Chapitre 21

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Pdv Wolfgang Amadeus Mozart:

Je me décidai enfin à remettre les pieds au palais, après une semaine de convalescence et de réticence. J'avais peur d'être confronté aux personnes qui avaient menacé mon existence et je craignais qu'elles ne décident de tenter une seconde fois de m'empoisonner. Bien que remis, mon corps et mon organisme restaient relativement faibles et je craignais de ne pas survivre à une autre attaque. D'autant plus que la précédente avait échouée. Le coupable ferait certainement bien plus attention sur la quantité à utiliser.

J'escaladai les marches à toute vitesse et traversai les couloirs tête baissée, ne voulant croiser le regard de personne. J'avais juste envie de m'enfermer dans mon bureau et de me consacrer à la composition des Noces de Figaro. Seule la musique m'offrait une échappatoire à ce triste monde dans lequel on préférait se débarrasser de nos ennemis plutôt que de les surpasser.

J'arrivai enfin devant mon bureau et ouvris la porte rapidement pour y pénétrer sans me faire remarquer par quelqu'un qui pourrait passer dans le couloir. Je m'appuyai contre le mur en soufflant, heureux de n'avoir croisé personne. Lorsque je rouvris les yeux, mon coeur manqua un battement et je faillis presque m'effondrer lorsque j'aperçu Salieri, à moitié assis sur mon bureau, le livret de Lorenzo entre les mains, en train de me regarder l'air pensif. Je déglutis et essayai d'afficher un air le plus sérieux possible. Je n'arrivais toujours pas à me faire à l'idée qu'il avait pu être au courant de ce que le coupable préparait et qu'il ne m'ait jamais rien dit à ce sujet. C'est à croire qu'il souhaitait lui aussi ma perte.

- Que faites vous là?

J'avais employé un ton monotone qui lui indiquait qu'il n'était plus le bienvenu ici. Pas après ce qu'il avait osé faire derrière mon dos. Il baissa les yeux sur le livret qu'il était en train de lire et le referma en le reposant délicatement sur le dessus du bureau. À l'endroit exact où je me rappelais l'avoir laissé. Éternelle maniaquerie. 

- Je lisais le livret de votre nouvel opéra. C'est très prometteur.

- Vous pensez sincèrement que c'est le moment idéal pour me faire des compliments? Je suis déjà au courant de cela merci.

Je m'approchai et le contournai afin de déposer ma veste sur le dossier de mon fauteuil.

- Au cas-où vous ne l'auriez toujours pas remarqué, vous n'avez rien à faire ici et même si c'était le cas, vous n'êtes de toute évidence plus le bienvenu. Je vous invite donc très gentiment à sortir d'ici le plus rapidement possible.

Il se redressa et effectua un faible demi-tour afin de me faire face.

- Avant que je ne m'en ailles, puis-je m'expliquer.

Je pouvais lire dans ses yeux qu'il était sincère et qu'il manifestait le réel désir d'éclaircir la situation. Après quelques secondes, je finis pas lui adresser un signe de tête pour qu'il s'exécute en m'asseyant sur mon fauteuil. 

- Vous avez plutôt intérêt d'être convaincant Salieri.

Il me remercia d'un regard et prit place en face de moi afin d'être plus à l'aise.

- Je vais reformuler mes aveux de la dernière fois. Je sais qui vous a empoisonné, oui, et j'étais indirectement au courant qu'il prévoyait de le faire. Seulement, c'était il y a plusieurs mois et comme il ne s'était rien produit, j'ai fini par oublier l'existence de cette bouteille.

- Qu'est ce que vous sous-entendez par, j'étais indirectement au courant?

Il joignit ses mains devant lui et ancra son regard dans le mien. Peut-être était-ce là une façon pour lui de me montrer qu'il disait la vérité.

Victime de ma victoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant