Pdv Wolfgang Amadeus Mozart:
Je froissai ma partition, mécontent, et la jetai au milieu de la pièce parmi tous mes précédents brouillons. J'avais beau me concentrer, je n'étais jamais satisfait du résultat. Malgré tous mes efforts, je n'arrivais pas à produire quelque chose qui soit digne de mon ami Joseph Haydn.
J'avais rencontré le maestro Haydn alors que j'étais encore au service de l'archevêque Colloredo et nous nous étions très vite lié d'amitié. J'éprouvais un immense respect pour sa personne et je reconnaissais pleinement l'étendu de son talent. Il était l'un de mes rares véritables amis, avec qui je partageais chacun de mes ressentis, de mes désirs, de mes rêves et de mes tourments. Je voulais lui dédier une série de quatuors, qui témoignerait de toute l'affection que je lui portais, mais voulant absolument mettre tout mon coeur dans mes productions, je ne parvenais pas à composer quelque chose qui puisse être à la hauteur du géant qu'était Haydn.
Je soufflai d'exaspération et décidai de faire une pause, parfois il valait mieux ne pas trop insister et laisser le génie se manifester au moment où on l'attendait le moins. J'avais pleinement confiance en moi et je savais que j'arriverais coûte-que-coûte à finaliser mon travail. Je me levai du piano et partis m'asseoir derrière mon bureau pour me changer les idées.
Je repensai alors à la soirée d'hier et à l'attitude inattendue de Salieri. Il m'avait agréablement surpris et cela ne me plaisait que davantage. Il s'était ouvert à moi et confié sur son enfance et sa carrière, comment il était arrivé à la place qu'il occupait actuellement et j'étais ravi d'avoir réussi à me faufiler un peu plus derrière son masque de froideur. J'aimais le fait qu'il puisse se sentir suffisamment en confiance avec moi pour se dévoiler et j'aimais également le fait qu'il fasse des efforts pour m'accepter. Je savais très bien qu'il avait beaucoup de mal à tolérer ma présence et mon comportement au premier abord, mais j'appréciais qu'il puisse commencer à changer d'avis et à me considérer davantage comme un collègue et un partenaire plutôt que comme un rival. J'admettais que l'avoir pour ami ne me dérangerait pas le moins du monde, mais je n'en nespérais pas tant venant de lui, sa confiance me suffisait amplement pour le moment.
Je reconnaissais tout de même l'envier beaucoup pour ce qu'il incarnait à Vienne, mais également pour son poste au sein de l'Empire et l'admiration qu'il suscitait partout où il allait. J'avais même entendu dire qu'il s'était déplacé à Paris, Milan, Venise et Rome pour la représentation de ses opéras, preuve incontestable qu'il incarnait à lui seul la musique de notre époque. J'aimerais un jour, avoir autant de renom qu'il en avait. Cela représenterait pour moi le sacrement ultime.
Deux coups brefs et stridents contre ma porte me tirèrent de mes pensées et j'autorisai la personne à entrer. Mon visage s'éclaircit en un sourire lorsque je reconnu Salieri, vêtu de couleur sombre, comme à son habitude, l'air strict et les mains croisées dans le dos.
- Maestro Salieri quel plaisir de vous voir! Je vous en pris asseyez-vous, mettez-vous à l'aise.
Il s'avança vers une des chaises que je lui indiquais, sans dire un mot.
- Puis-je vous suggérer de retirer votre veste afin d'être installé plus confortablement?
Il déclina mon offre en rajustant son col, le regard impassible et le visage serré. J'aurais au moins essayé, pensais-je.
- Qu'est-ce qui vous amène?
J'espérais intimement qu'il me réponde qu'il avait beaucoup apprécié la soirée d'hier et qu'il aimerait passer plus de temps en ma compagnie afin d'en apprendre plus sur moi, mais je me doutais bien qu'il ne l'admettrait jamais. Je ne savais même pas s'il se rendait compte au fond de lui de sa véritable nature, qui me sautait pourtant aux yeux. Peut-être étais-je le seul à avoir remarqué son petit penchant pour les hommes. Évidemment, si lui-même n'osait pas se l'admettre ça en devenait vite compliqué. Il se racla la gorge et sortit une lettre de la poche intérieure de sa veste, qu'il me tendit.
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Victime de ma victoire
FanfictionIl était frivole, excentrique , désinvolte et quelque peu insouciant, une joie de vivre évidente et communicative, porté par un seul et ambitieux rêve. Un jeune homme libertin, qui méprisait la société et se jouait de tout, passant son temps à rire...