Je soignerai ton coeur de toutes les blessures

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Le souffle court, le coeur battant, le Gryffondor ressortit sa baguette et marmonna Episkey de nouveau, mais le professeur ne se réveillait pas. Episkey, Episkey ! Episkey !! Rien ne se passait. Harry commença à paniquer sérieusement. Et s'il ne se réveillait jamais ?
Oh mon dieu, faites qu' il se réveille !

Harry se demanda s'il devait ramener mme Pomfresh ici. Oh non, se dit-il, sinon on me demandera pourquoi j'étais avec Rogue et on croira que c'est moi qui lui ai fait ça ! Harry calma sa respiration et s'efforça de garder son calme. Il devait réfléchir clairement. Comment sauver Rogue ? Déjà, il fallait savoir comment Rogue avait été rendu dans cet état. Peut-être avait-il été stupéfixé ? Harry eut un éclair de génie. Il devait... Chercher un philtre régénérateur de Mandragore !
Mais oui ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ??

Cependant, il devrait expliquer à mme Pomfresh la raison du besoin que cette potion nécessitait à un élève. Et il devrait lui raconter pour Rogue. Et puis, s'il ne voulait pas être accusé du fait de s'être trouvé seul avec le professeur sous le Saule Cogneur en pleine journée, il devait lui parler de la carte du Maraudeur et... Non ! s'exclama Harry vivement. Hors de question. La carte du Maraudeur, c'était entre Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue et lui-même. Quoique trois des mauraudeurs sont à présent décédés... Ce n'est pas le sujet ! se raisonna Harry en sentant les larmes venir à ses yeux en pensant à son parrain, Sirius. Il devait trouver un moyen, quel qu'il soit, pour ramener Rogue conscient.

Oh, je sais ! s'écria Harry d'une voix goguenarde. Il se leva pour mimer un baiser sur les lèvres d'une princesse imaginaire qui se trouverait devant lui. Le baiser du prince charmant... Harry fit semblant de faire la révérence, et pouffa de rire tout seul.

Avant de se tourner et vérifier que Rogue ne le voyait pas.
En constatant que le corps du professeur était toujours immobile et son visage inconscient, Harry ressentit une pointe de soulagement. Qu'aurait-il pensé, quand même !

Harry reprit son sérieux et se pencha vers Rogue. Il posa sa tête sur le coeur du maître de Potions. Il était bien. La chaleur du corps du professeur l'enveloppant comme une couverture, faisant rempart à tous ses problèmes. Il aurait pu rester des siècles comme ça, allongé sur l'herbe, la tête sur la poitrine de Rogue...
Mais il se retourna et inspira doucement. Une douce senteur de cannelle et d'épices poivrées se dégageaient de son corps. L'odeur du bien-être et de l'amour, pour Harry.
Inconsciemment, il embrassa le torse couvert de la cape noire de Rogue et pressa ses lèvres sur le doux tissu. La cape de Rogue était elle aussi imprégnée de sa merveilleuse odeur...
Harry déposa un baiser timide à l'endroit du coeur du professeur. Peut-être la seule fois de sa vie où il en aurait l'occasion, une nouvelle fois...
Harry en était sûr, Rogue n'était pas mort. Son corps était chaud et s'il avait cessé de respirer, son corps serait bleu et froid. Pour confirmer ses dires, Harry sentit un battement pulser à travers le tissu de la cape du maître de Potions. Il était vivant !

Harry, fou de joie, se leva et contempla le corps du professeur avec amour. Pourvu qu'il mette du temps à se réveiller, pour qu'il puisse à loisir admirer le corps sur lequel il fantasmait secrètement. Il remarqua alors une griffure sur la main droite du professeur. Une vilaine griffure, et qui paraissait récente par la couleur du sang pas encore séché sur la peau pâle. Harry s'approcha et murmura Episkey, sort qu'il commençait à maîtriser à la perfection ! La blessure se referma immédiatement, sans laisser aucune trace. Mais Harry aperçut une autre griffure sur le poignet à moitié dissimulé par la manche du professeur. Il s'approcha plus près du poignet de Rogue et effaça la blessure d'un coup de baguette magique. Mais... Harry prit une inspiration et souleva la manche du professeur lentement. Il avait bien embrassé la poitrine de son professeur oui, mais là c'était différent. Il enlevait un vêtement au professeur. Et c'était peut-être une manche oui, mais c'était quand même un vêtement et Rogue était inconscient. On va m'arrêter et m'envoyer à Azkaban pour viol, railla Harry avec une pointe de sarcasme.
Il releva donc la manche de Rogue jusqu'à son coude et admira la peau pâle de l'avant-bras du professeur. Merlin, même son coude est magnifique, c'est pas possible, râla Harry. Comment se raisonner et chasser de son esprit les pensées amoureuses qui l'envahissaient quand il avait sous les yeux son professeur inconscient, à sa disposition la plus totale... il pourrait faire ce qu'il veut et jamais, personne n'en sautait rien... Oh ça suffit ! hurla Harry en se donnant une tape sur la main. Arrête avec ça !

