Dans les marais, en contre-bas de la Barrière de Mars, la chaîne de montagne coupant le nord du Dashgaïh d'est en ouest.
*•*•*•*
Mes pensées étaient légères. Mes pas aussi. Je ne m'étais pas sentie ainsi depuis une éternité. Voire deux. Le temps extérieur n'avait pas changé mais bizarrement, le fait de me sentir mieux rendait mon environnement plus agréable. Tolérable, du moins.
Le vent se faisait un allié qui couvrait notre avancée, la nuit était belle.
Tous les jours, je décelais de nouvelles constellations dans le ciel d'encre. Melwyn et Eben nous comptaient des histoires d'âmes réincarnées dans les astres brillants. Je ne savais trop qu'en croire mais les écoutais avec intérêt. Après tout, si ma meilleure amie avait la capacité de figer la Lune dans le ciel et faire régner une nuit sans fin sur notre monde, tout cela sur un rocher flottant au milieu des nuages, je pouvais sans mal concevoir que les esprits se transforment en étoiles.
Deux fois au cours de la dernière semaine, notre progression à travers la montagne avait été ralentie par un orage violent. Pour rire, Charly en concluait que May était en colère. Melwyn, elle, y croyait vraiment. J'étais un peu perdue au milieu, ne sachant encore trop à qui me fier. J'avais peur d'écouter à nouveau mon instinct. C'était difficile de faire confiance à nouveau à quelque chose qui vous avait trompé et déçu. Mais je savais que pas à pas, peu à peu, ma peur s'estomperait et j'aurais alors une nouvelle fois le champ libre pour l'écouter et l'utiliser avec tout le discernement dont je serais capable.
Ces pensées me réconfortaient. J'avais l'impression d'avancer. Et en ces temps figés, c'était important.
Depuis trois jours, nous avions amorcé notre descente de la Barrière de Mars en direction du marais. Melwyn exultait que Charly se soit rangé à son idée. Pour ma part, j'étais soulagée de ne pas avoir à gravir les sommets qui nous entouraient et s'enchaînaient les uns après les autres dans la direction de l'ouest. Cela aurait été au-dessus de mes forces.
Mais la descente n'était pas non plus une partie de plaisir. Mes genoux me lançaient inlassablement, réclamant que je les chouchoute et leur accorde bien plus de pauses que je ne le faisais. Alors chaque soir, je leur appliquais un onguent que Melwyn et moi avions concocté à cet effet. Je le conservais dans le seul récipient en verre que je possédais, vestige de ma vie au C.I.S.I. Lorsque Melwyn avait le dos tourné, Charly m'en réclamait une noisette. Il avait peur qu'elle se moque de lui et que sa réputation soit entachée à jamais si elle venait à l'apprendre, s'expliquait-il. Je souriais en levant les yeux au ciel et lui déposais l'objet de son désir sur un doigt.
Ce jour-là, le ciel partiellement voilé m'empêchait d'observer les étoiles mais je ne m'en attristai pas car, devant mes yeux, s'étalait une vallée immense composée de vastes étendues d'eau et de hautes herbes, partiellement couvertes d'une neige scintillante sous l'éclat de la Lune immense.
— Les marécages ! s'exclama Melwyn en arrivant à ma hauteur. Regardez comme ils sont beaux !
Eben haussa un sourcil, sceptique et Charly fit la moue.
— J'ai toujours trouvé ça laid, ne put-il s'empêcher de faire remarquer.
Melwyn lui donna un coup de coude dans les coudes, son sourire toujours sur les lèvres.
— Haut les cœurs ! Au moins, eux ne te voleront ni ton souffle ni ton âme.
— Vous voyez ces mouvements ? demandai-je alors, au milieu du silence brumeux qu'avaient laissés mes deux amis.
Charly se rapprocha de moi pour suivre mon regard.
— Non, de quoi parles-tu ? demanda-t-il les sourcils froncés.
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Jusqu'à ce que le Soleil réduise tout en cendres
Fantasy/!\ Ceci est un deuxième tome. Afin d'apprécier l'histoire au mieux, il faut lire le premier (JL) d'abord. /!\ Tout a disparu derrière la Lune. Le soleil, la chaleur, la lumière... disparus. Tout ce qui était source de vie n'est plus. Avec l'éveil d...