Quand nos regards ne se rencontrent plus

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- Avada Kedavra ! 

La formule hurlée par Harry atteint le Lord tout-puissant qui s'écroule en gémissant.

Son visage blafard perd de son humanité encore une fois mais semble seulement s'affaiblir.

- En-Endoloris ! lâche Harry en agitant sa baguette éperdument.

Le Lord pousse un rugissement terrible et se contorsionne sur place. Harry profite de ce contretemps pour rejoindre le corps immobile de son amant. 

L'épaule ensanglantée du professeur répand encore des traînées écarlates sur sa robe sombre.

Harry s'agenouille, et avant qu'il ne réalise ce qui se passe, des larmes fuient de ses yeux et s'échouent sur ses joues tremblantes.

Le visage éternellement impassible de son amour lui semble si douloureux.

Une tache de sang purpurine tache sa tempe et dévale en gouttes cruelles sur la peau que Harry chérit tant. 

Les yeux du professeur de Potions d'habitude emplis d'une tendresse infinie sont vides, comme si un étranger avait volé l'éclat qui animait son âme-sœur.

- S-Severus ?

Harry murmure le prénom qu'il aime tant du bout des lèvres, n'osant croire à l'impensable.

Le visage pâle comme la pierre de son aimé lui paraît soudainement la vision la plus cruelle du monde et ses jambes se dérobent à lui.

Ses larmes se perdent sur son cou et sur l'immense robe du professeur. D'un geste rageur, le jeune homme arrache sa paire de lunettes et lâche sa baguette. Ses doigts tâtent la nuque ensanglantée de Severus, parcourent l'emplacement de son cœur et ne sentent d'autre mouvement que celui de ses propres doigts sur le tissu froid.

- N-Non...

Harry a l'impression terrible que son propre cœur s'arrête de battre et que son corps se glace entièrement.

- S-Severus... Tu... Tu es encore là, hein ? 

Sa voix brisée s'échoue sur un corps qu'il comprend sans vie.

- Severus !! Tu n'as pas le droit ! Tu n'as pas le droit de m'abandonner ! Tu n'as pas le droit d-de me laisser là, vivre dans ce monde, sans toi je ne veux pas le vivre, tu comprends ?

Vivre n'a plus de sens si tu n'en es pas.

Allez, Severus, ce n'est même pas drôle, je déteste quand tu me fais marcher.

Tu vois, je ne ris même pas. Allez, vas-y, souris-moi, prends-moi dans tes bras, dis-moi que tu m'aimes, comme tu le fais toujours.

Harry cherche les mains de son amant et les trouve, glacées et grises comme la pierre.

Il les serre dans les siennes, et d'une voix cassée, laisse la vérité jaillir dans un flot de larmes amères.

- Alors c'est vraiment arrivé... On s'est séparés... 

Harry penche son visage et cueille un dernier baiser au goût de deuil au creux des lèvres gelées de son amant décédé.


Nos coeurs naissent des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant