Chapitre 31

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Pdv Constance Mozart:

27 mars 1786

Je quittai la chambre de mon fils qui venait de s'endormir, tout comme Johann, et refermai la porte doucement. Wolfgang n'était pas là. Cela faisait maintenant un peu plus de 3 semaines qu'il passait ses journées en répétitions pour sa représentation de l'Enlèvement au Sérail qui devait avoir lieu après demain. Je dois dire que j'étais assez impatiente d'y assister. La Cour et le public viennois avaient toujours adoré cet opéra. J'espérais qu'après cela, il reçoive beaucoup de commandes qui nous permettraient à nouveau de vivre convenablement. 

Je n'entendais pas par là que nous étions dans de mauvaises conditions de vie, au contraire, c'était extrêmement généreux de la part de Therese et Antonio de nous offrir l'hospitalité depuis si longtemps. De plus, c'était très convivial de vivre tous ensemble et nous ne nous ennuyions jamais, mais je devais avouer qu'avoir mon propre chez moi me manquait. 

Cela nous offrait plus d'intimité et de temps à autre, plus de calme. Bien que la majorité du temps, l'ordre régnait parfaitement chez les Salieri et nous réussissions toujours très bien à cohabiter.

Je descendis les escaliers et arrivée dans le hall, la porte d'entrée s'ouvrit en même temps, laissant apparaître Antonio, qui devait rentrer de sa journée de travail. Il me salua et je lui adressai un faible sourire.

- Wolfgang n'est pas avec vous?

Il est vrai que j'aurais eu tendance à croire qu'ils arriveraient ensemble ce soir. En effet, depuis que mon mari travaillait sur ses répétitions, il lui arrivait souvent de rentrer en compagnie d'Antonio. Ainsi, ils faisaient le trajet ensemble et discutaient. 

- Non, je l'ai croisé en partant et il semblait avoir prit un peu de retard dans les répétitions. Il devrait arriver dans une petite heure si tout se passe bien.

Je le remerciai et d'un signe de tête, il m'indiqua de le suivre jusque dans une annexe de la salle où le piano était installé et où Wolfgang et Aloysia avaient répété. Je m'exécutai et pris place sur l'une des chaises, comme il m'autorisa à le faire. Il finit par faire de même et posa doucement son regard sur le mien en sortant une enveloppe de sa veste.

- J'ai réussi à vous trouver ceci pour la représentation de votre mari.

J'attrapai l'enveloppe qu'il me tendait et l'ouvris prudemment afin d'en découvrir son contenu. 

- Des places en tribunes d'honneur? constatais-je surprise.

Il hocha la tête et se pencha vers moi. À l'origine, j'avais prévu de m'y rendre en tant que simple spectatrice et donc, de rejoindre les rangs réservés au peuple viennois. Il fallait dire que nous n'avions pas d'argent, je n'avais donc pas les moyens de m'offrir mieux et Wolfgang disait que du moment que j'étais dans la salle, cela lui convenait parfaitement.

- Il y en a deux. Une pour vous et l'autre pour votre fils. 

Je les regardai plus attentivement et me demandai comment il avait fait pour les obtenir. Certainement les avait-il achetées.

- C'est très gentil Antonio, mais il ne fallait pas, ça me gêne beaucoup. Ce genre de places coûte une fortune.

- Ne vous en faîtes pas, ça me fait plaisir. Je n'allais pas vous laisser prendre place au milieu de la fosse pour un tel événement.

- Je ne suis même pas certaine d'avoir une tenue un minimum convenable pour assister à cette représentation en tribune d'honneur. Croyez-moi, je serai plus dans mon élément au milieu du peuple.

Victime de ma victoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant