluie. Elle courut jusqu'au dernier temple du Zodiaque d'Or, le plus proche de sa maison, et y entra en vitesse. Elle s'avança ensuite, et remarqua que la grande porte était entrouverte. Elle s'y approcha en douceur, et tendit l'oreille tout en essayant de discerner ce qui s'y passait. Le Grand Pope était là, debout et, près de lui, elle reconnut le Vieux Maître.

- Mais qu'est-ce qu'il fait là... souffla-t-elle

- Shion, je n'ai pas fait tout ce chemin pour prendre de tes nouvelles, résonna la voix de Dohko.

- Je m'en doute. Mais ne m'annonce pas quelque chose de sombre, je t'en conjure.

- Hélas...

Le Vieux Maître resta un instant silencieux, avant d'annoncer avec inquiétude :

- Le sceau d'Athéna s'est brisé.

- C'est impossible !

- Il était déjà fragilisé, mon vieil ami. Mais maintenant qu'il n'est plus...

- Alors il est à nouveau libre... Le dieu Hadès est libre... Es-tu sûr de cela ?

- Sinon, je ne serais pas là.

Sophia recula de quelques pas, choquée. Le dieu Hadès était libre... Cela signifiait pour elle que plus personne n'était en sécurité nulle part. La guerre dans laquelle ils étaient tous entrés était sur le point d'exploser, de dévoiler toute sa noirceur. Et qui sait... Qui allait survivre à la résurrection d'un dieu aussi puissant qu'Hadès ?


Et voilà... C'était le dernier chapitre du tome 4 ! Le tome 5 est prêt, il arrive bientôt je vous rassure... Il fait 38 chapitres, c'est le plus long de la série ! Et aussi le dernier... Les Élues des Dieux s'achève bientôt ;)

Bref, comme d'habitude, n'hésitez pas à voter, à me dire ce que vous en pensez, et à vous abonner pour être sûrs de ne pas manquer la suite !  xxx

Les Élues des Dieux _ Tome 4 _ L'avant GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant