Chapitre 26

170 22 26
                                    

Pdv Antonio Salieri:

Janvier 1786

Je me réveillai aux côtés de Therese qui me semblait être déjà tirée de son sommeil. Lorsque j'ouvris les yeux doucement, je pu l'apercevoir me regarder en souriant, la tête appuyée contre sa main surélevée par son coude. Elle était magnifique.

Le soleil brillait et je pouvais observer la couche de neige qui recouvrait chaque recoins de l'extérieur, me laissant penser qu'une fois de plus, il devait faire atrocement froid. Je préférais largement rester au chaud chez moi.

Mon dernier opéra sur le livret de Da Ponte ayant une fois de plus recueilli un immense succès, l'Empereur m'avait accordé un congé de deux semaines qui se terminait dans quelques jours. J'étais très heureux car cela me permettait de passer encore plus de temps avec mon fils et mon épouse. Celui-ci avait déjà 14 mois et je m'émerveillais chaque jour un peu plus de le voir grandir si vite.

- À quoi penses-tu comme ça?

Je lui adressai un sourire et lui attrapai les poignets pour la faire s'asseoir sur moi alors qu'elle riait doucement.

- J'étais en train de me dire à quel point je t'aime.

Elle me sourit en roulant des yeux et dégagea ses longs cheveux de son visage. Elle posa une main sur mon torse et je me redressai pour l'embrasser. J'entendis soudain un cri strident résonner à travers les couloirs et elle se décolla de mes lèvres en riant légèrement et en fixant le plafond pour écouter la conversation qui était entretenue un étage plus haut.

- Fais moins de bruit tu vas réveiller tout le monde enfin!

- Je me moque du sommeil de ces petits nobles! Tu m'avais promis!

Je laissai ma tête s'écrouler sur mon oreiller alors que Therese riait de plus belle en entendant les plaintes incessantes de l'énergumène qui se trouvait dans la maison.

- On dirait bien que ton ami est réveillé.

- Et il ne sait toujours pas rester discret, ajoutais-je désemparé.

Je me frottai le visage alors que Therese se décida enfin à se lever. Je l'imitai et m'habillai plus convenablement afin d'aller voir quel problème ils rencontraient cette fois-ci et qui nécessitait tout ce bruit. J'ouvris la porte et entendis des pas précipités dans l'escalier, avant de tomber nez-à-nez avec Mozart et sa femme. Ils habitaient chez moi avec leur fils depuis presque 10 mois maintenant. Je ne supportais plus de les voir vivre dans ce minuscule appartement et avec mon épouse, nous avions convenu qu'il était préférable de les accueillir. Cela n'avait pas eu l'air de les déranger et ils avaient pris leurs marques très rapidement. Peu de temps après, Constance avait fini par accoucher, mais sans grande surprise, l'enfant n'avait pas survécu. Fort heureusement pour eux, ils avaient toujours Karl, qui du haut de ses 2 ans et quelques mois, s'avérait être un enfant très appréciable.

Je me raclai la gorge face aux époux Mozart, qui semblaient surpris de me voir, et ils m'adressèrent un grand sourire,comme pour clamer leur innocence face à tout ce raffut.

- Maestro Salieri, quel plaisir de vous voir! Comment allez vous ce matin? La nuit a été bonne? Je présume que oui puisque madame Salieri à une voix des plus charmantes et il se trouve que malgré l'immensité des lieux, les murs ne sont visiblement pas très épais. Enfin bon, je vous pardonne. Après tout, ce n'est pas la première fois que vos petits ébats m'empêchent de dormir.

Je pu observer Constance donner un violent coup de coude dans les côtes de Mozart qui ne pouvait décidément pas s'empêcher de parler tout le temps et sans jamais s'arrêter.

Victime de ma victoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant