Chapitre 3

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- Et ta famille où est-elle ? reprend-il.

- Il n'y a que moi. Ma cadette est encore si jeune.. Je vis donc chez mon oncle, bien peu soucieux de mes activités. Il se trouve que j'aurais quelque talent à la harpe, et que les opportunités sont à Versailles.

- Pas tu aurais, tu as du talent ! Je ne m'en souviens que trop bien. Et en effet, ton oncle, il m'est assez antipathique. Par ailleurs, sa présence est bien rare parmi la Cour.

- Ahah, merci, et.. Vraiment ?

- Enfin, ce que je retiens, moi, c'est que nous allons pouvoir passer nos journées ensemble comme à l'époque ! Je t'annonce l'ordre du jour : une superbe visite du palais dont celui qui la mènera sera nommé officier le mois prochain.

Impressionnée, faisait fi de cette vanité à parler de soi à la troisième personne, je reprends :

- Officier ? À seulement.. Vingt ans !

Il acquiesce fièrement. Il a toujours parlé d'entrer dans l'armée, et qu'un jour il finirait maréchal de France, considéré et apprécié de tous un brin prétentieusement. Je vois qu'au moins l'un de nous est allé de l'avant dans sa vie.

- Tu sais, manier une véritable épée est bien moins aisé que celles avec lesquelles nous jouions.

- Je te crois bien. Tu as toute mon admiration.

- Je finis ma formation, mon précepteur d'armes est celui du Duc de Bourgogne, je vous prie.

- Le fils du Dauphin ? resté-je étonnée.

- Ignores-tu donc que mon père est quelqu'un de respecté, et proche de Sa Majesté ? Il en est le conseiller à titre privé.. Observe dans quel logement je vis.

Je prends alors réellement le temps d'apprécier la surface de la pièce, ses quelques mobiliers raffinés ; je me lève pour m'approcher des fenêtres. Je m'exclame :

- Une vue sur les jardins royaux !

Je retiens mon souffle devant les remarquables parterres et fontaines qui se présentent à moi.

- Ne t'en fais pas, je t'en montrerai chaque recoin ! Ils ne font pas la fierté de notre souverain sans raison. Je prends un chapeau, et nous partons de suite.

Je suis aussi enthousiaste que lui. Il en informe un de ses gens :

- Clément, je pars pour la journée.

Je découvre alors la magnificence de l'endroit, la majesté de la Grande Galerie aux multiples glaces, les somptueux salons aux peintures sublimes et marbres impressionnants, la splendeur des lustres, la grandeur des lieux, j'en suis éblouie. Tant et tant que je me demande plusieurs fois si ceci est bien réel. Surtout lorsque je croise le regard brillant de mon meilleur ami.

Il est bien là, et notre complicité, intacte.

Nous croisons du beau monde qu'il me nomme, je découvre le visage de ceux dont les noms traversent les siècles. Il m'apprend par la même occasion quelques règles de bienséance qu'il fait bien de me rappeler.

Dans tant de nouveautés, d'inconnus, je suis bien heureuse de pouvoir compter sur un visage familier.

À peine sortis à l'extérieur, que la grande perspective m'émerveille, elle paraît infinie. Une brise légère fait danser mes cheveux, je contemple les cimes des arbres qui se parent de jaune et d'orangé, l'automne qui vient.

Nous nous perdons au milieu de bosquets et vastes allées, jusqu'à rejoindre le labyrinthe dans lequel nous nous sommes réellement perdus, en revanche.

La comtesse de Lisière [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant