Chapitre 21 - De chutes et du règne de la Lune

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Quelque part dans l'Univers, à l'intérieur d'un nuage

*•*•*•*

Un cor de brume ? Un coquillage ? Non, pas un coquillage, on n'était pas dans un dessin animé, Spoty le savait. Ce genre de choses était le pur produit de l'imagination parfois trop fertile des humains. Mais alors, qu'est-ce qui pouvait bien être à l'origine de cet étrange son à la fois grave et tendre, presque... rassurant ? Oui, un son rassurant. Le sorcier se demanda s'il n'était pas en train de perdre la tête.

Pris par un accès la panique, Spoty sursauta. Non, il n'était certainement pas en train de perdre la tête ! Son cerveau représentait ce qui lui était de plus précieux, il ne pouvait se permettre seulement d'imaginer ce que serait que perdre la tête.

Mais, dérivant dans ses pensées envahissantes, le garçon manqua de prendre en compte les curieuses vibrations énergétiques qui l'entouraient et qui auraient pu lui indiquer...

— Spoty, baisse-toi ! hurla une voix sur sa droite.

Masculine, la voix. Ceci dit, qui pouvait vraiment déterminer le genre d'un son en fonction de sa fréquence ? N'était-ce pas plaquer les représentations de conventions sociales sur... ? Un choc brutal coupa le court dans ses pensées.

Le garçon se retrouva à terre, et pour la deuxième fois dans le même quart d'heure, se demanda s'il n'était pas en train de subir malgré lui la dégénérescence cognitive de son cerveau.

— T'as déjà perdu tes yeux, ne me dis pas que t'es en train de devenir sourd, ironisa la même voix.

Le rouquin ne parvint pas à analyser si ce qui transparaissait de celle-ci correspondait à du sarcasme ou une forme d'humour noir de mauvais goût. Mais considérant l'identité de cette voix, parce qu'il avait reconnu derrière elle son charmant compagnon de voyage Zed, il pencha pour la seconde option.

S'aidant de ses mains, Spoty se décolla du sol rocheux, froid et humide pour retrouver sa position de bipède humanoïde.

— Où sommes-nous ? s'enquit-il.

Zed fronça les sourcils et tenta d'ignorer la panique qui transperçait dans le timbre du rouquin. Il lui fallait garder la tête froide, parce que tout autour de lui tentait de le convaincre qu'il devenait fou.

Où peut-être ai-je de la fièvre ? À moins que je n'ai aussi attrapé le Mal... S'interdisant de mener ces pensées irrationnelles plus en avant, il se mordit la joue pour se faire violence et tenta d'observer les alentours.

L'obscurité les entourait. Jusque-là, rien de bien nouveau. Il distinguait à peine les silhouettes de sa sœur et du rouquin. Une odeur salée lui chatouillait les narines, et l'humidité qui s'accrochait à ses vêtements faisait aussi ruisseler ses cheveux. L'eau les encerclaient.

« On est dans un nuage ! » frétilla le fantôme de Thomas à côté de lui.

Zed se sentit perdre pied. D'abord, tous ses repères avaient été anéantis, il était à bout, Heïna et Cahan n'étaient nulle part en vue et ensuite, il fallait que le fantôme décide de ce moment précis pour refaire son apparition.

— Manquait plus que ça... marmona-t-il la mort dans l'âme.

— Qu'as-tu dis ? s'enquit Spoty en fronçant les sourcils.

— Hein ? Oh, rien. On est... on doit être dans le fameux nuage dont Feuille, enfin, ce qui reste d'elle, nous a parlé.

— Ah, effectivement, cela expliquerait l'humidité prégnante qui me fait transpirer à grosses gouttes. Ce que c'est désagréable, commenta le rouquin.

Jusqu'à ce que le Soleil réduise tout en cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant