Chapitre 13

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Pdv Antonio Salieri:

Deux mois plus tard,

Je montai les marches du palais rapidement et me pressai de rejoindre mon bureau. Le soleil brillait déjà dans la clarté du matin et la brise était plus légère. Depuis plusieurs semaines maintenant, ma routine de travail avait été bien modifiée. J'arrivais moins tôt et consacrais le restant de la matinée à former mes élèves. Après le repas, je rejoignais Mozart en salle de composition et nous passions l'après midi tous les deux, à composer. C'était agréable de pouvoir partager sa passion, et cela l'était encore plus de la partager avec lui et sa bonne humeur. Il était toujours très enjoué, et malgré le fait qu'il passait les trois quarts de son temps à faire des plaisanteries ou à raconter des anecdotes sur sa vie, j'étais plutôt productif dans mon travail. Il me donnait des coups de mains lorsque j'en avais besoin et parfois, je l'écoutais pendant de longues minutes improviser des mélodies au piano. Je passais ainsi de merveilleuses journées.

D'un point de vue moins professionnel, ma relation avec Therese avait également bien évoluée. Elle avait emménagé chez moi et nous préparions notre mariage, qui devait avoir lieu dans deux semaines. J'avais l'impression de me rapprocher d'elle chaque jour un peu plus, bien que je ne sois toujours pas très certain de mes véritables sentiments pour elle.

Je recevais ce matin une nouvelle soprano, que j'avais sélectionnée pour participer à mon prochain opéra. Je ne la connaissais pas vraiment, mais il se trouvait qu'elle était engagée au Théâtre Impérial et on m'avait parlé d'elle comme d'une personne prodigieuse et doté d'un réel talent. J'avais donc accepté de la rencontrer afin de discuter d'un potentiel rôle qu'elle pourrait obtenir. Lorsque j'arrivai devant mon bureau, elle était déjà présente et m'attendait calmement sur une chaise, perdue dans ses pensées. Elle était très élégante et je pouvais ressentir l'immense grâce qui s'échappait de sa personne. Je n'avais pas besoin de lui parler pour sentir qu'elle était la personne qu'il me fallait pour mettre en scène mon prochain opéra.

- Maestro Salieri, c'est un honneur. Je suis mademoiselle Nancy Storace, enchantée.

Elle me tendit la main et je l'attrapai doucement pour l'embrasser. Sa voix était douce et calme. C’était exactement ce que je recherchais. Je lui ouvris la porte de mon bureau et l'invitai à prendre une place assise, afin de discuter de ce fameux rôle qu'elle convoitait.

- Vous souhaitez interpréter le personnage principal c'est bien cela?

- Oui c'est exact. Jouer dans l'une de vos oeuvres serait pour moi, un immense privilège et une chance unique.

Je lui adressai un sourire et lui proposai de me faire une démonstration de ses capacités. Elle accepta sans hésiter et je partis me placer au piano pour l'accompagner. Sa voix était très harmonieuse et très touchante, elle s'accordait parfaitement avec la mélodie que je jouais et je ne mis pas très longtemps à prendre une décision.

- Mademoiselle Storace, j'accepte de vous donner le rôle. Soyez présente aux répétitions et je ferai en sorte de mettre votre talent à juste profit.

Elle me remercia grandement et quitta mon bureau, un sourire immense sur le visage. Les rumeurs à son sujet se confirmaient et je ne doutais pas que mon opéra, associé à sa voix, serait un nouveau succès.

La matinée avait suivit son cours tranquillement et j'étais en route pour la salle de composition, afin de rejoindre Mozart qui devait déjà s'y trouver. Je pouvais déjà entendre le clavecin résonner et je reconnaissais là, le style si particulier de l'autrichien. J'entrai dans la pièce sans prendre la peine de frapper et déposai mes dossiers sur une table qui se trouvait sur ma droite. Mozart s'arrêta immédiatement de jouer et se leva pour venir me saluer.

Victime de ma victoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant