Chapitre 23

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Pdv Wolfgang Amadeus Mozart:

Avril 1784

Je regardais mon fils qui était tranquillement endormi et parfaitement apaisé. C'était une sensation totalement incroyable et indescriptible. Il était en bonne santé, ce qui me remplissait de joie. Il allait pouvoir grandir et avoir une vie normale.

Je me relevai de la chaise sur laquelle j'étais assis et quittai sa chambre, ne voulant pas le réveiller. Je venais seulement de rentrer du palais et la nuit était déjà bien avancée. Il ne me restait que quelques heures pour me reposer un maximum. À ce rythme là, mon corps allait rapidement avoir du mal à suivre le rythme et j'allais finir par tomber de fatigue et de surmenage, mais pour le moment tout ce qui comptait, c'était la réussite de mon opéra. Je voulais faire des Noces de Figaro une véritable révolution.

Nous arrivions à trois mois des répétitions. Sur les quatre actes que contenaient la pièce, nous en avions déjà terminé deux. Le troisième n'avait plus qu'à être finalisé. J'étais impatient de pouvoir commencer les répétitions, suivis des représentations. Je regagnai ma chambre, constatant que Constance était-elle aussi endormie depuis longtemps. Me sachant très occupé, elle ne prenait plus le temps d'attendre mon retour en fin de journée. Elle préférait se reposer. Je la comprenais parfaitement. Je retirai rapidement ma veste et ma chemise pour me glisser sous les draps. Malgré toute la fatigue que j'accumulais, j'éprouvais toujours d'immenses difficultés à trouver le sommeil et parfois, je restais à regarder le plafond pendant plusieurs heures. Ne m'endormant toujours pas, je finissais par me lever et retourner directement au palais sans avoir pu trouver quelques minutes de répit.

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Je me réveillai seulement trois ou quatre heures plus tard. Les premiers rayons de soleil ne perçaient pas encore les nuages et il était temps pour moi de reprendre le chemin du palais. MmÉtrangement, je trouvais une immense satisfaction à me déplacer si tôt dans la journée alors que les rues étaient vides et que l'obscurité surplombait encore la ville, cédant progressivement sa place aux premières clartés matinales. Je comprenais alors tout l'intérêt qu'avait vu Salieri lorsqu'il se levait si tôt pour se rendre au travail. Sans doute trouvait-il également une certaine satisfaction à observer Vienne s'éveiller.

En parlant de Salieri, cela faisait maintenant plusieurs mois, pour ne pas dire trois mois, que je ne l'avais pas vu. À vrai dire, je ne l'avais même pas entraperçu et j'avais l'impression qu'il avait totalement disparu. Personne ne parlait de lui, son nom n'occupait plus du tout les esprits. Il me manquait énormément. Je n'aimais pas le fait qu'il puisse me manquer puisqu'après tout, son comportement avec moi n'avait pas toujours été très correct, mais de façon globale, j'appréciais sa présence. 

Il était l'un des seuls compositeurs avec qui j'avais l'occasion d'échanger en tête à tête régulièrement et à présent, il n'était plus que fantôme. J'en venais même à me demander s'il n'était pas encore partit en tournée quelque part ou si, il ne travaillait pas chez lui à présent. 

Même Rosenberg, son fidèle acolyte, était étonnamment discret. Lui qui avait pour habitude de toujours venir perturber mon travail, je ne le voyais que rarement et à chaque fois, il était totalement désintéressé. Comme si ma présence ne le préoccupait plus et qu'il avait d'autres choses en tête. Ce n'était pas plus mal au bout du compte, cependant je ne pouvais m'empêcher de trouver cela un minimum suspect. Après tout, il restait fidèle à lui-même et Dieu seul sait ce qu'il pouvait bien encore être en train de manigancer. 

Je montai les marches du palais quatre à quatre et ouvris les deux portes d'un mouvement de bras, pénétrant à l'intérieur du bâtiment. Je restai stoïque face aux personnes qui se trouvaient devant moi. Alors que je me demandais justement ce qu'il pouvait bien être en train de devenir, il se trouvait juste là, devant moi, en compagnie d'Aloysia Weber, que je n'avais pas revu depuis qu'elle avait emménagé dans un appartement au centre de Vienne, il y a quelques semaines. Ils étaient tout deux côtes à côtes, en train d'examiner ce qui me semblait être une partition. Ils avaient l'air étrangement proches et je n'aimais pas ce que je voyais.

Victime de ma victoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant