Pdv Wolfgang Amadeus Mozart:
Il était presque 21 heures lorsque je quittai le palais ce soir pour retrouver Constance. J'étais très impatient de lui annoncer le retour de Salieri, car je savais qu'elle se faisait une joie de le revoir. Je regagnai rapidement la villa, le froid me faisant accélérer le pas, et me précipitai dans la salle à manger, où mon épouse devait très certainement m'attendre pour prendre le dîner. Je m'approchai d'elle et lui embrassai le dessus de la tête, ce qui l'a fit sursauter, ne m'ayant pas entendu arriver. Elle m'adressa un large sourire et je pris place en face d'elle.
- Ma chérie, j'ai de bonnes nouvelles à t'annoncer.
Elle me regarda, l'espoir plein les yeux, et je retombais une nouvelle fois sous son charme. Cette femme était décidément splendide et pleine de qualités.
- Le maestro Salieri est de retour à Vienne. J’aurais aimé de le dire hier, mais tu dormais déjà quand je suis rentré alors j'ai dû attendre ce soir. Il a même accepté de prendre SüBmayr comme élève, c'est formidable!
- Penses-tu qu'il avait reçu toutes mes lettres?
J'hésitai un instant à lui répondre, ne connaissant pas la réponse. S’il les avait réellement reçues, il aurait certainement pris la peine d'y répondre, or Constance venait à l'instant de me confirmer qu'il ne l'avait pas fait, ce qui aurait été cruel s'il les avait vraiment lues.
- Tu pourrais peut-être lui demander par toi-même. Que dirais-tu si je t'emmenais au palais avec moi demain? Tu aurais l'occasion de discuter avec lui.
Elle me regarda, ravie, et accepta ma proposition sans hésiter. Je ne comprenais toujours pas cette pseudo amitié avec Salieri, mais si cela lui faisait plaisir alors je le faisais sans regrets.
- Il faudra tout de même un jour m'expliquer pourquoi tu éprouves tant d'affection pour Salieri.
- Il me touche énormément. C'est un homme triste et je pense qu'il a grand besoin d'une amie pour le soutenir et lui rappeler qu'il n'est pas seul dans son combat.
Et encore, à qui le disait-elle? Je savais beaucoup des souffrances et des tourments de Salieri. Il s'était montré violent avec moi pour une toute petite lettre que j'avais eu le malheur de déplacer. Je me rappelais très bien de cette journée. Malgré tout, elle avait raison, Salieri était un homme compliqué à cerner, mais très attachant si l'on voyait au delà de son apparence froide et insensible. Je me souvenais que cela m'attirait énormément chez lui à l'époque.
Le lendemain, j'honorai ma parole et emmenai Constance avec moi au palais. Elle était de très bonne humeur et cela faisait plaisir à voir. Je réussis à lui obtenir sans trop de difficultés un droit de passage dans l'aile ouest et nous arrivâmes devant le bureau de Salieri, d'où une mélodie s'échappait. On pouvait reconnaître très facilement la musique d'un homme tourmenté. La souffrance s'échappait de ses notes, mais se mêlait à la fois à une pointe d'audace et de ce qui me semblait être du mépris, une haine violente et profonde. Il était épatant. J'aimais et appréciais toujours autant sa musique, son talent était incontestable et je réalisais qu'il était sans conteste le seul Maître de Chapelle dont Vienne avait besoin. Malgré mes dons incroyables pour la musique, je n'avais pas son autorité, son expérience et son professionnalisme.
Je frappai deux fois à la porte, m'en voulant énormément de le déranger alors qu'il avait enfin repris le travail, mais je ne pouvais pas faire attendre mon épouse plus longtemps. Le piano s'arrêta brusquement et la poignée de la porte s'enclancha avant que celle-ci ne s'ouvre, laissant apparaître un Salieri visiblement plus en forme que la veille. Son visage semblait plus reposé et ses traits moins tirés, mais le vide continuait d'émaner de tout son être. Il se décontracta légèrement quand il aperçu Constance, qui ne pouvait plus retenir son sourire étincelant.
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Victime de ma victoire
FanfictionIl était frivole, excentrique , désinvolte et quelque peu insouciant, une joie de vivre évidente et communicative, porté par un seul et ambitieux rêve. Un jeune homme libertin, qui méprisait la société et se jouait de tout, passant son temps à rire...