Chapitre 13 - De souvenirs déstabilisants et d'une disparition

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Quelque part dans le camp des Temps Sombres du C.I.S.I.

*•*•*•*

Zed soupira. Il avait l'impression désagréable que le poids de tous les astres pesait sur ses épaules. La rencontre avec Guillaume avait en effet de quoi hébéter. Le sorcier pensait en quittant le C.I.S.I. qu'il n'aurait plus jamais affaire à cette plaie de Transfert alors quelle ne fut pas sa déconvenue de découvrir que non seulement il avait survécu à l'hécatombe mais qu'en plus il était devenu le nouveau chef du C.I.S.I, son « guide ».

Ce qu'il vivait était un cauchemar, un véritable cauchemar. À coup sûr, d'ici quelques instants, il se réveillerait et serait soulagé de constater que Soleil Levant n'avait pas lâchement abandonné son peuple et qu'un ado vicieux ne s'était pas hissé au sommet d'une hiérarchie pourtant solide établie des siècles avant sa naissance.

Quelque chose clochait. Comment Guillaume avait-il réussi à convaincre les membres du Conseil, dont son père !, pour devenir le chef du peuple sorcier ? Ces sorciers accordaient plus d'importance aux valeurs qu'ils défendaient qu'à leur propre vie, c'était tout simplement impensable qu'ils puissent tout abandonner pour un gamin. Mais soudain, un courant d'air le tira de ses considérations scabreuses et un frisson le parcourut.

Ce n'était pas qu'il était particulièrement frileux mais plutôt qu'il se sentit habité d'un léger malaise, une sensation de déjà-vu.

— Salut, toi ! résonna alors une voix venue de nulle part.

Le coeur du sorcier manqua un battement. Ce n'était pas possible. Il savait ce que cela signifiait pourtant il se refusait à le croire. Tentant de reprendre contenance tout en jetant des regards agités en tous sens pour vérifier que personne n'était en vue, il se dirigea vers la hutte où son père résidait.

— Hé, attends ! cria la voix. Ne pars pas comme ça, c'est pas gentil. Je me sens si seul.

Dans d'autres circonstances, Zed aurait peut-être ressenti de la pitié pour le fantôme. Sauf que le problème était justement là, cette voix n'appartenait pas à un corps mais à un fantôme. Et le sorcier refusait de se laisser entraîner sur cette pente vertigineuse. Parler à un fantôme, en voilà une idée !

Déterminé, le garçon accéléra le pas. Ses sens aux aguets, il crut que les rayons de la Lune se faisaient plus insistants sur sa peau, comme pour lui faire passer un message dont il n'arrivait pas à déchiffrer le sens. Rendue fragile par tant d'années passées dans des souterrains, sa peau luisait sous les rayons argentés de l'astre proéminent.

— Tu as de nouveau perdu ta langue ? reprit le fantôme en effleurant une fois de plus le sorcier. À moins que tu ne sois timide ?

— Je n'ai jamais été timide, rétorqua Zed d'un ton sec.

Il se mordit la langue et se gratifia d'une flopée d'injures. Il n'avait pas voulu céder pourtant, le fantôme semblait savoir comment s'y prendre pour le faire parler. Et puisqu'il lui avait répondu, il était trop tard pour feindre de ne pas l'avoir entendu.

— Je me disais aussi, acquiesça le fantôme, tu n'as pas une bouille de timide.

Zed secoua la tête, ne sachant trop s'il devait s'amuser de la remarque du fantôme et continua sa route à travers les bicoques branlantes de la plaine.

— Je me demande comment ces trucs font pour tenir debout avec le vent qu'il y a... réfléchit-il tout haut.

— Oh tu ne sais pas ? embraya le fantôme en tournant autour du sorcier, heureux de pouvoir se rendre utile. C'est parce que la Lune les fait tenir. La Gardienne les protège en contrepartie de leur allégeance.

Jusqu'à ce que le Soleil réduise tout en cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant