Jusqu'à ce que le Soleil réduise tout en cendres

Chapitre 7 - De paradis et d'une étoile noircie

À la frontière entre le Sauvage et la forêt dorée.

*•*•*•*

Zed souleva le rideau de lianes. Le groupe de sorciers franchit la barrière entre les deux environnements et là, de l'autre côté du mur de végétation, ils étaient de retour au C.I.S.I.

La marche à travers la forêt dorée s'effectua dans le plus grand des silences. Chacun osait à peine respirer, tous étaient bouche-bée par le spectacle que leur offraient les feuilles toujours scintillantes dans les branches des majestueux arbres magiques, ceux-là même qui les avaient vu faire le chemin inverse trois mois plus tôt.

Une odeur familière flottait dans l'air. Celle de l'espoir et des possibles, de la jeunesse et de la santé. Elle seyait à merveille cette forêt auparavant plus lumineuse que toutes ses consœurs. Désormais, sans l'appui du soleil pour réfléchir les teintes mordorées qui sublimaient l'éclat envoûtant des feuilles volant au vent, la forêt ne reposait plus que sur ses propres pouvoirs.

Le tapis céleste d'étincelles mouvantes qui éblouissait autrefois les imprudents y abandonnant leur regard, émettait une lumière chaude et diffuse. Les voyageurs, ensorcelés, avançaient d'un pas aérien mais automatique.

De la lumière. Ils étaient entourés de lumière. Pour la première fois depuis trois mois, ils distinguaient leur environnement avec précision et au-delà du bout de leurs doigts.

— C'est le paradis ?

Interloqués, tous les regards convergèrent vers celui qui venait de s'exprimer. À l'arrêt, le regard ancré sur les milliers de feuilles virevoltantes dans le vent, le sorcier semblait vivre un rêve éveillé.

— Cahan ? s'étrangla Lumia. Tu parles ?

Heïna, déjà exaspérée par les paroles de la sœur de Zed, leva les yeux au ciel.

— Et le tact, tu connais ?

Cahan sourit, amusé que sa personne soit l'objet de tant de tension en si peu de temps.

— Oui Lumia, je parle. Mais seulement lorsque cela est nécessaire.

La jeune fille rougit et détourna la tête, mal à l'aise. Déterminée à ne pas s'emporter contre Heïna ni se laisser troubler davantage par l'énigmatique sorcier, elle reprit son chemin, sous le regard sceptique de son frère. Personne ne la suivit.

— Oublie ça, Cahan, lui conseilla Heïna. Tous les sorciers du nord ne sont pas aussi désagréables. Enfin, à mon souvenir.

Zed leva les yeux au ciel tout en s'autorisant un léger sourire.

— Allez venez, lança-t-il. On y est presque.

Le groupe se remit en marche et rattrapa Lumia qui s'était figée devant un endroit sans apparente singularité. Mais au sol, une étoile de feuilles carbonisées indiquait qu'il en était tout autrement. Spoty s'aperçut à son tour que quelque chose clochait. Il fronça les sourcils en ressentant une perturbation dans la circulation de l'énergie.

— C'est un trou de poussière dorée ? demanda-t-il.

Zed secoua la tête.

— C'en était un... La liaison n'existe plus. On dirait qu'elle a été volontairement désolidarisée.

— Ça ne présage rien de bon... murmura Heïna tout en se retenant de poser la question qui lui brûlait la langue.

— Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Lumia.

Cette étoile n'était pas anodine, Heïna en était presque convaincue. Mais elle ne perçut aucun soupçon de la part de ses camarades alors elle n'osa pas faire de réflexion.