Énervé contre ces impulsions amoureuses qu'il combattait chaque jour avec difficulté, Harry souffla bruyamment. Il pourrait juste embrasser Rogue là maintenant tout de suite, et personne ne le saurait jamais. Jamais. Ce serait si simple et en même temps divin... Mais non ! Ce n'était pas ce que Harry voulait au fond de lui. Car même si l'amour qu'il ressentait envers le secret professeur était passionné et incontrôlable, il ne voulait pas que la seule fois qu'il embrasse celui dont il était amoureux se fasse lorsque qu'il soit inconscient. Non. Il voulait un baiser consenti par Rogue, lorsque tous les deux étaient maîtres de leurs actions et conscients.

Ce ne serait pas bien.
Harry soupira d'un soupir empli d'amertume et de déception en se disant que le jour où Rogue l'embrasserait n'arriverait jamais.

Il tourna son visage vers l'homme qu'il aimait, car oui, il osait se le dire maintenant, Rogue était l'homme qu'il aimait.

Il pointa sa baguette magique vers le bras de Rogue et fit disparaître les coupures qu'il n'avait pas eu le temps de remarquer pendant ses profondes réflexions. Puis, il se posa des questions. Comment Rogue avait-il eu ces cicatrices partout sur ses bras et son visage ...?
Il contourna Rogue et releva la manche de l'autre bras pour effacer d'éventuelles blessures. Mais en retroussant la manche noire, Harry sursauta et sa baguette lui échappa des mains. La Marque des Ténèbres.

Harry savait que Rogue était Mangemort espion pour l'Ordre du Phénix. Mais la vue de ce tatouage sombre et effrayant qui serait éternellement sur le bras de celui qu'il aimait le glaçait.
Voldemort n'était pas mort et il savait que Rogue était un espion... Harry n'osait imaginer ce que Voldemort lui ferait subir... De terribles souffrances sans doute. Harry eut envie de serrer dans ses bras le héros au coeur d'or qui se trouvait devant lui mais... non, il avait dit qu'il ne le ferait pas.

Le Survivant prit une grande inspiration et essaya d'effacer la Marque des Ténèbres en lançant un Episkey ! sur la peau marquée au rouge vif. Au moment même où le jet de lumière bleu toucha la peau de Rogue, ce dernier sursauta et se releva brusquement en poussant des gémissements de douleur.

Harry, sonné, resta bouche bée devant le professeur qui ne l'avait pas remarqué et se tenait le bras sans réaliser qu'il était observé par l'Élu. La Marque était rouge sang, et pour cause, une abondance de sang s'échappait de la peau pourtant sans coupure du Mangemort. Rogue se tenait debout, une expression de pure souffrance animant ses traits, et Harry était toujours assis, sa baguette immobile tendue vers l'herbe à présent. Un mince filet de lumière bleue crépitait au bout de sa baguette, qu'il éteint en la secouant maladroitement. Il retint sa respiration pour ne pas se faire remarquer, sans avoir la présence d'esprit de se lancer un sortilège de Disparition ou de Désillusion. Ou de se couvrir de sa cape d'invisibilité, rangée dans sa poche. Alors Rogue se baissa et remarqua Harry. Il articula des mots indistinctement et ouvrit des yeux remplis d'effroi. Il fut parcouru d'un sursaut et essaya de s'enfuir en courant mais ses jambes ne le portaient pas. Il tremblait de partout et désormais dans ses yeux se lisaient la peur et la solitude. Il réessaya de partir mais il s'effondra sur l'herbe un peu plus loin de Harry. Ce dernier courut pour voir s'il était conscient ou s'il s'était évanoui de nouveau.
Il constata que le professeur s'était endormi et il l'allongea confortablement dans l'herbe en se placant à côté de lui. Avec Rogue, quoi qu'il arrive il était bien. Et il serait toujours là pour lui. Toujours.

Nos coeurs naissent des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant