Chapitre 30

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Pdv Antonio Salieri:

N'entendant plus le piano ni la charmante voix d'Aloysia, j'en conclus que le repas n'allait pas tarder à être servi et repliai les dossiers que j'avais ouverts sur mon bureau.

À peine avais-je terminé de le faire que Giovanni frappa doucement contre la porte pour m'annoncer qu'effectivement, j'étais attendu dans la salle à manger et qu'Isabella était prête à apporter les plats. Isabella était l'une de mes employés au même titre que Giovanni et Louisia. J'en avais cinq en tout, tous d'origines italiennes, et tous possédaient une chambre et une salle de bain dans la maison. 

Fabrizio, le cuisinier.

Giovanni, le majordome.

Louisia, la gouvernante.

Maria, la femme de chambre et de ménage.

Isabella, qui préparait la table et s'occupait du service. 

J'avais pour chacun d'entre eux un immense respect et ceux-ci travaillant pour moi depuis de nombreuses années, ils me connaissaient à présent très bien. 

Je regagnai la salle à manger et constatai que tout le monde était déjà présent et qu'ils n'attendaient plus que moi. En outre, je pouvais sentir les regards oppressants de Mozart et d'Aloysia qui étaient rivés sur moi. Je ne sais pas ce qu'ils préparaient tous les deux, mais ça ne m'annonçait rien qui vaille. Je préférais autant ne pas m'en mêler.

Je m'installai entre Constance et son époux, qui étonnamment ne s'étaient pas placés côte à côte. En face de moi se trouvait Therese et à sa gauche Aloysia, elle même assise à côté de Mozart. Je n'aimais pas les tables rectangulaires alors il s'agissait donc d'une table ronde. Ainsi, chacun pouvait voir tout le monde et parler avec qui il le souhaitait sans gêner son voisin. Certains diront que c'était encore là l'une de mes habitudes étranges, au même titre que ma fâcheuse tendance à préférer lorsque tout était parfaitement rangé. 

D'un mouvement de tête, je signalai à Giovanni que nous étions prêts à commencer et il partit aussi vite prévenir Isabella d'apporter l'entrée. Quelques minutes plus tard, elle fit son apparition et comme à son habitude, Mozart ne manqua pas de la scruter et de la complimenter. Il ne pouvait vraiment pas s'en empêcher. Déjà qu'il fréquentait Louisia, je me demandais s'il n'y avait pas une seule femme à Vienne qu'il n'ait pas tenté de séduire. Je lui avais pourtant interdit de toucher aux membres du personnel mais comme toujours, il s'en moquait.

- Dites moi maestro, comment trouvez vous ma sublime belle soeur dans ce nouveau rôle?

Je ne pris pas la peine de tourner la tête vers Mozart pour lui répondre puisque je savais d'avance qu'il allait me provoquer du regard. Il le faisait exprès. C'était évident que j'allais avoir droit à ces petites réflexions au sujet d'Aloysia tout le long de la soirée.

- Sublime, comme à son habitude.

Du coin de l'oeil, je pu l'apercevoir sourire en coin et adresser un coup de coude à sa belle soeur. Mieux valait rester courtois et attendre qu'il se lasse tout seul.

Je relevai les yeux et en face de moi, j'aperçu Therese qui me regardait malicieusement et qui, après avoir soutenu mon regard plusieurs secondes, baissa la tête en rigolant. Je savais pertinemment ce qu'elle avait derrière l'esprit et cela m'arracha également un sourire.

- Sachez que je suis très déçu de vous Salieri. Je pensais que vous viendriez nous voir pendant nos répétitions d'aujourd'hui. Vous qui appréciez tant ma musique et adorez tellement me regarder jouer. 

Victime de ma victoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant