Je t'aime à tout enfreindre

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Cela faisait maintenant une semaine que Severus Rogue était à l'infirmerie. Mme Pomfresh avait refusé catégoriquement que Harry vienne voir le professeur, car elle jugeait son état trop critique. Il est entre la vie et la mort, disait-elle. Personne ne sait précisément quel est le mal dont il est atteint, alors mieux vaut ne rien tenter. Puis elle avait fixé Harry d'un air suspicieux, semblant se demander pourquoi un élève voudrait rendre visite à ce professeur honni de tous.

Omnibulé par l'état de son amant, Harry en oubliait de manger, et aux déjeuners, Hermione lui rappelait d'une voix faible qu'il devait s'alimenter. La jeune Gryffondor semblait très fatiguée. De profondes cernes se dessinaient sous ses yeux bruns, et son teint était blême et vitreux. Le sourire l'avait quittée sans raison, et elle avait subitement cessé de fréquenter ces pestes de Lavande et Parvati. Harry se réjouissait que son amie soit revenue à la raison car cela ne lui ressemblait pas de traîner avec des filles comme ça, mais le problème, c'était qu'Hermione avait cessé de traîner avec tout le monde. Elle ressemblait à un fantôme, errant dans les couloirs d'un air vide, passant ses soirées à la bibliothèque. Elle ne levait plus la main en cours, restait toute l'heure le nez plongé dans ses cahiers, et rougissait lorsqu'un professeur lui en faisait la remarque. Elle ratait toutes ses potions et le professeur Rogue de moquait fe Harry se serait désespéré de voir sa meilleure amie comme cela si l'état de son amant s'occupait pas l'espace de son esprit toute la journée. Le pire, c'est qu'Hermione faisait semblant d'aller très bien en sa compagnie. Elle lançait ses vannes qui tombaient à plat, et sa voie trop aiguë trahissait sa fausse bonne humeur.

Ron, quand à lui, fuyait immédiatement Harry lorsqu'il se trouvait en la présence d'Hermione. Lui aussi semblait éprouvé, personne ne savait pourquoi. Ses cheveux roux flamboyants avaient perdu de leur éclat, et avaient terni subitement. Ses yeux d'habitude brillants et vifs s'étaient assombris. Il répondait par monosyllabes lorsqu'on l'interrogeait, et sa voix enjouée s'était muée en murmure las. Encore une fois, Harry ne s'inquiétait pas autant qu'il aurait dû de l'état de son meilleur ami. À la place, il réfléchissait, seul, à Severus.
Ses pensées étaient entièrement consacrées au professeur. Jour et nuit, il se représentait Severus blessé, des coupures telles qu'il avait déjà pu voir sur lui la première fois que Voldemort lui avait infligée la punition. Il voyait le beau visage de son amant souillé de sang, couvert de larmes, ses magnifiques yeux noirs emplis de larmes, ses traits délicats et fins tordus en une expression de pure souffrance... Oh mon Dieu, se dit Harry. Je donnerais tout pour le voir.
Mais il ne pouvait pas. Et cela le déchirait. C'était la première fois que Harry aimait si profondément quelqu'un. Et dès lors que l'Élu se fit la réflexion qu'il serait prêt à tout pour celui qu'il aime, il comprit ce qu'il avait à faire.

À la tombée de la nuit, lorsque les élèves étaient tous dans leurs lits, Harry se leva silencieusement. Il posa ses lunettes sur son nez et tâtonna pour trouver sa baguette à l'aveuglette. Il la trouva, et franchit sans bruit la chambre qu'il partageait avec Ron. Le tapis glissa lorsqu'il posa ses pieds dessus, et il dut se rattraper à un meuble dans le noir, qu'il identifia comme une armoire. Le souffle court, Harry s'efforçait de faire le moins de bruit possible mais de toute façon, les ronflements de Ron auraient suffi à masquer les pleurs d'un hippopotame. Le brun s'arrêta devant sa robe de sorcier suspendue à un cintre. Il tâta à l'aveugle et sortit de la poche intérieure sa carte du Maraudeur et sa cape d'invisibilité roulée en boule. Le Survivant ferma les yeux et attendit que son coeur se calme un instant. Une bouffée d'adrénaline l'avait submergé un moment. C'était la première fois qu'il sortirait dans le château sous sa cape d'invisibilité sans avoir prévenu quiconque, ni Ron ni Hermione, et qu'il allait rendre visite à quelqu'un qu'il n'était pas censé voir.
En son for intérieur, il priait pour que les dangers d'une visite à l'infirme ne provoque pas de dommages. L'infirmière avait tellement insisté pour que personne ne rende visite au professeur que Harry se demandait si c'était finalement une si bonne idée.
Mais l'amour et l'impatience qu'il éprouvait mirent fin à ses questions et il franchit la porte de la chambre en silence.

Nos coeurs naissent des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant