[Chapitre qui n'est pas nécessaire à l'histoire et que vous pouvez sauter si vous voulez savoir la suite, il est exceptionnellement long et du point de vue de Jules.]
La nuit fut courte.
Je marche d'un air absent jusqu'aux appartements d'Élie.
Je reviens de l'hôtel particulier de mon frère aîné – je tenais à aborder le sujet avec lui en particulier.
Il savait tout. C'est même lui qui accompagna mon père signer les papiers afin de me légitimer.
Je m'en suis senti humilié.
J'étais le dernier au courant.
Mais celui qui s'en sentit le plus humilié semblait être mon aîné. Il m'apprit qu'il en avait été vivement blessé dans son orgueil, la mère qu'il adorait et respectait tant, avait été infidèle et n'en éprouvait pas le moindre remords. Il avait mis du temps à l'accepter.
Il m'en faudra aussi. Il nous en faudra, mais nous devons être là l'un pour l'autre.
Je peine à regarder en face qui que ce soit, comme s'il était marqué sur mon front que j'étais illégitime. Je ne me suis jamais senti aussi honteux, moi qui aie tant d'aplomb.
Une seule bonne nouvelle : notre cher Amiral de France, Louis-Alex', a été mandé d'urgence sur Dunkerque voir l'état de nos flottes. J'en suis bien aise, je dois avouer que le simple fait de voir son visage me mettait de mauvaise humeur.
En frappant à la porte d'Elie, j'ai un étrange pressentiment, et ce, des plus déplaisants.
— Monsieur.. ? Vous n'êtes pas avec Mlle Elisabeth ? s'étonne Mélanie qui vint m'ouvrir.
— Non, pourquoi donc ?
— Ah, Monsieur ! Vous voilà ! s'exclame un jeune page derrière moi. Je vous cherche en vain depuis une bonne heure. Mlle Elisabeth m'a demandé de vous informer qu'elle vous attend dans les appartements du Comte de Toulouse.
— Comment ..? Une heure, vous dites ? J'y vais, et si elle revient ici faites-le-moi savoir.
J'accours aux appartements de Louis-Alex', au rez-de-chaussée du château.
Serait-ce ce mousquetaire qui aurait tenu parole en nous permettant de fouiller son logis ?
Je suis confus. Un mélange de peur et d'appréhension me noue l'estomac.
Il n'y a personne.
Elie a dû fouiller ces appartements et y trouver des preuves compromettantes, Louis-Alexandre l'aurait appris et pour s'assurer de son silence, se réduire à l'enlever ! Cette hypothèse m'effraie.
Je balaye des yeux chaque pièce, de la chambre à coucher aux arrière-cabinets, tout est en ordre. Je commence alors à ouvrir brusquement tous les tiroirs de son bureau et de sa bibliothèque.
Rien de probant...
Il faut être plus méthodique.
Je sais qu'il est du genre méticuleux, en particulier avec ses effets personnels.
Je scrute des yeux la pièce.
Je connais Louis-Alexandre. Nous n'avions aucun secret...
Il y a deux ans, la bien réputée vertueuse princesse de P. cédait à ses avances, ce soir-là il en était si fier, qu'il me présenta la lettre qui en faisait foi, m'assurant qu'elle ne devait pour rien au monde tomber entre de mauvaises mains.
Non, nous n'étions pas dans ce cabinet. Nous étions dans sa chambre à coucher.
Il me fait signe de garder le silence, et doucement, il pousse son lit sur le côté. Il m'avoue que c'était à cette place-ci qu'était la cheminée avant.
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La comtesse de Lisière [EN PAUSE]
RomanceFin XVIIe siècle (1680-90) Fille de comte, Élisabeth de Lisière est une harpiste de talent qui reste très affectée par la mort de son père, celui-ci laissant pour seul héritage de lourdes dettes. Attachée à l'espoir de retrouver son meilleur ami d'...