Dans la douceur de tes bras

1.8K 107 7
                                    

Quod oculus draco !

La phrase magique réveilla instantanément la Grosse Dame qui laissa entrer Harry et Hermione dans la Salle Commune rouge et or.
Harry prit son amie par la main et la mena jusqu'à sa chambre, puis sans prendre la peine de frapper, ils entrèrent.

Le corps inanimé de Ron était toujours sur le lit, immobile. Harry sentit un frisson désagréable parcourir son échine et s'approcha du lit lentement, en veillant à ce qu'Hermione ne s'enfuie pas sur-le-champ à cause de la mésentente entre Ron et elle-même. Mais ses doutes se révélèrent infondés car la jeune fille, en voyant Ron, accourut auprès de lui avec empressement. Harry la regarda tâter le pouls de son ami fébrilement, vérifier sa respiration, lancer quelques charmes du bout de sa baguette, marmonner des formules à voix basse. Chacun des gestes de la jeune fille semblait spontané, naturel. Si elle en voulait à Ron d'une quelconque façon, elle n'en montrait rien et au contraire, avait l'air d'une personne soucieuse de la santé d'un mauvais portant.

Harry ne dit mot pendant un certain moment et resta debout, un peu gêné.
Hermione finit par s'écarter de Ron lentement, les épaules baissées.
Harry haussa les sourcils, et demanda d'une voix inquiète :

Alors ? Tu sais ce qu'a Ron ? Est-ce que c'est... un virus Moldu, une maladie courante, ou l'oeuvre d'un sorcier ?

Hermione s'assit avec lenteur sur le lit de Harry. Son visage baissé respirait la gravité mais demeurait impénétrable. Harry devinait ses pensées s'entrechoquer dans l'esprit occupé de sa meilleure amie.
Hermione garda le silence un moment, et Harry veilla à ne pas le briser. Cependant, après plusieurs longues minutes sans que l'un d'eux n'ait prononcé un seul mot, Harry finit par s'exprimer avec un quelconque agacement :

Bon, Hermione, je peux comprendre que tu aies besoin de réfléchir, de mesurer certains symptômes ou d'essayer de comprendre ce qu'a Ron, mais j'aimerais savoir ce qu'il a et si tu le sais, c'est vraiment déplacé pour toi de te taire comme ça pendant que je m'inquiète pour mon ami alors...

Hermione coupa son ami d'une voix qui trahissait sa colère imminente ; ses intonations furieuses montaient dangereusement dans les aigus :

Harry, je n'arrive pas à croire que tu penses que je... Oh, Merlin. Comment oses-tu penser que je saurais ce qui est arrivé à Ron, depuis tout à l'heure, et que je... Ne t'en informerais pas sur-le-champ ! C'est ça, l'image que tu as de moi, une amie dénuée d'empathie qui... Merlin, je vais m'énerver, je vais m'énerver. Oh mon dieu. Il faut que je me calme.

Hermione sortit de la chambre avec précipitation et claqua violemment la porte derrière elle. Harry resta, bouche bée, et réalisa qu'il avait blessée son amie bien plus qu'il ne l'aurait pensé. La Gryffondor allait se réfugier à la bibliothèque comme d'habitude, et y passerait ses journées le nez plongé dans un bouquin sans intérêt apparent.

En tout cas, se dit Harry, maintenant je n'ai plus aucun moyen de savoir ce qu'a Ron par le biais d'Hermione !
D'une façon lasse, le Survivant s'allongea sur son propre lit. Le parfum floral d'Hermione flottait encore sur les draps, là où elle s'était tenue quelques instants plus tôt. Harry chassa l'odeur en agitant un bras et fourra son nez dans l'oreiller. Des mèches rebelles vinrent chatouiller ses joues et il souffla dessus. Il faudra que je me coupe les cheveux, remarqua l'Élu. Je vais finir par ressembler à mon père, se dit-il en lâchant un rire amer.

Le brun pensa à son père, aux Maraudeurs, à Pettigrow, à son cher Sirius, et au professeur Lupin. Que de sacrifices avaient fait les amis de Remus pour lui ! Aujourd'hui, Harry se rendit compte qu'il doutait de ses amis les plus proches.

Nos coeurs naissent des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant