Chapitre 25 - Du règne animal et d'une brûlure

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Quelque part dans une forêt, sur l'une des îles de Heard

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L'île semblait ne pas avoir subi le même sort que le reste du Dashgaïh. La végétation n'était certes pas flamboyante, mais elle accueillait encore une faune nombreuse et bruyante.

Zed ne comptait plus les pic-verts qu'il apercevait, Lumia couinait dès qu'un rongeur lui coupait la route, soit tous les dix mètres environ, et Spoty semblait en extase devant les centaines de sources d'énergies qu'il détectait. C'était à croire que tout le règne animal s'était donné rendez-vous sur l'île.

Le groupe crapahutait depuis cinq heures à l'aveuglette sous les épais feuillages de la forêt qu'ils avaient entrepris de traverser. Depuis la plage de galets, le sommet du volcan avait été visible, mais voilà longtemps que la troupe l'avait perdu de vue.  

Cahan et Heïna n'avaient pas prononcé un mot de plus après les retrouvailles, et Lumia leur jetait des coups d'œil réguliers, s'attendant à ce qu'ils disparaissent à nouveau à tout instant.

— Je suis fatiguée, se plaignit cette dernière, à la suite d'une ultime frayeur.

— Et moi je commence à avoir déraisonnablement faim, ajouta Spoty.

— On peut s'arrêter, si vous voulez, accepta Zed. De toute façon, je crains qu'on ait à dormir au milieu de cette forêt, alors maintenant ou plus tard, dans cette nuit éternelle, c'est du pareil au même.

— Bien dit, approuva Spoty.

Les mots de Zed avaient suffi à le revigorer, puisqu'un sourire retrouva domicile sur son visage et son pas s'accéléra. 

Le petit groupe choisit une petite butte qu'ils venaient de grimper pour se reposer et casser la croute. Il restait une poignée de fruits secs dans le sac de Spoty, et du pain plus que rassis dans celui de Zed. Un rictus de dégoût déformant son visage, Lumia sortit une pomme moisie de son sac. Cahan se rongeait les ongles et Heïna observait le tout sans afficher la moindre réaction.

— Je crois que l'on va devoir chasser notre propre nourriture... déduisit Spoty des odeurs peu ragoutantes qui embaumaient l'air.

— Effectivement, acquiesça Zed. Mais on peut d'abord essayer de récupérer ce que l'on a là.

Joignant le geste à la parole, il prononça sa formule et se transforma avant de demander à Lumia si elle voulait bien l'accompagner pour aller chercher du bois. Le visage de la petite Heïna s'éclaira alors.

— Moi aussi je veux faire du feu ! s'écria-t-elle.

Ignorant les regards interloqués que s'échangeaient le frère et la sœur, la jeune sorcière s'élança à leur poursuite.

Un petit feu naquit au sommet de la butte. Les sorciers s'installèrent en cercle autour de celui-ci et pendant que Lumia faisait griller le pain, et que Spoty salivait, Zed entreprenait de faire une compote de pomme dans une coque de fruit aussi large que sa paume qu'il avait ramassée en chemin. Chacun partagea le pain et la compote, et tous grignotèrent des fruits secs. Le porteur de Mars raviva le feu de bois, Lumia étendit un linge au sol pour s'y étendre, Spoty se blottit contre elle, et Heïna s'endormit sur les genoux de Cahan.

Zed veilla sur la troupe une bonne partie de la nuit. Son regard effectuait des va-et-vient entre la forêt et les silhouettes endormies contre lesquelles dansaient les flammes rougeoyantes.  Ses paupières se faisaient lourdes, se nez le démangeait, et un indicible chagrin lui comprimait la poitrine. Qu'est-ce qui pouvait bien le perturber à ce point ?

Jusqu'à ce que le Soleil réduise tout en cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant