Nos coeurs naissent des Ténèbres

Ceux à qui l'on tient vraiment

Harry, viens, j'ai quelque chose à te montrer !

La voix surexcitée de Ron mit fin aux doux rêves du Survivant, qui râla contre le réveil forcé que lui imposait son ami.

Allez, Harry ! Dépêche-toi !

Harry sortit avec difficulté du lit chaud et douillet si confortable et se frotta les yeux avec lenteur.
La sensation de l'air frais contre ses jambes lui donna un frisson. Harry se couvrit d'une robe de chambre rouge et or soigneusement pliée sur une commode sans se demander à qui elle appartenait et se jeta sur Ron, qui tomba à la renverse. Harry entreprit de chatouiller le ventre du rouquin, ce qui déclencha un fou rire chez ce dernier. Harry finit par rire à son tour, emporté par la bonne humeur de son meilleur ami.
Ron étouffa un éclat de rire et se releva avec rapidité. Il prit le poignet de Harry et l'entraîna vers la fenêtre de leur chambre. Harry aperçut la lueur malicieuse dans le regard de son ami disparaître tandis qu'il regardait par la fenêtre. Il suivit son regard, et découvrit un spectacle qui lui retira toute envie de rire.
Par la fenêtre, on voyait une partie du parc du château, la Forêt Interdite, dont les arbres immenses penchaient dangereusement comme une interdiction de pénétrer dans ladite forêt, et la cabane d'Hagrid à la lisière de la Forêt. La cabane était justement ce que regardait Ron. L'énorme chaumière accueillante était recouverte d'un drap magique qui flottait au-dessus du toit, et ce drap d'une couleur blanc-gris était orné de mots magiquement modifiés car ils étincelaient d'une lueur artificielle dans l'aube claire : les punitions du grand lord ne connaissent pas de fin.

Harry poussa un cri d'horreur en découvrant le message magique sur la cabane du gardien des clés de Poudlard. Pourquoi ce message affreux était-il inscrit au-dessus de la cabane de celui qui, pensait l'Élu, n'avait rien fait au Seigneur des Ténèbres ? Pourquoi Hagrid ?

Ensuite, Harry prit conscience du sens de la phrase. Les punitions du grand lord ne connaissent pas de fin.
Peut-être ce message était-il inscrit sur la cabane d'Hagrid, en tout cas Harry le prenait pour son propre cas.
Il ne connaissait qu'une personne qui subisse une punition exécutée par le Seigneur des Ténèbres : celui qu'il aimait. Severus. Et le message était explicite : la punition ne finirait jamais. Severus mourra avec cette punition, comprit l'Élu. Jamais il ne vaincra la punition de Voldemort.

Harry s'écarta lentement de la fenêtre, et sans prêter un regard à Ron, sortit précipitamment de la chambre.

Hé, Harry, attends ! Qu...

L'apostrophe de Ron n'eut aucun effet sur son meilleur ami, qui sortit de la Salle Commune sans regarder derrière lui. Une pointe de regret et de honte se faisait ressentir dans ses foulées rapides, mais... Il devait parler à son amant. C'était ce qui lui importait plus que tout. Quoique...

Harry stoppa sa course.
Pourquoi vouloir parler à Severus après tout ? Cela ne lui ferait que plus de mal ! Et s'il ne voyait jamais le message ? Dans ce cas, l'espoir que garderait Severus l'aiderait à ne pas sombrer et à vrai dire, le message qu'avait posté Voldemort sur la cabane d'Hagrid risquait plus de le décourager et de lui donner envie d'abandonner toute forme d'espoir qu'autre chose.

Harry résolut de ne rien dire à son amant, et d'essayer plutôt d'effacer le message magique pendant la journée pour que personne d'autre ne le voit, et fit demi-tour pour retourner près de Ron. Il traversa la Salle Commune à toute vitesse et poussa la porte de la Chambre sans un mot. Derrière la porte, Ron se tenait, avachi sur le sol, dans une position foetale. Ses yeux étaient vidés de toute expression et il ne disait rien. À l'instant, Harry sut que son ami ne faisait pas la comédie.

Ron, qu'est-ce qui se passe ??

La voix inquiète de Harry ne fit pas réagir Ron qui ne cilla pas.
Le brun secoua la main inerte de son ami, et hurla dans son tympan de toutes ses forces :