Chapitre 15 _ Une douleur égoïste

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Lorsque Sophia se réveilla, elle pensa être sortie d'un songe des plus horribles. Mais pourtant, elle savait que ce qu'elle avait vu était la sombre réalité. Son père avait été assassiné de la pire des façons. Alors elle recommença à pleurer. Des larmes silencieuses. Elle leva néanmoins le haut de son corps, s'asseyant sur le lit, et reprit conscience avec la réalité qui l'entourait. Elle était dans une chambre, probablement d'hôtel. Essayant de sécher ses larmes, elle porta son regard vers la fenêtre, à sa droite. Deathmask était là, les bras croisés, adossé contre le mur et observant le paysage nocturne.

- Deathmask... souffla-t-elle.

Il tourna à peine la tête pour la regarder, et il ne lui accorda que très peu d'attention préférant contempler le ciel étoilé.

- Où sommes-nous ? s'enquit-elle d'une voix tremblante

- Toujours en France, répondit-il sèchement.

Un silence s'installa. Sophia chercha Ofelia du regard, se disant qu'elle pourrait lui accorder un quelconque réconfort. Mais lorsqu'elle la vit, elle constata qu'elle était toujours dans un certain état de choc, allongée sur un lit à côté du sien, le regard fixe. Alors la française, bien que vacillante, se leva, et tituba jusqu'à elle. Là, elle s'effondra à ses côtés, et pleura toutes les larmes de son corps. La jeune espagnole sembla elle aussi reprendre conscience de la réalité, et son léger traumatisme disparue. Elle enserra donc son amie de toutes ses forces, laissant couler quelques larmes silencieuses avec elle.

- Il te reste de la famille ? demanda Deathmask sans le moindre sentiment de compassion

- Non... pleura-t-elle. Je n'avais que lui...

- Alors préparez-vous. Nous allons rentrer.

- Rentrer ? Je ne pourrais pas enterrer mon propre père ? s'indigna la française

- Nous n'avons pas le temps pour ces cérémonies, rétorqua-t-il en se retenant d'être désagréable.

Ofelia releva doucement la tête, et observa le Chevalier. Il ne semblait réellement pas affligé de la situation. Pourtant, lui aussi avait vu la scène, lui aussi avait constaté ce meurtre qui était plus de l'ordre du massacre.

- Qui est responsable de ce qui est arrivé ? demanda-t-elle péniblement.

- Et qu'est-ce que je peux en savoir ? rétorqua mauvaisement le Cancer

L'espagnole baissa la tête, honteuse d'avoir posé cette question qu'elle jugeait dorénavant stupide. Deathmask remarqua son air, et ajouta sans changer son ton :

- Camus est retourné sur les lieux. Il y travaille. Nous partons dans dix minutes, tâchez d'être prêtes.

Sur ces derniers mots, il quitta littéralement la chambre. Mais Ofelia savait qu'il n'était pas parti bien loin. Pas après ce qui venait de se produire. La jeune femme baissa les yeux sur son amie, toujours allongée près d'elle, toujours larmoyante. Elle lui caressa doucement sa chevelure presque noire, espérant ainsi apporter paix et réconfort à son esprit. Mais elle se doutait bien que cela ne l'aiderait pas de beaucoup.

- Je suis un monstre, Ofelia... souffla-t-elle entre deux sanglots

- Ne dis pas ça...

- Tu ne comprends pas... Mon père s'est si longtemps détaché de moi... Je n'ai même pas l'impression de pleurer sa mort ! Je suis ignoble... Oh, papa, pardonne-moi...

Elle se rejetait sur elle la faute. Si elle n'était pas partie faire cette tournée de dédicace, jamais son père n'aurait perdu la vie. Elle le savait. Aucun humain, même psychologiquement atteint, n'aurait été capable d'une telle horreur. Elle était persuadée que son lien avec les Chevaliers était responsable de sa mort, et que donc, indirectement, c'était elle qui l'avait tué. C'était pour cela qu'elle pleurait le plus.  

Les Élues des Dieux _ Tome 4 _ L'avant GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant