Je suis rentrée à mes appartements, et le soir venu, j'ai le cœur morose, l'esprit travaillé par les propos belliqueux du Roi, l'heure est avancée.
Il pleut en plus, comme si le ciel s'était joint à mes états d'âme.
Seule la pluie qui crépite brise le lourd silence de mes appartements.
Mon amie rousse me brosse ma longue chevelure, d'un air inquiet.
— Mademoiselle, je vous en prie, ne soyez point aussi attristée. J'en ignore les raisons, j'en suis bien mal, dit Mélanie.
Je me force à lui sourire.
Soudainement, on entend frapper à la porte. Je me lève aussitôt, et m'y précipite. Un majordome m'a précédé.
La plus profonde et grande joie qui puisse exister vient piquer mes yeux d'émotions, je sens cette douce chaleur envelopper ma poitrine.
Jérôme.
Trempé, son chapeau entre les mains, crispant un sourire, et prononçant :
— Bonsoir Mademoiselle Élisabeth.
— Bonsoir, duc.
Nous nous sourions sottement, pendant que l'eau continue de ruisseler sur son front.
— Oh Monsieur, je vous en conjure entrez donc !
Je me hâte de rejoindre Mélanie, à qui j'intime le silence, l'ayant vu elle contient un sourire béat, toute émoustillée.
— Garde ton calme, et va plutôt chercher de quoi le réchauffer, lui ordonné-je, cachant ma légère excitation.
Je reviens aussitôt, lui proposant de retirer sa lourde veste trempée. Je réclame que l'on ravive le feu de cheminée.
— Pardonnez-moi, je vais mouiller tout votre intérieur, se mine-t-il.
— Non point. Oh Monsieur, que me vaut l'honneur de cette venue ? Vous revenez de Paris ?
J'allais lui proposer de s'asseoir que voyant cette épaisse perruque gonflée d'eau, j'ose :
— Puis-je ?
Je l'ôte, délicatement ; on vient la prendre pour la sécher.
Ses cheveux un peu mouillés lui tombent jusqu'aux épaules, clairs, fins, légèrement ondulés ; ils sont si beaux. Il m'offre un timide sourire.
— Merci.
Je prends un instant pour l'observer, innocemment, comblée de sa présence.
— Comme votre vue me rend heureuse, murmuré-je.
Il sourit splendidement. Il porte alors son attention sur mes longs cheveux qui, détachés, me tombent en haut de la taille.
— Ils sont magnifiques, m'assure-t-il, essayant de se saisir d'une mèche bouclée. Ce blond, mêlée à cette rousseur.. Il vous sied parfaitement.
J'en souris de façon niaise.
— Oh, merci. Je vous en prie, asseyons-nous près du feu. Vous désirez une boisson chaude ? Oui, je vous en fais apporter.
Il opine, ricanant un peu, puis s'asseyant, il tend ses mains près des flammes.
Je me hâte de demander à Mélanie de m'attacher les cheveux, que je ne fasse pas négligée.
— Oh, Duc, bonsoir, entends-je la voix de mon oncle.
J'y retourne. Il vient le saluer, plutôt solennellement, Jérôme se lève pour recevoir ses hommages.
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La comtesse de Lisière [EN PAUSE]
RomanceFin XVIIe siècle (1680-90) Fille de comte, Élisabeth de Lisière est une harpiste de talent qui reste très affectée par la mort de son père, celui-ci laissant pour seul héritage de lourdes dettes. Attachée à l'espoir de retrouver son meilleur ami d'...