Pdv Wolfgang Amadeus Mozart:
- Reposez ça tout de suite à sa place Mozart.
Je sursautai à l'entente de cette voix sèche et relâchai d'un seul coup le petit carnet, qui s'écrasa à nouveau contre le bois du cercueil. Je déglutis et me retournai lentement en direction de la provenance de la voix. Salieri se tenait entre les cloisons qui séparaient les deux espaces de la pièce et me regardait d'un air dur et assassin, les mains croisées derrière le dos et une posture menaçante. Cette fois c'était sûr, j'étais mort.
Je fis quelque pas vers lui, prêt à inventer toutes sortes d'excuses pour tenter de m'innocenter en exposant des circonstances atténuantes, bien que je savais d'avance que cela ne servirait à rien.
Alors que je me dirigeais vers lui, son regard se perdit derrière mon épaule et en me retournant, je constatai qu'il était posé sur la peinture à l'image de Florian. Presque instantanément, son regard s'était adoucit et il était devenu moins austère et plus détendu, comme s'il n'était plus d'humeur à me réprimander. Je me stoppai dans ma progression et il fit quelques pas pour me contourner et avancer vers le mur qui portait le portrait.
Je l'observai un moment alors qu'il semblait être complètement absorbé par l'image de Florian. Après de longues et interminables secondes, il prit soin de replacer correctement le journal à sa place et referma d'un geste las le couvercle du cercueil. Il retira la clé et comme s'il s'agissait d'une sorte d'automatisme, il la replaça au centre de la table. À l'endroit exact où je l'avais prise. Il avait cette drôle de façon de tout remettre exactement à sa place. Comme si chaque millimètre avait été mesuré précisément et que chaque détail avec une lourde signification. J'étais persuadé que la disposition de tous les objets qui se trouvaient dans cette pièce n'avait rien d'hasardeux et que tout était indirectement voulu et recherché. Il y avait de lourdes connotations sur son passé dans cette pièce. On aurait presque dit qu'il avait reproduit l'histoire de sa vie à travers un assemblage d'objets et de meubles et que tout était disposé de façon parlante pour lui.
Si ce n'était pas aussi troublant et déstabilisant et que l'atmosphère n'était pas aussi angoissante et macabre, on aurait presque pu penser que cela relevait d'un incroyable génie. C'était assez perturbant de voir à quel point il fallait être au plus mal psychologiquement pour en arriver à fabriquer un tel endroit.
Après avoir reposé la clé, il hésita un moment et appuya sa main sur le dossier d'une des quatre chaises qui entourait la table, comme s'il essayait de rassurer quelqu'un qui n'était pas présent et attendait sur la chaise. Je ne savais pas exactement ce qu'il ressentait, mais une lueur étrange brillait dans ses yeux.
Il resta ainsi quelques secondes et se retourna pour admirer les lettres qui étaient disposées au pied du cercueil. Il y avait tellement de choses que je voulais lui demander mais malheureusement, je n'osais pas le faire.
- Vous les avez lues?
Il se retourna vers moi et je compris qu'il parlait certainement des enveloppes qui recouvraient le sol. Je hochai la tête négativement et il se retourna d'un mouvement saccadé.
- C'est bien. Vous avez bien fait.
Je me décidai à m'approcher doucement de lui et fis quelques pas pour m'arrêter à ses côtés. Malgré le fait qu'il se trouvait dans une pièce chargée de plein de souvenirs douloureux pour lui et dont il m'avait précisé qu'il ne voulait plus jamais revoir, il semblait étrangement indifférent.
- Maestro, loin de moi l'idée de paraître indiscret mais... vous ne trouvez pas ça légèrement étrange de conserver un cercueil vide dans sa propre maison?
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Victime de ma victoire
Fiksi PenggemarIl était frivole, excentrique , désinvolte et quelque peu insouciant, une joie de vivre évidente et communicative, porté par un seul et ambitieux rêve. Un jeune homme libertin, qui méprisait la société et se jouait de tout, passant son temps à rire...