Chapitre 11 - De portes fragiles et d'un souverain imberbe

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Quelque part dans les terres du C.I.S.I.

*•*•*•*

Le C.I.S.I se réveillait en douceur. Aucun rayon de Soleil ne vint tirer les habitants des modestes huttes de bois de leur profond sommeil, aucun chant d'oiseau ne vint chatouiller leurs oreilles. Pourtant, çà et là pouvait-on percevoir des exclamations, du mouvement, un fracas d'ustensiles de cuisine – à moins que ce ne soit de sorcellerie.

— Déjà debout ? s'étonna Spoty.

Allongé sur un matelas tressé, la tête à moitié enfouie dans un oreiller confectionné à partir de ses vêtements roulés en boule, il tâtait le matelas à côté de lui avec une exaspération croissante. Lumia était déjà réveillée et elle ne l'avait pas prévenu. Il lui avait pourtant fait comprendre la veille qu'il apprécierait grandement qu'elle le réveille lorsqu'elle serait tirée des limbes du sommeil.

On aurait pu prendre cela pour une marque de la possessivité du jeune homme envers sa campagne mais dans les faits, il en était tout autrement. En observant, la veille, les différentes énergies qui enveloppaient les sorciers et flottaient entre les cabanes de fortune, il avait ressenti une aura malsaine de laquelle il voulait se méfier. La métamorphose du C.I.S.I, tout comme ses amis, ne l'avait pas laissé indifférant. Il ne faisait pas confiance à la communauté. Et il comptait bien faire tout ce qui était en son pouvoir pour protéger sa belle des dangers qu'il flairait autour de lui.

C'était pour cette raison qu'il avait insisté pour dormir avec la jeune fille et qu'Heïna avait de nouveau appuyé sa demande auprès de Zed, toujours réticent à cette idée. Cette hutte étant moins large que l'autre, elle ne pouvait accueillir que deux personnes alors Lumia et Spoty l'avait investie, laissant la seconde, plus spacieuse, aux trois autres voyageurs.

Le garçon pesta.

— Lumia ! appela-t-il. Qu'est-ce que tu fais ?

Un grand fracas à deux mètres de lui lui répondit.

— Aïe ! s'écria la jeune fille. Je me prépare, qu'est-ce que tu crois ? Je ne me suis pas encore faite enlever par des Voleurs d'âme, si c'est ce qui t'inquiète, railla-t-elle.

Spoty roula des yeux, souffla et rassembla toute sa bonne volonté pour s'arracher à sa paresse et se lever. Il comptait ne pas perdre de temps, en ce jour il avait une grande et unique mission : en apprendre le plus possible sur la nouvelle organisation du C.I.S.I. – parce qu'il était persuadé qu'il y en avait une – et décider ensuite de la meilleure option pour rester en vie le plus longtemps possible. Avec Lumia. Cela lui semblait un programme raisonnable.

— Dans ce cas, ne bouge pas, je reviens, prévint Spoty avant de se saisir de son bonnet, de se l'enfoncer sur les oreilles et de pousser la porte branlante pour affronter l'extérieur.

Lumia, occupée à rassembler ses longues mèches blondes en une haute queue de cheval suspendit son geste.

— Tu vas où ? demanda-t-elle, les sourcils froncés.

— Discuter avec Zed et Heïna, je reviens !

La sorcière haussa les épaules, reprit sa coiffure et la porte se referma en manquant de s'effondrer.

Spoty claquait des dents mais il serra les poings et se força à accélérer la cadence. Il traversa les quelques mètres qui le séparaient de la construction voisinant celle qu'il venait de quitter, tâta le mur du plat de sa main jusqu'à trouver la porte et toqua.

— Arrête et entre, tu vas faire tomber la porte ! tonna une voix féminine, celle d'Heïna à n'en pas douter.

Spoty s'exécuta et frissonna en refermant derrière lui. L'isolation était si déplorable qu'il faisait à peine plus chaud à l'intérieur que dehors mais au moins, le vent ne le giflait plus.

Jusqu'à ce que le Soleil réduise tout en cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant