— C'est à cheval, tu sais toujours y monter ? me demande mon ami, sur le chemin des écuries.
Les écuries m'auront vu maintes fois aujourd'hui. J'allais lui répondre que, oui en lui parlant de ce matin, que je me ravise.
— Bien sûr, à mon domaine j'ai continué à monter pour des balades, réponds-je plutôt.
Approchant, je découvre un tel monde, chevaux, aristocrates... Et surtout, sa figure centrale devant laquelle il y a tant d'inclinations. Elle se dresse si fièrement sur la plus belle des montures, dans toute sa splendeur, l'habit coloré et riche de brocarts.
J'ignore pourquoi cette scène me décroche un sourire. Je comprends mieux pourquoi l'on va jusqu'à assister à son lever ou à son coucher, il diffuse une aura particulière, on se sent privilégié rien que de pouvoir l'observer.
— Normalement, nous devrions retrouver mon père et Louis-Alexandre, mais je doute pour ce dernier.. Je crois qu'il est piqué de ce que hier soir je me suis désisté. Je devais aller avec lui à une fête parisienne.
J'ai un sentiment de culpabilité.
— Ne crois-tu pas que tu devrais cesser de rester à mes côtés tout le long de la journée.. Ça ne me dérangerait pas de passer quelque temps chez mon oncle, je lirai, et tu sais comme j'aime cela.
— Tu ne supportes déjà plus ma personne ? s'offusque-t-il, ironiquement.
— Jamais je ne dirai une telle chose ! Ahah, tu le sais bien, seulement...
Il m'interrompt :
— Élie, quatre ans que j'attends de pouvoir partager mon quotidien versaillais avec toi, j'en suis si heureux, ne gâche pas mon bonheur.
Que dire devant des paroles aussi sincères ? Rien, je monte en même temps que lui sur nos chevaux, le jeune Duc se joint à nous, et c'est ainsi que nous rejoignons le groupe de chasse.
J'ai déjà vu mon père partir chasser, mais je n'étais pas à ses côtés non plus, je sais seulement qu'il faut être bon observateur.
Monseigneur, s'en va naturellement près du Roi, son grand-père, celui-ci semble en pleine discussion avec un personnage important de la Cour.
— Oh Élisabeth ! Vous voici parmi nous ? m'interpelle cet aristocrate qui n'est autre que le père de Jules.
Ma joie de le croiser s'est vite dissipée. Je sens le lourd poids des regards, et surtout celui du Roi.
— Oui, c'est moi qui lui en fait la demande, s'immisce rapidement le jeune Louis.
— Sire, laissez-moi vous présenter Mademoiselle de Lisière, la fille aînée du feu comte, vous souvenez-vous ?
— Par quel hasard.. Je me demandais justement comment se portaient sa veuve et ses filles. Toutes mes condoléances Mademoiselle. C'était un homme courageux.
Bienheureux que vous soyez des nôtres parmi la Cour.
J'en suis intimement touchée.
— Merci Votre Majesté, prononcé-je simplement.
— Vous êtes une intime de mon petit-fils donc ?
— Oh, je ne puis dire cela...
— Nous nous sommes rencontrés ce matin grand-père, mais elle est d'une bien plaisante compagnie.
Il le dit le plus librement du monde, je sens une franchise et une innocence juvénile appréciables en lui.
Le Roi se permet de sourire énigmatiquement comme toute réponse. Finalement il me murmure :
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La comtesse de Lisière [EN PAUSE]
RomansaFin XVIIe siècle (1680-90) Fille de comte, Élisabeth de Lisière est une harpiste de talent qui reste très affectée par la mort de son père, celui-ci laissant pour seul héritage de lourdes dettes. Attachée à l'espoir de retrouver son meilleur ami d'...