Pdv Constance Mozart:
Nous avions tout perdu. Du jour au lendemain, le rêve s'était transformé en un véritable cauchemar.
Les noces de Figaro avaient reçu un succès croissant depuis leur première représentation, mais à l'issue de la huitième, tout avait été annulé, brusquement. Une grande partie de la noblesse et de la bourgeoisie n'avait pas compris l'oeuvre et l'avait délaissée.
L'empereur, ne voulant pas créer un scandale général, avait donc, sous les conseils avisés de l'intendant Rosenberg, annulé l'opéra.
Nous n'avions plus rien.
Suite à cet échec et à la confusion que Figaro avait laissée dans les esprits, Wolfgang ne recevait plus aucun salaire et en raison de ses nombreuses dépenses, qui avaient été parfois bien trop excessives, nous n'avions plus les moyens de continuer à vivre de cette façon.
Nous avions dû vendre tout nos biens et mon époux avait été forcé de quitter son bureau au palais. Nous nous retrouvions complètement seuls, dans un vieil appartement qui contenait tout juste assez de place pour nous trois.
Karl étant encore très jeune et allant accoucher dans quelques mois, j'avais peur. Lorsque je regardais l'avenir, je ne voyais plus rien et je n'arrivais pas à envisager mon fils grandir dans cette situation. Il fallait que nous trouvions une solution le plus rapidement possible.
Dans mon état, il m'était impossible de trouver un emploi et malgré tous les efforts de Wolfgang pour tenter de décrocher à nouveau des importantes offres d'emploi, il ne parvenait à rien. Plus personne ne souhaitait recevoir ses services.
Nous étions ruinés. Totalement ruinés et dans une misère effroyable. Il ne semblait n'y avoir plus aucun espoir.
Wolfgang passait ses journées devant l'unique bien qui restait en sa possession, son piano. Parfois, il jouait pendant des heures sans s'arrêter. Sans cesse des airs tristes et rempli d'amertume, reflétant l'état d'esprit dans lequel il se trouvait.
J'osais à peine imaginer ce qu'il pouvait ressentir. Il avait été trahi par un public qui l'avait acclamé et même l'Empereur, qui lui avait pourtant témoigné son soutien à de nombreuses reprises, avait fini par le poignarder.
Quant à Lorenzo, il était également très affecté par ce changement de position si brutale des viennois, cependant, il avait perdu beaucoup moins que nous. Il restait le poète impérial et un homme respecté.
Ses livrets étaient toujours autant demandés et je ne comprenais pas pourquoi le sort se déchaînait ainsi sur mon époux. Lui qui s'était donné tant de mal, il était à nouveau trahi et complètement à terre.
L'unique chose qui nous restait, c'était l'amour que nous nous portions mutuellement.
En cette fin novembre, les moments de soleil était rare à Vienne et alors que les derniers rayons s'éteignaient au milieu de l'après-midi, je me décidai à aller constater de l'état de mon mari.
Cela faisait plusieurs jours qu'il ne dormait plus ou très peu. Il passait ses nuits contre son piano, à rêver de jours meilleurs, une bouteille d'alcool à proximité de la main. Je détestais le voir si triste et déprimé, lui qui avait toujours de la bonne humeur à transmettre.
Je priais chaque jour pour qu'un miracle se produise.
Je m'avançai doucement près de lui. Il était assis au piano, une plume dans la main mais le regard totalement vide et perdu fixé devant lui. Ses bras reposaient sur le clavier et j'avais l'impression de ne plus reconnaître l'homme que j'avais face à moi. Il n'avait jamais été aussi mal.
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Victime de ma victoire
FanficIl était frivole, excentrique , désinvolte et quelque peu insouciant, une joie de vivre évidente et communicative, porté par un seul et ambitieux rêve. Un jeune homme libertin, qui méprisait la société et se jouait de tout, passant son temps à rire...