Chapitre 12 - De gratitude et de sueur

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Quelque part au cœur des montagnes de la barrière de Mars.

*•*•*•*

— Y'a intérêt à ce que ce maudit tunnel se termine bientôt, maugréa Melwyn en jetant un regard peu rassuré sur la roche nous entourant.

Menant la marche, je souris dans l'obscurité.

— T'as peur qu'un monstre surgisse et décide de faire de toi son quatre heures ? la taquina Charly.

Inutile de me retourner pour savoir que Melwyn levait les yeux au ciel face à la puérilité des paroles du sorcier.

— Disons plutôt que je ne me sens pas à l'aise dans un endroit aussi confiné, rétorqua-t-elle. Mais je te fais confiance, Ethel, embraya-t-elle. Si tu as réellement trouvé ce que tu prétends... ça vaut bien que je surmonte mon appréhension.

Dans la quasi obscurité, j'expirai avec application, refusant de me laisser effrayer par les paroles de mon amie. Je savais qu'elles étaient bien intentionnées mais j'avais encore tendance à tout prendre trop à cœur. Chaque mot qui m'était adressé – et même ceux qui ne l'étaient pas – se gravait au fer rouge dans mon esprit et le hantaient souvent bien plus que nécessaire.

J'avais mis plus de temps qu'escompté pour retrouver mes amis. Lorsque je m'étais retrouvée à l'extérieur, l'orage s'était calmé mais il pleuvait toujours et tonnait encore. Un instant, j'avais cru que mon euphorie retomberait et que je me laisserais étouffer par l'étau qui enserrait ma poitrine devant l'impossibilité de la tâche que je m'imposais. Mais j'avais repensé à May, celle pour qui j'avais entrepris ce voyage insensé et à Thomas, en souvenir de qui je me battrais jusqu'au bout pour rétablir l'Équilibre, comme lui avait pensé du début à la fin faire le bien.

Je me devais de sauver mes amis. Je n'avais pas le choix. Cet impératif avait rendue infaillible ma volonté et mené mes pas à travers la forêt dégoulinante. Pendant des heures, je l'avais sillonnée, silencieuse, à l'affût du moindre mouvement, du moindre souffle sorcier.

Et puis j'avais manqué de me statufier sur place lorsque une masse informe avait dégringolé d'un arbre à quelques pas devant moi. Ce que j'avais d'abord pris pour un fruit d'une taille irréelle n'était autre Charly qui, en personne intelligente, s'était réfugié dans un arbre au beau milieu d'un orage.

Après lui avoir fait part de ma pensée à travers mon regard – pas besoin de mots, il lisait toujours dans ma tête sous prétexte que je pensais trop fort – nous nous étions remis en marche pour finalement tomber sur Melwyn et Eben, réfugiés sous une petite grotte semblable à celle dans laquelle j'avais trouvé refuge.

— Dis, Ethel, on est bientôt arrivés ? demanda à nouveau Melwyn.

— On s'en rapproche, ne t'en fais pas, tentai-je de la rassurer.

Je savais ce que c'était de ne pas être capable de donner sa confiance aux autres. Même lorsqu'on savait que l'on pouvait compter sur eux pour tenir leur parole. Le Néant m'avait rendue plus méfiante que je ne l'avais jamais été.

— Je vois la lumière ! s'écria Eben.

Charly pouffa.

— C'est bon Eben, calme-toi, t'es pas un illuminé à ce que je sache.

Le sorcier concerné répliqua en krusivmi, bien trop rapidement pour que je puisse saisir quoi que ce soit, mais je doutais qu'Eben
ait apprécié les paroles de Charly.

Jusqu'à ce que le Soleil réduise tout en cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant