Toujours quelque part dans les bois jouxtant le lac d'Uranus.
*•*•*•*
Lumia releva sa tête et le dévisagea d'un air curieux, ravivée. Ça marche, pensa Spoty, soulagé.
— Sache que ça me coûte vraiment de devoir faire un tel aveu de faiblesse devant toi alors que je suis pourtant l'archétype du mec viril qui s'assume, continua-t-il.
Cette fois, Lu rit franchement. Spoty sourit.
— Ne te moque pas, s'il te plaît, feignit-il de se vexer. Comme tu le sais bien, mon vrai nom n'est certainement pas Spoty...
Lumia arqua un sourcil avant d'afficher l'étonnement d'un enfant à qui l'on annonce que les sirènes existent.
— Tu vas me révéler ton prénom ? s'extasia-t-elle. Pour de vrai ? Oh mon Spoty adoré !
Aussi heureuse que s'il le lui avait déjà donné, elle se laissa tomber dans ses bras. Spoty se résigna alors à abandonner les racines restantes qu'il tenait entre ses mains sur le rocher pour retenir son soleil frêle. L'étreinte de Lumia lui donna le courage nécessaire pour lui avouer qu'il s'appelait Pascal. Lumia se figea puis fronça les sourcils.
— Et quel est le problème dans ton nom ? demanda-t-elle.
Sa réaction prit Spoty quelque peu au dépourvu. Il s'attendait à ce qu'elle se moque de lui, qu'elle lui fasse une remarque acerbe sur l'absence de goût de ses parents français ou qu'elle soit dégoûtée. Mais non, il fallait qu'elle soit indifférente. Spoty ne sût s'il devait s'en inquiéter et procéda à une tentative d'explication.
— Je ne crois pas qu'il y en ait réellement, concéda-t-il. La plupart de nos problèmes sont des constructions subjectives, des blocages révélateurs de nos personnalités et de nos failles. J'imagine que mon identité est l'une de mes fragilités parce qu'elle m'a souvent stigmatisé et donc exclu dans mon enfance. Par conséquent je la rejette et aveuglé par le jugement des autres, j'ai pris mon prénom en grippe. Mais tu as raison, c'est stupide.
Lumia avait écouté son raisonnement un sourcil levé. Elle explosa de rire.
— Tu n'étais pas obligé de me faire toute une dissertation comme disent les humains de là d'où tu viens. Je te comprends, Spoty.
— Et toi tu deviens bien tolérante tout à coup, s'étonna le rouquin à son tour, un sourire au coin des lèvres. Depuis quand respectes-tu tant les humains « de là d'où je viens » ?
Lumia lui rendit son sourire espiègle.
— Depuis que tu es entré dans ma vie, espèce de dovhur.
Et elle l'embrassa.
Zed avait observé sa sœur depuis le début du repas, il avait l'air désemparé. Heïna se leva pour le rejoindre et posa un bras affectueux autour de ses épaules.
— Elle a de la chance d'avoir le p'tit à lunettes, remarqua-t-elle en suivant le regard de Zed.
Celui-ci haussa les épaules.
— Si seulement il y avait un moyen efficace de l'aider... soupira-t-il. Je ne sais pas quoi faire. Chaque jour, elle s'efface un peu plus.
— C'est dans sa tête, il n'y aura pas de guérison miracle. Il faut qu'elle travaille sur elle-même. On va prendre soin d'elle, ne t'inquiète pas, assura Heïna. Elle est bien entourée.
— Je ne pensais pas que le basculement des forces lui ferait un tel effet... Si j'avais su, j'aurais peut-être tenté...
— Zed, le coupa Heïna, avec des « si » on n'avance pas. Tu ne vas pas porter le blâme pour ce qui s'est passé. Le seul à avoir droit à des remords, c'est Charly. Il nous a tous promis que la catastrophe que l'on craignait n'aurait pas lieu, que May pouvait être maîtrisée avec de bonnes paroles et un peu de magie. Il a simplement oublié que l'éveil de la Gardienne était un mécanisme inconscient et d'une force indomptable. Monsieur Soleil a vu trop grand, comme d'habitude, soupira-t-elle.

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Jusqu'à ce que le Soleil réduise tout en cendres
Fantasía/!\ Ceci est un deuxième tome. Afin d'apprécier l'histoire au mieux, il faut lire le premier (JL) d'abord. /!\ Tout a disparu derrière la Lune. Le soleil, la chaleur, la lumière... disparus. Tout ce qui était source de vie n'est plus. Avec l'éveil d...